Moins de matière, moins d’énergie : l’impression 3D de bâtiments arrive en France

Et si la ville de demain était imprimée en 3D ? C’est la conviction d’Antoine Motte, président de Constructions 3D“Aujourd’hui, tout est fabriqué automatiquement : votre voiture, vos vêtements, vos appareils. Seuls les bâtiments sont encore fait à la main”, souligne-t-il.

Inspiré par le livre La troisième révolution industrielledu prospectiviste américain Jeremy Rifkin, ce jeune entrepreneur de 31 ans, originaire du Nord-Pas-de-Calais, développe actuellement une machine capable d’imprimer une maison en une seule journée et “à coût marginal zéro”, selon l’expression de Rifkin. En clair, pour un coût quasi-nul. Antoine Motte n’y voit pas l’occasion de faire fortune, mais de donner un toit au milliard d’être humains mal-logés en utilisant les énergies renouvelables et les matériaux locaux.

Pour cela, il développe avec son équipe une machine basée sur le principe du compas afin d’élever des dômes depuis l’intérieur, à 360 degrés. Montée sur roues, celle-ci dessine autour d’elle couche par couche les murs, poteaux et escaliers grâce à son bras articulé, avant de se replier et de sortir par la porte une fois le bâtiment fini.

“Si vous regardez dans la nature, vous verrez que le dôme est la structure la plus résistante et la plus pertinente. Elle est adoptée par les oiseaux dans leurs nids ou par les abeilles. C’est ce qu’avait compris l’architecte californien Nader Khalili avec ses éco-dômes en terre”. Des constructions qui ont notamment résisté au dernier séisme survenu au Népal, au printemps dernier, et qui inspirent la NASA dans ses projets de colonie lunaire.

Antoine Motte n’est pas seul sur ce créneau. Venue de Chine, l’entreprise WinSun s’est imposée comme un des leaders du secteur en réussissant l’impression d’un bâtiment de cinq étages. Mais pour le jeune Nordiste, cette entreprise est un exemple à ne pas suivre. “On a analysé leur matériau et il contient de l’amiante. En plus, ils ne battissent pas sur place mais dans leur usine à l’aide d’un pont roulant. En fait, c’est un simple constructeur de préfabriqués”. Il n’empêche, en Russie et aux États-Unis, d’autres entreprises de ce type apparaissent déjà.
 

“Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que l’ère de la propriété intellectuelle est finie. Cette technologie a trop à apporter pour être monopolisée par des intérêts privés”, estime-t-il.

Pour l’heure, son imprimante utilise du béton, car c’est un matériau“homogène”. Et si ce procédé présente déjà l’avantage de ne consommer que la stricte matière nécessaire à la fabrication d’un bâtiment, Antoine Motte entend aller encore plus loin en terme d’économies. Son objectif à moyen terme est d’alimenter sa machine avec de la terre, une matière déjà utilisée pour “un tiers des constructions existantes dans le monde”.

En utilisant des matériaux gratuits car déjà présents sur le site de construction, couplés à de l’énergie renouvelable et à une machine open source – dont les plans sont libres de droits -, l’ingénieur souhaite s’appuyer sur les circuits courts pour rendre le processus de fabrication le plus écologique possible.

Si son idée est généreuse, il reconnait qu’elle manque cependant encore de moyens pour être développée, quand ses concurrents disposent “d’armées d’ingénieurs”. Un premier bâtiment imprimé par la machine d’Antoine Motte devrait cependant voir le jour d’ici la fin de l’année, avec le soutien du CROUS du Nord-Pas-de-Calais. Un projet que le jeune ingénieur finance grâce aux bénéfices enregistrés par Machines  3D, son autre entreprise, devenue leader français de la vente d’imprimantes additives.

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