Comment devenir producteur d’énergie renouvelable ? 4 façons de rejoindre le mouvement

Créée entre autres par Greenpeace, Biocoop et la banque éthique La Nef, Enercoop assure un approvisionnement en énergie 100 % renouvelable. En dix ans, elle a généré dix coopératives régionales et travaille désormais avec cent producteurs locaux indépendants. Un système de circuits courts qui garantit à ses 25 000 clients la réinjection à hauteur de 57,5 % des bénéfices perçus dans de nouveaux projets.
 

“J’ai souscrit en 2008, raconte Philippe, voisin du centre d’enfouissement des déchets nucléaires dans la Meuse. Je voulais m’engager dans des voies plus vertueuses. Je suis devenu sociétaire dans la foulée, pour donner un coup de pouce.”

Pour 100 euros, on acquiert une part de la coopérative et on est invité à participer aux assemblées générales. Au fur et à mesure que la coopérative grandit, ses tarifs sont de plus en plus compétitifs face à EDF. Comptez aujourd’hui de 6 à 7 euros de plus par mois sur la facture d’électricité.

Je place mon épargne dans un projet citoyen

Placer son épargne dans un fonds d’investissement, d’accord mais pas n’importe lequel ! L’association énergie partagée garantit que votre argent servira à produire de l’énergie verte. Le projet est financé par le fonds soit partiellement (c’est le cas du parc éolien citoyen de Béganne en Bretagne, capable depuis l’été 2014 de couvrir les besoins de 8 000 foyers hors chauffage), soit totalement. L’association offre aussi accompagnement et conseil.

En Auvergne, Isabelle en a bénéficié :


 

“Avec les habitants de la commune, nous avions créé une coopérative pour monter une centrale photovoltaïque sur le toit de l’école d’un de nos villages. Notre initiative a eu du succès mais on a vite fait le tour des donateurs. Grâce à énergie partagée, on a pu changer d’échelle. On a obtenu 70 000 euros du fonds. Aujourd’hui, on a onze centrales en production et bientôt cinq de plus sur trois lycées de communes voisines. L’association nous a apporté toutes sortes de solutions, une assurance, un business plan et de la crédibilité. On recrute notre premier salarié à temps plein ! ”

Depuis sa création en 2010, énergie partagée a investi 5 millions d’euros dans le photovoltaïque, l’éolien ou la méthanisation. L’investissement du particulier se fait sur dix ans pour une rémunération de 4 % par an environ.

J’investis grâce au financement participatif

Le crowdfunding aussi se met au service des énergies renouvelables. Des plateformes comme Lumo ou Lendosphère sont désormais autorisées à rémunérer les prêts. On peut y prêter son argent à des porteurs de projets, avant de se faire rembourser avec intérêts. Sur Lumo, on acquiert des obligations, avec Lendosphère, on souscrit à un contrat de prêt.
 

“On propose un produit d’épargne qui n’est pas risqué et un taux d’intérêt annuel de 3 % à 5 % sur dix ans, détaille Marie-Véronique Gauduchon, de Lumo. C’est un placement sûr et militant, car nous cherchons à encourager les projets citoyens. ”

Marie vit à Paris. Elle a engagé 1 000 euros pour la maintenance d’une éolienne en Picardie :
 

“Là, je sais à quoi sert mon argent, tout est transparent. Je serai remboursée au bout de trois ans, avec 5 % d’intérêt brut annuel. Même si je suis une petite goutte, je suis contente d’agir.”

Lancé il y a un an, Lendosphère revendique déjà 1,3 million d’euros prêtés.

Je bâtis ma propre installation

Partout en France, des réseaux se développent pour former les citoyens à l’autoconstruction de chauffe-eau solaire, de panneaux solaires ou d’éoliennes. L’utilisateur connaît bien l’engin qu’il a construit et sait assurer son entretien.

Certaines installations se révèlent très performantes. C’est le cas des éoliennes fabriquées lors des stages Ti’éole. Pour en construire une, mieux vaut vivre à la campagne : 18 mètres de terrain sont nécessaires pour la coucher lors de sa maintenance.

En ville, où les immeubles cassent le souffle du vent, ces engins offrent un piètre rendement. Parisien, Martin a pourtant décidé de suivre un stage Ti’éole :


 

“Il durait une semaine et aucune compétence particulière n’était requise. Il y avait un atelier bois pour les pales, métal-soudure pour le pied, électronique pour le générateur. On a aussi appris à se raccorder au réseau. On était une dizaine, l’acquéreur final a été tiré au sort. L’heureux élu est désormais producteur indépendant d’énergie ! Après un déménagement, j’y viendrai.”

Attention, seules les éoliennes fournies et posées par une entreprise donnent droit à un crédit d’impôt.

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Antoine Lannuzel

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