Une équipe de chercheurs invente un muscle synthétique superpuissant

Trois fois plus puissant qu’un muscle naturel, ce muscle synthétique souple en reproduit les mouvements. Publiée en septembre dans la revue Nature, cette invention a été mise au point par une équipe de chercheurs de l’Université de Columbia, aux États-Unis, sous la direction d’Hod Lipson, professeur en génie mécanique.

Imprimé en 3D, il est constitué d’une matrice de caoutchouc de silicone avec de l’éthanol distribué dans des micro-bulles. Capable de soulever mille fois son propre poids, ce prototype a également une capacité de déformation quinze fois plus grande que celle d’un muscle naturel.

La mise en action de ce matériau artificiel est possible grâce à une résistance de faible puissance, qui le traverse et chauffe l’éthanol qu’il contient. En se transformant en gaz, celui-ci entraîne une augmentation de volume du muscle. En clair : il suffit de l’alimenter en électricité pour que ce muscle se contracte.

Jusqu’à présent, aucun muscle synthétique n’était réellement capable de fonctionner de façon aussi performante. Selon le compte rendu de l’étude, les technologies actuelles s’appuient sur des mécanismes hydrauliques ou pneumatiques qui requièrent des compresseurs volumineux… ce qui limite leur miniaturisation et leur usage dans des robots ou des prothèses.

Une avancée dans la robotique molle

La création de ce muscle synthétique constitue, selon ses concepteurs, une avancée dans la “robotique molle”. Une technologie qui consiste à créer des robots à partir de matières élastiques. Selon Aslan Miriyev, l’un des auteurs de l’étude, ce matériau artificiel se rapprochant d’un muscle naturel pourrait révolutionner la manière dont est pensée la robotique.

“Nous avons fait de grands progrès pour façonner l’esprit des robots. Leurs corps, en revanche, restent encore très primitifs. […] Nous avons surmonté l’un des derniers obstacles à la réalisation de robots réalistes”, explique Hod Lipson.

 
Reste toutefois des améliorations à apporter à ce muscle synthétique, telle que l’accélération du temps de réponse du muscle mais aussi sa durée de vie qui reste limitée selon les chercheurs, même si aucun chiffre n’a été avancé sur ce point. À terme, les scientifiques de l’université de Columbia espèrent intégrer une intelligence artificielle capable de contrôler ce muscle. À quand un bras de fer avec un androïde de WestWorld ?

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