Partager la publication "Mammouth laineux, loup de Tasmanie… un Colossal projet pour faire revivre des espèces disparues"
Toute ressemblance avec un film à succès mettant en scène des dinosaures serait purement fortuite. Le projet de la start-up américaine Colossal n’est pas de créer une énième suite à Jurassic Park. Mais de redonner vie à des espèces disparues. Que ce soit il y a quelques dizaines ou des milliers d’années. C’est en se basant sur les progrès de la génétiques que deux hommes, le généticien de l’université de Harvard (Boston, Massachussets), George Church, et l’entrepreneur tech Ben Lamm, ont eu l’idée de fonder l’an dernier Colossal Biosciences.
Mi-septembre 2021, la start-up a levé 15 millions de dollars (environ 13 millions d’euros) sur une simple idée : faire revivre non pas un Vélociraptor mais un mammouth laineux. Cet animal s’est éteint il y a plus de 10 000 ans, durant le Pléistocène. Les tout derniers représentants ont cependant survécu jusqu’à l’Holocène (environ 3 700 ans) sur une île de la mer de Bering. L’idée n’est pas de recréer ces animaux en les clonant. Le but est de faire évoluer une espèce assez similaire pour lui ajouter les caractéristiques de son ancêtre. Dans le cas du mammouth laineux, son plus proche parent est l’éléphant d’Asie.
Pour réussir cela, l’équipe de Colossal a d’abord prélevé de l’ADN sur un éléphant d’Asie pour le séquencer. Elle a ensuite récolté en 2018 des cellules sur de la peau de mammouth laineux en Russie, et procédé au séquençage de son génome. Puis les deux génomes ont été comparés pour constater les principales différences. De là, Colossal a établi une liste d’une cinquantaine de traits marquants du mammouth laineux qui le rendaient résistant au grand froid. On peut ainsi citer le pelage hirsute, des oreilles plus petites, une forme d’hémoglobine adaptée aux basses températures, une copieuses production de tissu adipeux, etc.
Il ne restera plus qu’à utiliser le système CRISPR-Cas9 pour modifier l’ADN de l’éléphant d’Asie. Dernière étape : donner vie à cette nouvelle espèce. Colossal estime que cela pourrait être le cas en 2027-2028. L’embryon créé serait implanté dans une mère porteuse, en l’occurence une éléphante d’Afrique. Temps de la gestation : 18 à 22 mois.
“La voie vers la dé-extinction est maintenant possible, notamment grâce à la technologie d’édition du génome CRISPR/Cas9”, souligne Laetitia Garriott de Cayeux, PDG de Global Space Ventures et investisseuse de Colossal. Le but n’est pas de tant de redonner vie au génome du pachyderme poilu herbivore éteint. Mais bien d'”augmenter” celui de l’éléphant d’Asie avec des caractéristiques de son ancêtre. Tout cela devant permettre à la nouvelle espèce ainsi créée de mieux résister au froid pour l’implanter en Arctique.
Car Colossal Biosciences affiche un objectif environnemental à son défi technologique et génétique. Le but de la réintroduction du mammouth laineux en Arctique, notamment, est de préserver le permafrost (ou pergélisol en français). Ce sol gelé qui recouvre à l’heure actuelle 20 % de la surface terrestre a commencé à se réchauffer en raison du dérèglement climatique. Or, s’il venait à fondre, il libèrerait par la même occasion une grande quantité de gaz à effets de serre (GES). C’est pour éviter cela que le mammouth laineux 2.0 pourrait changer la donne. En effet, ce dernier, en se déplaçant, écrase herbe, mousse et neige et abat les arbres. Un comportement qui permettrait de garder la terre bien compacte et d’éviter les fuites de GES dans l’atmosphère.
Colossal vient d’annoncer qu’elle lançait un nouveau projet en parallèle du mammouth laineux. Selon le même principe, la start-up souhaite redonner vie au thylacine. Ce marsupial australien, surnommé “loup de Tasmanie” a été éradiqué par l’être humain il y a près d’un siècle. Depuis 1936, l’espèce est considérée comme éteinte.
De la taille d’un loup mais au pelage tigré (notamment au niveau de l’arrière-train), le thylacine a longtemps vécu en Australie, dans l’État insulaire de Tasmanie et en Nouvelle-Guinée. Colossal a annoncé un partenariat avec l’université de Melbourne pour ce nouveau projet. “Faire revivre le thylacine ne ramènera pas seulement une espèce emblématique sur Terre, mais a le potentiel de rééquilibrer les écosystèmes tasmaniens et australiens, qui ont subi une perte de biodiversité et une dégradation des écosystèmes depuis la perte du prédateur”, assure Colossal dans un communiqué de presse.
Et d’ajouter : “La recherche montre que l’Australie a le pire taux d’extinction de mammifères au monde. Sans prédateur au sommet, les écosystèmes souffrent. Cela provoque de graves conséquences en cascade. Comme la propagation de maladies, une augmentation des incendies de forêt et des espèces envahissantes… Ou encore une réduction de la séquestration du carbone et une perturbation des cycles biogéochimiques naturels.”
En redonnant vie au loup de Tasmanie, c’est donc tout une biodiversité qui pourrait se régénérer. Plus largement, si ce genre de projet s’avère réellement viable, cela pourrait représenter un immense intérêt pour la conservation d’espèces en danger. Rappelons que, depuis 1970, selon le Fonds mondial pour la nature, 68 % des populations d’animaux sauvages auraient disparu.
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