Partager la publication "Paumé dans votre job ? Voici 4 conseils pour lancer un projet qui a du sens"
Ce matin encore, vous vous êtes réveillé un peu paumé. Vous rêvez de quitter votre job pour devenir fleuriste, vous souffrez d’éco-anxiété, vous ne savez pour qui voter… Un Guide des Paumé.e.s, pour celles et ceux qui ont envie de tout plaquer arrive à la rescousse.
Les auteures Aurore Le Bihan et Lucie Chartouny y libèrent la parole sur la “paumitude”, que ce soit dans notre job, notre mode de vie, nos relations aux autres ou notre engagement.
“Soyons honnêtes : Quand des industriels mettent des emballages plastique sur des bananes (elles ont une peau, sacrebleu !), qu’on passe nos journées devant des écrans, qu’on détruit allègrement le vivant… n’est-ce pas celles et ceux qui se déclarent « non-paumé·e·s » qui devraient se poser plus de questions ?”, interrogent les deux jeunes femmes.
Réhabilitée donc, la “paumitude” est ici présentée comme une remise en question constructive, une sorte de mue salvatrice, individuelle ou collective, pour sortir du monde d’avant et aller vers le monde d’après.
“Paumé·e·s, nous sommes porteur·se·s d’une nouvelle lucidité face à un quotidien absurde. Nous sommes déterminé·e·s à chercher ce que nous aimons, à nous écouter, à arrêter de prétendre être quelqu’un d’autre au travail. Être paumé·e, c’est s’accorder le droit d’être plus libre“, écrivent-elles encore.
Rédigé avec humour et autodérision, ce guide ne prétend pas apporter des réponses à tous les problèmes, mais encourage à se poser des questions, propose des ressources philosophiques ou pratiques, des quiz, des témoignages et des conseils de personnalités “expertes en paumitude”.
Un ouvrage collectif nourri par l’expérience de la très sérieuse “communauté des paumé.e.s” née au sein de l’association Makesense. Depuis plusieurs années déjà, les auteures et Makesense organisent apéros, évènements et formations en ligne (dont nous vous parlions ici) pour répondre à leur quête de sens personnelle et de leurs proches, et produisent même un podcast mettant en avant des parcours de paumé.e.s. Ces doux dingues ont même leur groupe Facebook (qui compte plus de 17 000 membres). Prolongement de ces événements, le guide des Paumé.es propose donc “de monter sur les épaules d’autres paumé·e·s, de se sentir moins seul·e·s pour aussi se mettre en action”.
En voici un extrait, issu du chapitre “Paumé.e.s dans mon job”.
Tout commence par une petite voix qui nous titille, au point de devenir parfois un cri du cœur : et si c’était le moment de le lancer, ce tiers-lieu recyclerie/café philo/feuriste éthique dont on a toujours rêvé en secret ?
C’est bien beau, mais on meurt de peur.
Parce que deux start-up sur trois sont mortes au bout de 4 ans. Parce qu’elle n’est pas si mal, notre petite routine quotidienne, et qu’à la motivation sans faille d’hier succède aujourd’hui une flemme totale de faire quoi que ce soit.
Tout seul on n’est rien… ou pas grand-chose
Avant de se lancer, comment savoir que cette fois c’est la bonne, et qu’il ne s’agit pas d’une énième lubie passagère, dont on ne pourra plus supporter ne serait-ce que la mention dans 3 mois ? Comment mesurer le risque et en avoir une vision complète quand notre projet n’en est qu’à l’état de doux rêve ? Pour détricoter le fantasme et avoir une chance de l’apprivoiser, soyez prêt·e à saouler la terre entière de paroles.
Partenaires potentiels, futurs bénéciaires, tous celles·ceux qui pourraient vous aider à préciser votre projet sont de bon·ne·s inter- locuteur·rice·s. L’idée ne sera valide que si elle est travaillée au quotidien sur le terrain avec d’autres (car non, contrairement aux idées reçues, les voleur·se·s d’idées ne courent pas les rues). S’entourer de personnes partageant la même dynamique est un gros plus : ça tombe bien, pépinières et incubateurs ne manquent pas.
Quand faut y aller, faut y aller
Le projet prend forme, mais est-ce le bon moment pour se lancer ? Face à la peur de perdre de l’argent, de faire une folie, de quitter son CDI, il n’y a pas de réponse unique : chacun·e fait comme il peut en fonction de ses contraintes. Se lancer en parallèle de son emploi peut être une solution. Le risque est cependant de ne pas être à 100 % mobilisé·e, et que l’absence de réelle pression financière ne vous incite pas à imaginer rapidement des pistes de modèle économique pérenne.
Cela peut sembler être un gros cliché, mais le lancement de projet va de pair avec une vie en forme de montagnes russes, faite de gros succès et de découragements. « Ain’t no moutain high enough » (super chanson !) pour un porteur de projet. Préparez-vous donc psychologiquement à résoudre des problèmes au quotidien, à trouver des solutions en allant questionner et en vous formant, à être le·a premier·ère vendeur·se de votre idée. Dans quelques mois, il faudra probablement remettre en question votre capacité à tout faire tout·e seul·e, d’où l’intérêt de vous entourer de personnes parfois plus com- pétentes que vous. S’associer pour lancer un projet, c’est un engagement sur plusieurs années (alors qu’on a déjà du mal à voir plus loin que notre petit déjeuner demain matin), un peu comme un mariage finalement.
L’ego ? Dans la poche
Alors oui, on a peur que ça ne marche pas, d’échouer et de devenir la personne en présence de laquelle on se contente de regards entendus et de chuchotements aux repas de famille. Au fond, dans cette idée de lancer VOOOOTRE projet, se cache parfois un peu d’ego : l’envie être reconnu·e et admiré·e. D’avoir quelque chose à soi. Est-ce que c’est grave ? Pas vraiment, d’autres font bien des enfants pour les mêmes raisons. Quoi qu’il arrive, tout ce que vous aurez appris pourra être mis au service d’autres expériences.
Sens et gouvernance : ça rime
Votre projet, donc, sera peut-être de lancer des croquettes pour chiens à base d’insectes (ça existe et c’est super, on vous laisse vous renseigner). Mais au-delà de l’idée géniale qui constitue le cœur de votre motivation, un élément important du projet, c’est aussi l’en- vironnement dans lequel vont évoluer toutes les personnes qui gravitent autour. Cela revient notamment à vous questionner sur le leadership que vous souhaitez incarner, et sur le choix de reproduire ou non le modèle hiérarchique traditionnel. Évidemment c’est facile à dire, mais moins facile à mettre en place quand nous ne connaissons qu’une seule façon de faire. Bonne nouvelle : de nouvelles formes de gouvernance et de collectifs revoient le modèle du·de la chef·fe personnifé·e et adulé·e qui donne des ordres à ses exécutant·e·s. Les coopératives et la gouvernance partagée pourraient vous inspirer !
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