Le mystérieux inventeur du bitcoin, cette monnaie virtuelle créée en 2009 et dont la capitalisation atteint aujourd’hui 76 milliards de dollars, aurait-il été démasqué par la NSA ? C’est en tout cas ce que prétend Alexander Muse dans
un article paru le 26 août sur la plateforme Medium. L’entrepreneur américain, à l’origine d’une
dizaine de start-up, affirme avoir obtenu l’information d’un contact au sein d’une des agences de renseignements américaine, la NSA.
Si cela venait à être confirmé, il s’agirait de l’ultime rebondissement d’une traque qui dure depuis janvier 2009. Un internaute dissimulé sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto venait alors de publier la première version du logiciel Bitcoin. Après avoir contribué, jusqu’à mi-2010, au développement de sa monnaie numérique, il disparait, sans laisser de traces.
Depuis, le cours de cette crypto-monnaie s’est envolé, atteignant 3 824 euros pour un bitcoin à l’heure de l’écriture de cet article. Avec une fortune estimée à 1 million de bitcoin, Satoshi Nakamoto détient actuellement l’équivalent de près de 4 milliards d’euros.
“Satoshi a pris de grandes précautions pour garder son identité secrète, utilisant les dernières technologies d’encryption et d’obfuscation dans ses communications, explique Alexander Muse dans son article. Mais malgré tous ses efforts, Satoshi Nakamoto a donné aux enquêteurs le seul outil dont ils avaient besoin pour le retrouver : ses propres mots.”
La NSA aurait en effet utilisé une technique baptisée “
stylométrie ” pour retrouver l’identité du développeur. En se basant sur des centaines d’e-mails de Satoshi Nakamoto, elle aurait réussi à identifier son style d’écriture à partir d’expressions récurrentes.
Il ne restait plus à l’agence qu’à comparer ces informations avec ses gigantesques bases de données. Et plus précisément à l’aide de ses outils PRISM et MUSCULAR, selon Alexander Muse. Deux logiciels espions dévoilés par le lanceur d’alerte Edward Snowden et qui permettent notamment à la NSA d’espionner les conversations sur Google et Facebook.
Si d’autres enquêteurs avaient déjà exploité cette piste de la stylométrie, aucun ne disposait de la puissance de calcul et des méthodes de la NSA. Selon Alexander Muse, il n’aurait fallu à l’agence qu’un mois pour parvenir à une identification irréfutable.
Si Satoshi Nakamoto n’a rien fait d’illégal, pourquoi les services secrets américains étaient-ils après lui ? Par peur de découvrir un citoyen russe ou chinois derrière cette invention, avance Alexander Muse. Ce qui pourrait donner à l’un de ces deux pays un avantage économique certain, alors que la capitalisation du bitcoin a
doublé depuis mi-juillet.
Plus troublant encore, le site d’information américain The Verge affirme avoir été contacté le 25 août par une personne prétendant être le véritable Satoshi Nakamoto. “Le gouvernement sait désormais qui je suis, et c’est très bien comme ça. Le public, lui, ne le sait pas. Et je compte bien que cela reste ainsi”, a expliqué le mystérieux interlocuteur, en se gardant bien de dévoiler son véritable nom.
Ce n’est pas la première fois qu’une personne prétend être l’inventeur du bitcoin. En 2015, un citoyen australien du nom de Craig Steven Wright avait notamment tenté d’en apporter la preuve, signatures cryptographiques à l’appui, sans pour autant convaincre la communauté des développeurs.
“Soit Mr. Wright a réellement inventé le Bitcoin, soit c’est un charlatan vraiment brillant”,
écrivait à son propos le magazine
Wired.
Quelle que soit la véritable identité de Satoshi Nakamoto, une chose est sûre : au vu de l’efficacité des moyens d’identification dont dispose aujourd’hui la NSA, nous avons plus que jamais besoin d’outils pour protéger notre vie privée sur Internet.