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Voiture électrique : E-Mersiv imagine la batterie de demain

Il existe aujourd’hui trois freins à l’adoption d’une voiture électrique en lieu et place d’un véhicule thermique : son autonomie, son surcoût et son temps de recharge. La start-up française E-Mersiv cherche à solutionner ce dernier point en imaginant une batterie innovante. “L’Europe a voté pour 2030 une réduction de 55 % des émissions de CO2 par rapport à 2021, rappelle Arnaud Desrentes, PDG d’E-Mersiv. Cela veut dire qu’à cette date, 30 à 35 % des véhicules neufs vendus doivent être électriques. Mais pour dépasser le marché des early adopters, il faut régler le problème de l’autonomie et du temps de recharge.”

A l’heure actuelle, pour élargir le rayon d’action d’un véhicule, la solution la plus souvent utilisée est d’augmenter la taille de batterie. Mais cela a un impact sur le prix, le poids du véhicule ainsi que… l’environnement. Car les batteries au lithium sont aujourd’hui encore très polluantes, même si des initiatives comme celles du français Geolith donnent de l’espoir.

Un refroidissement optimisé des cellules de la batterie

E-Mersiv, start-up fondée en 2019, a imaginé une batterie plus petite mais haute performance, c’est-à-dire avec une recharge très rapide. Pour recharger 65 à 70 % d’une batterie (rayon d’action d’environ 300 km), une batterie classique a besoin d’être immobilisée 30 à 40 minutes quand celle d’E-Mersiv ne nécessite que 10 minutes. “Avec ce système, on conduit 2 heures et demi ou 3 heures sur l’autoroute et il suffit d’un arrêt de 10 minutes sur une aire d’autoroute – le temps de prendre un café – pour avoir de nouveau près de 3 heures d’autonomie”, affirme Arnaud Desrentes. Mieux, il explique qu’avec de nouveaux chargeurs encore plus rapides, le temps peut même chuter à 5-6 minutes pour refaire le “plein” aux deux-tiers.

Comment est-ce possible ? E-Mersiv s’appuie sur deux innovations maison. “Pour recharger quatre fois plus vite, il faut pouvoir refroidir la batterie seize fois mieux pour éviter la surchauffe. Nous intervenons au niveau de cette gestion thermique avec un refroidissement par immersion des batteries. Pour cela, un liquide froid est injecté dans la batterie lors de la recharge. Ce système thermique a des performances vingt fois plus importantes que les technologies connues à ce jour”, assure le PDG d’E-Mersiv.

Le refroidissement par électrolytes liquides a été optimisé par E-Mersiv pour éviter la surchauffe des cellules lors de la recharge rapide. Illustration : E-Mersiv.

Un algorithme pour assurer un vieillissement optimal

“Notre seconde innovation majeure s’applique à l’algorithme qui évalue les limites des cellules de la batterie, ajoute-t-il. Nous avons passé beaucoup de temps à évaluer la façon dont évoluaient les cellules de nos batteries. Donc nous savons comment éviter un vieillissement dégradé. Nous savons précisément jusqu’où nous pouvons les pousser. Résultat : nos batteries ont une durée de vie supérieure aux batteries classiques.” A raison, en moyenne, de 75 charges ultra-rapides par an, leur batterie peut dépasser les 10 ans de durée de vue quand la moyenne actuelle tourne autour de 8 ans, soit à 20 à 30 % de plus. Pas négligeable.

Détail de la batterie haute performance imaginée par E-Mersiv. Crédit : E-Mersiv.

E-Mersiv a donc choisi d’améliorer – en profondeur – un système déjà existant. Avec un avantage : la possibilité de proposer son innovation en licence. “Nous allons adresser directement les marchés de niche comme les véhicules premium, les hypercars ou encore les véhicules de compétitions. Quand il faut fournir entre 1000 et 10.000 véhicules par an, nous pourrons répondre à la demande. Pour les constructeurs automobiles de masse, nous opterons pour la licence de la technologie”, explique Arnaud Desrentes. Il faut avant tout s’assurer que le fluide de refroidissement imaginé par E-Mersiv soit compatible avec les plastiques et métaux. Chose qui ne nécessite pas d’adaptations très lourdes.

5 ans de R&D pour imaginer cette batterie haute performance

Si la société a été fondée en 2019 à Bordeaux, cela fait déjà cinq ans que d’anciens ingénieurs de l’industrie automobile et des batteries lithium-ion travaillent à la mise au point de cette technologie. Ils sont aujourd’hui une quinzaine à travailler pour l’entreprise mais seront trois fois plus l’an prochain. “Nous enregistrons d’ores et déjà 4,1 millions d‘euros de commandes alors que nous sommes encore en phase de prototype”, s’enorgueillit le PDG. D’ailleurs, la société est en lice pour le Grand Prix 2022 Acf Auto Tech de l’Automobile Club de France.

La prochaine étape sera de sécuriser au niveau mondial la propriété intellectuelle de cette batterie. Puis de créer une ligne pilote avant de faire sortir de terre une usine de fabrication. Et la concurrence ? Deux autres start-up viennent concurrencer le projet de la société française. Une en Autriche et une autre à Taïwan. De quoi confirmer l’intérêt d’une telle innovation.

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