Partager la publication "Le projet (pas si) fou qui mettrait Pékin à 2h de New York"
Présenté comme « le cinquième moyen de transport révolutionnaire » après la voiture, le train, le bateau et l’avion, ce tube géant, dans lequel des nacelles seraient propulsées sur coussin d’air à des vitesses oscillant entre 1 200 et 6 500 km/h, permettrait théoriquement de rallier Pékin de New York en deux heures. Après un an d’annonces et de conjectures, le milliardaire américain Elon Musk à l’origine du projet, vient de dévoiler un document de 57 pages, « Hyperloop Alpha », qui rend le projet crédible à l’horizon 10 ans.
Le procédé n’est pas si révolutionnaire. Dès la fin des années 1960, différents types d’Aérotrains sont expérimentés en France. Ils promettent de propulser leurs passagers à 300 km/h dans des wagons qui ne touchent pas le sol grâce de à l’air expulsé vers les rails. L’idée, finalement abandonnée au profit du TGV, a encore son lot de nostalgiques. La Suisse a aussi longtemps envisagé de relier ses villes principales grâce à un métro souterrain utilisant la sustentation électromagnétique pour planer au-dessus du sol, avant de suspendre le projet en 2009 devant son coût pharaonique. Plus récemment, certaines lignes, comme le Transrapide de Shangaï, ont prouvé la viabilité des navettes « flottantes » sur rail pour les courtes distances.
Pour Elon Musk, il ne s’agit pas d’un coup d’essai. Après avoir fondé puis revendu la plateforme de paiement Paypal, le businessman s’est tourné vers le secteur des transports, où il s’est taillé une réputation de visionnaire. En 2002, à 29 ans, il fonde la société SpaceX, qui développe et produit des véhicules de lancement spatiaux aujourd’hui sollicités par la NASA et la Station Spatiale Internationale. Un an plus tard, il lance Tesla Motors, une entreprise spécialisée dans la construction de voitures 100% électriques, à une époque où même les hybrides peinent à convaincre les investisseurs. Sorti en 2008, le Roadster Tesla est aujourd’hui la coqueluche de la Silicon Valley (lire Tesla accélère sa conquête de l’Amérique). Si l’Hyperloop semble tout droit issu de la science-fiction, les victoires passées de son inventeur contribuent ainsi à le rendre crédible.
Ce tube du futur est aussi un pied de nez à la construction du TGV San Francisco-Los Angeles, récemment avalisée par l’Etat de Californie. Un chantier emblématique de l’Amérique d’Obama, décidée à rompre avec le tout avion, auquel les républicains étaient fermement opposés. Avec Hyperloop, Elon Musk prétend pouvoir faire mieux et moins cher que le rail, et relier les deux villes en 35 minutes pour moins de 20 dollars par passager. Il assure aussi ne pas vouloir gagner des milliards supplémentaires, mais montrer que le temps de l’énergie propre et des transports novateurs est arrivé.
En gage de bonne foi, Musk avance selon les principes de l’open-source. Rédigé à la première personne et avec un certain humour, le rapport invite dès ses premières lignes à participer : « Il y a sans aucun doute diverses erreurs et des éléments à optimiser (…) Vos retours sont attendus pour faire avancer le design de l’Hyperloop et passer du concept à la réalité. » D’ici quatre ans, Musk aimerait construire un prototype pour prouver sa viabilité. Il appartiendra ensuite à qui le veut de s’en saisir pour bâtir une première ligne.