“La première fois que j’ai travaillé en tant qu’assistante mise en scène sur un long-métrage, en 2018, j’ai été frappée par la consommation de plastique, le gaspillage de l’eau, les nombreux trajets en voiture”, confie Pauline Gil. “Je suis tout de suite descendue de mon petit nuage.” Celle qui s’engage de plus en plus pour l’écologie dans sa vie personnelle remet tout son métier en question.
Avant de réinventer sa profession. Au sein du collectif Ecoprod, Pauline Gil est aujourd’hui “chargée d’éco-production”. Sa mission : organiser des tournages de façon la plus écologique possible.
L’impact environnemental de l’industrie audiovisuelle est en effet conséquent. Selon le Centre national du cinéma, le secteur émet environ un million de tonnes équivalent CO2 dans l’atmosphère chaque année en France, dont environ le quart est directement lié aux tournages. La production d’une heure de programme télévisé relâche en moyenne l’équivalent de 10 tonnes de CO2 dans l’atmosphère, et le tournage d’un long-métrage multisite 1 000 tonnes de CO2…
Contre cette pollution, naît en en 2019 le collectif Ecoprod, dont fait partie Pauline, à l’initiative de six acteurs du secteur (ADEME, AUDIENS, Commission du Film d’Île de France, DIRECCTE IDF, France Télévisions et TF1). Ses membres proposent aux équipes de films de calculer leur empreinte carbone via l’outil Carbon’Clap et leur distribuent des fiches de bonnes pratiques.
Pauline a commencé son travail de “chargée de production responsable” sur la nouvelle série de Canal+ Effondrement.
“Effondrement”, un tournage 100% écolo
Elle réunit en amont tous les chefs de poste en leur proposant une liste d’actions réalisables. “On a regardé ensemble au cas par cas ce qu’il était possible de mettre en place“, explique Pauline.
Quelles perspectives ?
Le secteur est en plein essor, notamment aux États-Unis où les équipes sont de plus en plus nombreuses à faire appel aux services de “sustainable managers” ou “eco-supervisors”.
En France, le poste d’éco-manager n’existe pas officiellement et aucune formation n’est pour l’instant proposée dans les écoles de cinéma – bien que Pauline confie intervenir régulièrement auprès des étudiants pour présenter son activité.
Pour les intéressés, le mieux précise-t-elle, est d’avoir une très bonne connaissance du fonctionnement des plateaux et de leurs timings. Les profils d’attaché de production, régisseur et décorateur sont avantagés. Ecoprod propose également une formation sur deux demi-journées à destination des intermittents du spectacle souhaitant devenir régisseur ou manager en éco-production.
“Le prochain objectif est d’interpeller les pouvoirs publics pour mettre en place un système de bonus au niveau national qui récompense les productions vertueuses, et pourquoi pas un malus contre les tournages trop polluants.”
À plus long terme, l’idéal serait selon elle que le métier de chargé en éco-production disparaisse… et que tout le monde applique naturellement ces bonnes pratiques !
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…
Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…