Partager la publication "Un laboratoire énergétique flottant : le 1er catamaran à hydrogène va bientôt partir faire le tour du globe"
À Saint-Malo, une équipe de cinquante personnes travaille jour et nuit à sa transformation, dans le but d’en faire le premier navire à énergies renouvelables et à hydrogène au monde. Une sorte de Solar Impulse des mers, doté d’une panoplie inédite de technologies.
Car sur ce bateau, on trouvera… 130 m2 de panneaux photovoltaïques, deux éoliennes à axe verticale, un désalinateur d’eau de mer, des compresseurs d’hydrogène, un kit de traction intelligent, un électrolyseur, un stockage hydrogène, une pile à combustible, des batteries Li-on de puissance 400 Volt, deux moteurs électriques à haut rendement, et enfin des logiciels de monitoring et de routage maritime. Bref, de quoi permettre de produire et de stocker l’hydrogène à bord, tout en la couplant à l’ensemble des énergies renouvelables produites sur le bateau.
Porteur de sens
Les deux parrains soutiennent le projet depuis ses débuts. Nicolas Hulot rencontre le coureur au large et futur capitaine Victorien Erussard en 2005, alors que ce dernier prépare la route du Rhum. Dès lors, l’écologiste parrainera tous ses bateaux par le biais de sa fondation.
En 2013, le coureur se décide à délaisser un temps les compétitions. Pour “servir une cause”, il rejoint alors le navigateur Frédéric Dahirel, à l’origine du projet Energy Observer. Avec les ingénieurs du CEA-Liten, ils se lancent dans la construction du catamaran électro-éolien, et sont rejoints en 2015 par l”explorateur et futur chef d’expédition Jérôme Delafosse.
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Sans émission de carbone et sans particules fines
Pour ce faire, l’un des défis est la réduction de son volume, ainsi qu’une stratégie pour perdre le moins possible d’énergie au cours des différents processus de transformation. Quand l’eau de mer sera transformée en hydrogène par exemple, ou encore quand l’énergie solaire sera convertie en électricité.
“Nous ambitionnons de travailler avec des pertes inférieures à 5 %”, explique Didier Bouix, du CEA de Grenoble à We Demain, “les briques technologiques ont été étudiées et parfois adaptées, notamment pour les étages de conversion de puissance photovoltaïque jusqu’à la production d’hydrogène. Nous avons par ailleurs privilégié un réseau électrique continu entre les panneaux photovoltaïques et l’électrolyseur pour éviter un étage alternatif”.
Autonomie énergétique
L’expédition, qui se veut pédagogique et démonstrative, sera à suivre dès cet été grâce aux documentaires réalisés par Jérôme Delafosse. “Notre contenu sera disponible de façon immersive à 360 degrés grâce à l’utilisation de la réalité virtuelle et augmentée, le son 3D et des lives interactifs”, précise-t-il, soulignant sa volonté de créer un “média à part entière au service des solutions pour un futur plus propre, à même de sensibiliser le grand public”.
Pour parvenir à financer cet ambitieux projet, actuellement subventionné par AccorHotel et Thélem Assurance, ses cinquante membres sont toujours à la recherche de partenaires. À long terme, ses parrains espèrent que le modèle d’Energy Observer sera transposable sur tous types de bateaux. “Et le mieux, c’est que ce n’est pas un délire de chercheurs ou de navigateurs, c’est la réalité”, conclue la directrice du CEA-Liten Florence Lambert.