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Récupérer de l’or dans les déchets électroniques grâce au petit-lait ? Une réalité

Des chercheurs de l’ETH Zurich ont développé une technique innovante utilisant des protéines dérivées du lactosérum pour récupérer efficacement l’or contenu dans les déchets électroniques.

Le 17/06/2024 par Florence Santrot
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Nos déchets électroniques, une vraie mine d'or. Crédit : simonkr / iStock.
Nos déchets électroniques, une vraie mine d'or. Crédit : simonkr / iStock.

Des déchets qui valent de l’or. Littéralement. L’industrie électronique peine à recycler les appareils devenus inutiles et à en isoler les métaux, notamment ceux qui valent chers, comme l’or. Mais quatre chercheurs de l’ETH Zurich (École polytechnique fédérale) ont fait une découverte qui pourrait tout changer. Dans une étude publiée dans la revue Advanced Materials en janvier 2024, ils y détaillent leur méthode… pour le moins étonnante pour extraire de l’or des déchets électroniques courants de manière durable.

« Les méthodes actuelles de récupération de l’or sont gourmandes en ressources, ce qui nécessite le développement de solutions d’extraction plus efficaces », pointent les chercheurs. Ils ont donc exploré une nouvelle piste, celle de la substance amyloïde (un agrégat de protéines) dérivée du lactosérum – surnommé « petit-lait » –, pour mettre au point une méthode aussi efficace qu’écologique. Des déchets laitiers pour recycler de l’or, « on ne peut pas faire plus durable que ça ! », s’enthousiasme Raffaele Mezzenga, coauteur de l’étude, dans un communiqué.

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Du lactosérum pour obtenir des pépites d’or

La solution la plus souvent utilisée pour récupérer l’or est le recyclage au charbon actif. Ce procédé dégage 116 g de CO2 par gramme d’or extrait des DEEE (déchets d’équipement électrique et électronique). Avec la technique au lactosérum de l’ETH Zurich, la méthode ne produit « que » 87 g pour 1 gramme d’or. Celle-ci consiste à transformer ce petit-lait en fibrilles amyloïdes. Ce sont des agrégats de protéines composés de nanofibres. Séchées, elles deviennent comme des éponges et se présentent comme un aérogel (solide très poreux).

Il suffit alors de plonger cet aérogel dans le bain dans lequel les composants métalliques des déchets électroniques sont plongés pour être dissous. Dans cette « aqua regia », un mélange d’acide chlorhydrique et d’acide nitrique, ces nanofibres ont alors la particularité de n’absorber que les ions d’or. Il ne reste plus qu’à chauffer ces fibrilles amyloïdes pour obtenir des pépites d’or.

Présentation visuelle du procédé de recyclage de l’or à partir du lactosérum. Crédit : Peydayesh, Boschi, Donat, Mezzenga / ETH Zurich.

Améliorer le recyclage des DEEE, une nécessité

Selon les Nations unies, pas moins de 62 millions de tonnes de DEEE ont été générés en 2022. Et leur volume grandit cinq fois plus vite que la proportion recyclée alors même qu’on aurait tout intérêt à récupérer les matériaux qu’ils contiennent pour les réutiliser dans la production de nouveaux appareils afin de réduire l’exploitation minière et son lourd impact environnemental.

Avec cette méthode mise au point à partir de sous-produits du lait et cinquante fois moins cher que le prix de l’or, l’espoir est de mise. Lors d’un test de ce nouveau procédé, les quatre scientifiques ont plongé vingt cartes mères d’ordinateurs usagées dans le bain de dissolution puis utilisé leur aérogel amyloïde. Résultat ? Pas moins de 450 milligrammes d’or (de 21 à 22 carats) récupérés au cours de cette opération. C’est 93,3 % du métal précieux présent dans la solution. Enfin, concernant la pureté, seulement 9 % de fer a été absorbé par l’aérogel. Les pépites obtenues ont une pureté de 90,8 %.

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