“C’est l’anniversaire de Caroline aujourd’hui. Écrivez sur son journal”. Voilà le type de notification que vont recevoir les centaines d’amis Facebook de la jeune femme. Pourtant, Caroline est morte il y a deux ans. Mais, son profil, laissé à l’abandon, est toujours actif.
Toutes les quatre minutes, un membre du réseau social meurt en France, selon le service de
pompes funèbres AdVitam. Alors, qu’advient-il de tout ces profils fantômes ? Facebook & Cie sont-ils en train de devenir des cimetières numériques ?
À en croire
une étude réalisée au printemps 2019 par l’Oxford Internet Institute, il y aura plus de profils de personnes mortes que de vivantes sur Facebook d’ici 2070.
Pour éviter de faire subir à vos proches des notifications intempestives vous concernant après votre mort, Facebook propose à ses utilisateurs de désigner, de leur vivant, un contact légataire. Ce dernier peut demander à transformer le compte du défunt en
“compte de commémoration”, c’est-à-dire que la page et ses contenus (photos, publications, etc.) restent visibles, que les amis peuvent y laisser des messages, mais que le profil n’apparaît plus dans les espaces publics (les rappels d’anniversaire ou les publicités par exemple). Une mention “en souvenir de” est accolée au nom de la personne.
Le compte Facebook d’une personne peut aussi être définitivement supprimé après sa mort, soit si l’utilisateur de son vivant en a exprimé le souhait dans ses paramètres, soit à la demande de la famille. Pour cela, il faudra présenter à la plateforme des justificatifs prouvant les liens de parenté et le décès de la personne en question.
Sur Instagram, pourtant détenu par Facebook, aucune prédisposition ne peut être prise de son vivant. Mais, à la suite d’un décès, la famille proche peut faire la demande soit de passer la page du défunt en
“compte de commémoration”, soit de la supprimer. Plusieurs certificats sont demandés par le réseau social avant de pouvoir effectuer ces démarches.
Google propose à ses utilisateurs un système similaire à celui de Facebook. Il est possible, dans les paramétrages, de
désigner un ou plusieurs gestionnaires de son compte en cas de décès. Autre option, le moteur de recherche propose également à ses utilisateurs de supprimer leur compte après une période d’inactivité de leur choix (au minimum 18 mois). La suppression du compte se fait alors automatiquement.
Quant aux autres réseaux sociaux – tels que Twitter, Linkedin ou encore Snapchat –, ils fonctionnent à peu près de la même manière : les membres de la famille peuvent faire une demande pour supprimer les comptes d’un proche décédé, en contactant la plateforme et en fournissant plusieurs certificats. Il en va de même pour les plateformes type Apple ou Amazon dont, pour le moment, les achats et contenus téléchargés (films, séries, musiques, e-books, etc.) ne peuvent être légués.
Gérer le profil numérique après la mort d’un proche est une problématique plutôt récente et, petit à petit, de nouveaux services apparaissent pour accompagner les particuliers dans leurs démarches. Un moyen d’éviter de réaliser des procédures complexes et douloureuses à un moment difficile de la vie.
Par exemple, l’entreprise
GrantWill crée des coffres-forts virtuels. L’utilisateur, de son vivant, y regroupe toutes ses données personnelles, administratives et numériques : ses réseaux sociaux, ses contrats d’assurance ou encore ses placements. Il suffit ensuite de choisir les bénéficiaires, comme sur un testament virtuel. Petit bonus : il est possible de préparer des messages qui seront envoyés post-mortem à vos amis… ou vos ennemis.
Le service de pompe funèbre en ligne
AdVitam propose à ses clients, en plus des prestations classiques (enterrement ou crémation), de gérer les comptes internet du défunt (réseaux sociaux et adresses mails). La start-up peut également s’occuper de résilier ses abonnements (électricité, téléphone, plateforme VOD, etc.).
Enfin, l’agence d’e-réputation
iProtego possède une offre “deuil numérique”. Celle-ci comprend la gestion post-mortem du profil digital d’un proche. Elle gère les démarches pour clôturer les différents comptes mails et réseaux sociaux. L’entreprise propose également de nettoyer et de protéger l’identité numérique du défunt.
Au contraire, certaines personnes souhaitent créer un espace virtuel pour un proche décédé.
Nous vous en parlions dans cet article des plateformes permettant de créer des sépultures virtuelles, avec la possibilité d’y déposer des bouquets de fleurs numériques ou de laisser des messages…