Partager la publication "Un canon à poussière de Lune pour lutter contre le réchauffement climatique ?"
En matière de géo-ingénierie, l’imagination des scientifiques semble sans limite. Dernière invention en date pour lutter contre le réchauffement climatique ? Récupérer la régolithe, c’est-à-dire la couche de poussière située à la surface d’une planète (ou d’un satellite) sans atmosphère, et la diffuser – à l’aide d’un canon – afin que ces microparticules viennent faire écran entre le soleil et la Terre. La source de cette poussière ? La Lune.
Cette idée est assez similaire au bouclier Bubble Spaces imaginé par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ou encore à celle de projeter du soufre dans l’atmosphère (et sans doute moins dangereuse que cette dernière). Prévue comme une “mesure d’urgence” en cas de hausse extrême des températures à la surface de notre planète, trois scientifiques américains ont imaginé cette autre solution, qui ferait peu ou prou le même travail. Et publié leur étude dans la mégarevue de la Public Library of Science (PLOS Climate) le 8 février dernier.
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Un nuage de poussière de 10 milliards de kilogrammes venu de la Lune
Ben Bromley, astrophysicien informaticien de l’université de l’Utah, Sameer Khan, informaticien, et Scott Kenyon, astrophysicien du Smithsonian Astrophysical Observatory ont imaginé créer un nuage de poussière de 10 milliards de kilogrammes afin de limiter l’impact des rayons du soleil sur l’atmosphère terrestre. Pour l’heure encore réduite à l’état de simple étude, cette idée pourrait rentrer dans la liste des “solutions d’urgence” à adopter en cas de situation extrême.
“C’est incroyable d’imaginer comment la poussière de la Lune – qui a mis plus de quatre milliards d’années à se générer – pourrait aider à ralentir l’augmentation de la température de la Terre, un problème qui nous a pris moins de 300 ans à se produire”, a déclaré Scott Kenyon, co-auteur de l’étude.
Un écran de poussière cosmique venu de la Lune… mais envoyé depuis le “point de Lagrange”
Pour cette solution fonctionne, il faudrait un flux de poussière relativement constant pour que cet écran de poussière cosmique, envoyé entre le Soleil et la Terre, puisse correctement rafraîchir la Terre de quelques degrés. Reste que, pour l’heure, ce type de projet reste totalement théorique. Il faudrait, avant toute chose, qu’une station lunaire voit le jour afin de servir de base pour piloter le canon à poussière.
Ce dernier ne serait pas posé à la surface du satellite terrestre mais placé en orbite à un point de Lagrange (appelé orbite L1 par les trois chercheurs), c’est-à-dire là où les forces gravitationnelles du Soleil et de la Terre créent une orbite stable. Sur la Lune, un immense réservoir de poussière permettrait de stocker ces microparticules.
“Nos calculs incluent les variations des propriétés des grains et des solutions orbitales avec les perturbations lunaires et planétaires. Pour obtenir une atténuation de la lumière du soleil de 1,8 %, ce qui équivaut à environ 6 jours par an d’un soleil obscurci, la masse de poussière dans les scénarios que nous considérons doit dépasser les 10 milliards de kilogrammes. Les approches les plus prometteuses consistent à utiliser des grains pelucheux à haute porosité pour augmenter l’efficacité d’extinction par unité de masse et à lancer ce matériau dans des jets dirigés à partir d’une plate-forme en orbite à L1”, expliquent les scientifiques dans le résumé de leur étude.
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