Une glace à base d’algues ? Sur le papier, ça ne fait pas forcément rêver. Mais si on vous dit que le goût est en tout point similaire à une glace créée à partir de produits laitiers, peut-être changerez-vous d’avis… La food tech Sophie’s BioNutrients a en effet innové pour créer une glace uniquement à base de plantes mais apportant cependant des protéines grâce à la chlorelle. Il s’agit d’une microalgue unicellulaire ronde et d’environ 5 µm de diamètre (l’équivalent d’un globule rouge).
Très riche en chlorophylle, cette algue microscopique a la particularité de concentrer nombre de micronutriments utiles pour notre santé. Notamment des protéines, de la vitamine B2, du fer et des antioxydants. Pour créer sa recette de glace à base de Chlorelle, la start-up, basée à Singapour et aux Pays-Bas, s’est associée à l’Institut technologique danois. Sophie’s BioNutrients revendique avoir créé le premier lait de microalgues sans allergène au monde. Un lait que l’on peut ensuite transformer en glace, avec tout de la texture traditionnelle et le go
Pour la culture de la chlorella vulgaris – une algue d’eau douce –, Sophie’s BioNutrients utilise des bioréacteurs, des appareils qui sont des sortes de fermenteurs qui favorisent la multiplication des micro-organismes. À l’aide de quantités limitées d’eau et alimentée par des déchets alimentaires locaux (dont l’okara, déchets des fabricants de tofu), la production en masse de cette algue devient possible.
Il suffit ensuite d’attendre trois jours pour pouvoir récolter la chlorelle. Puis la glace à base d’algues est élaborée en mélangeant l’algue (qui a été transformée en farine) avec de l’eau, du sucre, de l’huile de coco et quelques autres ingrédients. Il ne reste plus alors qu’à ajouter la saveur souhaitée pour répliquer le goût d’une glace traditionnelle.
La spécificité de ce lait végétal à base d’algues est qu’il apporte autant de protéines que du lait de vache, affirme la start-up. En modifiant son procédé de fabrication, on peut même augmenter de moitié sa teneur en protéines. En outre, elle possède un profil nutritionnel complet (notamment riche en B12 et en fer).
Cet aliment végétal a aussi un impact positif pour la planète. Notamment parce qu’il ne nécessite pas d’élever des bovins. Cela signifie moins d’artificialisation des sols, pas d’usage d’engrais, d’herbicides, d’antibiotiques, etc. Par la réutilisation de déchets comme les drêches des brasseries, la mélasse issue de raffineries de sucre ou l’okara, Sophie’s BioNutirent est engagé dans une économie circulaire. Enfin, cette farine d’algues, sans goût et à la couleur assez proche de la farine de blé complet, peut aussi être utilisée par l’industrie agro-alimentaire dans nombre de préparations. Comme des buns pour des burgers, par exemple.
Plus largement, au-delà de la chlorelle, les algues intéressent tout particulièrement l’industrie agro-alimentaire. Sophie’s BioNutrients explore d’ailleurs d’autres pistes, comme les algues marines. Déjà présentes en quantité dans les océans, elles poussent dix fois plus vite que n’importe quelle autre culture terrestre. La firme de Singapour collabore avec la société néo-zélandaise NewFish. Celle-ci utilise des microalgues issues des océans, les fait fermenter avant de fabriquer des aliments. Ceux-ci sont à la fois riches en protéines mais aussi en oméga 3. Ils étudient différents usages de cette matière, que ce soit pour nourrir la planète ou comme colorant.
Enfin, il faut souligner un autre avantage important de l’utilisation d’algues pour produire de la nourriture. Celles-ci sont connues pour être les séquestres biologiques les plus efficaces du dioxyde de carbone. Lorsqu’elles sont utilisées dans des bioréacteurs, les algues sont 400 fois plus efficaces qu’un arbre pour éliminer le CO2 de l’atmosphère, indique Sophie’s BioNutrients. La culture des algues présenterait une solution gagnant-gagnant pour tout le monde puisqu’elles ont besoin de dioxyde de carbone pour se développer.
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