Monero, cette nouvelle crypto-monnaie qui concurrence le Bitcoin sur le darknet

Loin des Facebook, Google et Amazon, dans ce qu’on appelle le “dark net” (voir We Demain n°15), une nouvelle monnaie cryptée a fait surface. Monero – c’est son nom- , promet de concurrencer le Bitcoin, cette monnaie virtuelle peer-to-peer affranchie des banques et des États avec laquelle vous pouvez acheter biens et services de toutes sortes (comme un abonnement à We Demain…).

C’est du moins ce qu’a annoncé lundi 22 août sur Reddit la plateforme “participative” AlphaBay (à ne pas confondre avec Alphabet, la maison-mère de Google), l’un des plus grand marchés en ligne sur lesquels on peut tout trouver, notamment des articles illégaux (médicaments, drogues, armes, faux papiers…). Vantant “ses paramètres de sécurité” haut de gamme, le site a annoncé que l’achat des produits qu’il héberge pourraient se régler en Monero à partir du premier septembre.

À la différence de la plupart des crypto-monnaies rivales du Bitcoin (NXT, NEM, BitShare…), qui se sont basées sur le code source de ce dernier, Monero est développée grâce à un protocole nommé CryptoNote. Décrit pour la première fois en 2012 dans un livre blanc rédigé par un certain Nicolas van Saberhagen, à l’identité toute aussi mystérieuse que le présumé créateur du Bitcoin Satoshi Nakamoto, sa différence principale avec le Bitcoin résiderait dans l’anonymat complet qu’elle garantirait. Du moins, selon ses défendeurs.

Contourner la surveillance étatique

Au lieu d’utiliser une adresse de portefeuille unique (l’équivalent de votre compte en banque, pour les non-initiés), grâce auquel les transactions effectuées sont traçables, les utilisateurs de Monero disposent d’adresses uniques pour chaque nouvelle transaction. Ces adresses uniques ne sont visibles que par l’émetteur et le récepteur par le biais d’une “clé de visionnage” (viewkey, en anglais). En d’autres termes, personne d’autre ne peut avoir accès aux informations relatives à la transaction. Ce qui, selon Nicolas van Saberhagen, serait un moyen de contourner la surveillance, notamment étatique. 

Pour brouiller encore davantage les pistes, Monero “mélangerait” automatiquement des pièces de monnaie de transactions aux montants similaires. Impossible, dès lors, de les suivre à partir de la blockchain. C’est notamment cet aspect de la crypto-monnaie qui a conduit à son récent succès.

La nouvelle monnaie ultra-anonymisée ?

Lundi, le jour où AlphaBay annonçait qu’elle allait permettre son utilisation sur son site, Monero était négociée à 40 millions de dollars en bourse (les Bitcoin, eux, dépassent les 9 milliards). Mais dès mardi matin, elle était déjà à près de 60 millions de dollars, comme le relève le site d’informations Motherboard .

Si cet engouement s’avérait justifié, Monero pourrait être la nouvelle monnaie ultra-anonymisée à défier banques et États. Une alternative suivie de près par de nombreux observateurs : récemment, Ethereum, une autre monnaie en ligne qui ne repose pas sur le code du Bitcoin, a été hackée par un pirate, rouvrant le débat sur la sécurité que sont censées promettre les crypto-monnaies.

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