Pas âme qui vive dans l’hiver glacé de Sibérie, le désert iranien ou au cœur de la forêt amazonienne. C’est pourtant dans ces paysages hostiles que se trouvent les clefs de compréhension de l’avenir de l’homme. Ces lieux vont être le décor d’une aventure où se rencontreront des explorateurs, des chercheurs et des ingénieurs pour répondre à une question : comment l’homme s’adaptera-t-il au changement climatique et à l’environnement de demain ?
Le projet HAIS (
Human Adaptability In Situ) est parti de Christian Clot, en collaboration avec
le Laboratoire des Neurosciences Cognitives de l’École Normale Supérieure. Depuis vingt ans, ce dernier explore des territoires difficiles en interrogeant les interactions entre l’homme et ces milieux.
“J’ai connu des situations dangereuses où les gens développent des réactions extrêmes. Des réactions qui, sur le principe, dépassent les capacités physiques, le mental créant des facultés qu’on ne connaît pas.” L’objectif de sa prochaine aventure est justement d’élucider ce lien entre les capacités cognitives et la physiologie dans de telles mises à l’épreuve.
En 2017, un groupe de vingt personnes volontaires partira avec
Christian Clot pour réaliser ces expéditions : quatre traversées d’un mois, avec des intervalles de dix jours entre chacune d’entre elles. Ouvert à tous, le groupe se veut représentatif, avec dix hommes et dix femmes, de 25 à 45 ans et quatre nationalités représentées. Les candidatures sont encore ouvertes tout l’été, sans expérience requise. Même si le site du projet donne un avant-goût des traversées : isolement, efforts importants, peu de confort et conditions extrême.
Mais Christian Clot a tout prévu pour le bon déroulement des expéditions :
“Nous allons les former pendant six mois, les entraîner et leur donner des clés pour résister. L’avantage d’avoir un groupe de 20 personnes est qu’on peut rassembler des profils différents qui seront capables de se sortir de toutes les situations. On veut créer un groupe qui a envie d’avancer ensemble et où la collaboration est fondamentale.” Les participants parcourront quatre milieux aux climats extrêmes : le désert du Dasht-e-Lut en Iran en été, les canaux de Patagonie en début d’automne, l’Amazonie en début d’hiver et enfin la Sibérie orientale en hiver. En août, Christian Clot partira seul pour réaliser les traversées. L’occasion pour lui de préparer les prochaines expéditions et d’étudier, au préalable, les réactions d’une personne en solitaire dans ces milieux.
C’est la première étude du genre qui observera véritablement les réactions cognitives et physiologiques en temps réel dans ces conditions. Le programme scientifique, dirigé par le neurobiologiste Étienne Koechlin, permettra d’étudier si toutes les personnes développent le même type de système d’adaptation. Le projet sera également l’occasion de recherches psychologiques sur la prise de décision, le travail de groupe ou encore la gestion des risques.
À terme, ces études pourraient mettre au jour les possibilités d’adaptation de l’homme face à des environnements hostiles auxquels il n’est pas habitué. Les résultats pourraient être sources d’enseignements précieux. Les groupes humains étant de plus en plus nombreux à connaître une modification de leur milieu avec le changement climatique. Serez-vous du voyage ?