Pour son projet de fin d’études, cette Française veut rendre potable l’eau de Delhi

L’un des défis majeurs en Inde est l’accès à l’eau potable. Avec près de 22 millions d’habitants, New Delhi est l’une des agglomérations les plus peuplées et polluées au monde. 20 % de la population de cette ville n’a pas accès à l‘eau potable à son domicile. Un chiffre qui n’inclut pas les nombreux habitants des bidonvilles.

Et pourtant, les Delhiites ne devraient pas manquer d’eau grâce à la Yamuna, la rivière qui borde la ville…mais celle-ci est tellement polluée qu’il est impossible de la boire sans la traiter. Et pour cause, 3,5 millions de litres d’eaux usées sont reversés tous les jours dans la rivière par les industries et par les habitants.

Marie Eltin, diplômée de l’École de Design de Nantes, est partie à New Delhi pour son master “Design et interculturalité en Inde”, qu’elle a obtenue en 2016.

La jeune diplômée a cherché une solution pouvant répondre au besoin en eau potable des Delhiites. Et si la solution résidait dans les plantes ?

Son projet, le “Newater Delhi”  vise à utiliser des microalgues , qui, grâce à la photosynthèse  purifient l’eau. Ce système peut s’adapter à tous les bâtiments de la ville. Le projet se divise en deux circuits : un pour l’eau destinée à être bue et un autre pour une utilisation plus secondaire comme la toilette, la vaisselle ou encore l’agriculture.

Des pépinières de culture

Premièrement, des réservoirs d’eau sont installés sur le toit des bâtiments. Approvisionnés par la rivière Yamuna, ils permettent de stocker l’eau et d’en traiter une première partie afin de la rendre potable avec des osmoseurs ( appareil de filtration à plusieurs étages ).

Ensuite, une partie de l’eau potable est distribuée aux habitants grâce à des gouttières ajoutées en façade ou aux canalisations existantes.

L’autre partie part dans les pépinières de culture de microalgues, également disposées sur les façades des bâtiments, qui apportent en plus une isolation thermique et phonique aux logements.

Arrivées à maturité, les microalgues sont reversées dans une station d’épuration en bas du bâtiment avec l’eau sale produite par les habitants.

Grâce à la photosynthèse, les microalgues filtrent alors l’eau. Leur absorption de CO2 produit de la biomasse qui peut être utilisée pour produire de l’énergie. Une fois traitée l’eau peut enfin être réinjectée dans le bâtiment en cercle continu, pour un usage secondaire ou pour être utilisée pour une agriculture locale.

Accessible à tous

Adaptable et modulable, ce système de traitement des eaux peut s’appliquer aussi bien sur des façades planes que sur des bâtiments avec de multiples balcons.

“Le coût est variable selon le projet, le contexte et le besoin final.
L’installation du projet prévoit de réutiliser des ressources et des matériaux  locaux pour respecter les valeurs durables,
économiques, limiter son coût et l’impact environnemental.
L’objectif étant de le rendre accessible au plus grand nombre.”  nous explique Marie.

Nombreux prix

Le projet Newater Delhi a été déposé à l’Institut National de la Propriété Industrielle mais il reste à ce jour au stade de concept. Et devra trouver des partenaires pour se développer

Élu projet public le plus innovant à la Cale 2 Créateurs  (un tiers-lieu d’exposition à Nantes), et ayant obtenu le“Observateur du Design 2018”, le projet de Marie Etlin a été retenu pour le prix national “L’Étoile du design” remis par l’Agence de Promotion de la Création Industrielle. Les résultats du concours se dérouleront le 5 décembre au centre Georges Pompidou à Paris.

Il sera également exposé au Global Grad Show pour la design week de Dubai du 11 au 18 novembre.

 

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