Partager la publication "À Brasilia, l’ingénieuse solution d’étudiants face à la sécheresse"
Face à la pénurie d’eau, la ville de Brasilia a mis en place un rationnement de l’eau depuis le mois de janvier. Une première pour la capitale brésilienne. Mais trois étudiants de l’UCB (Université Catholique de Brasília) avaient déjà anticipé cette crise dès 2015. Et mis en place une solution résiliente et communautaire…
30 degrés à l’ombre. Un taux d’humidité très faible. Et surtout, pas une seule goutte de pluie à l’horizon. En cette fin de mois d’août, c’est pourtant l’hiver à Brasilia. Cette année, il a fait particulièrement sec, à tel point que le District Fédéral entier est en alerte orange. À cause de cette sécheresse, le niveau d’eau des deux principaux réservoirs de la ville descend chaque jour un peu plus.
Le Descobertos, le fleuve qui approvisionne près des trois quarts de la ville, a atteint un volume d’eau de 25,4 % ce 9 septembre, se rapprochant dangereusement des 24,18% du début d’année, lorsque le rationnement avait été décidé par le gouvernement dans la capitale.
En un mois, le volume du réservoir le plus important a perdu près de 20 % de son volume en eau. Et pour cause : il n’a pas plu depuis plus de 100 jours consécutifs.
Jéssica, Luis Felipe, Mario et Matheus, quatre étudiants en ingénierie civile à l’UCB, en sont les fondateurs. Et ils n’ont pas attendu que la crise hydrique atteigne Brasília pour s’atteler à ce projet.
« Jusque là, on avait toujours eu l’eau en abondance »
En 2015, alors que la situation devient critique à São Paulo devant le manque d’eau, les futurs ingénieurs savent déjà que le problème peut arriver jusqu’à la capitale.
“On a toujours parlé de cette crise en sachant qu’elle pouvait toucher tout le Brésil, mais en vérité, personne ne s’en est jamais vraiment préoccupé parce que jusque là, on avait toujours eu l’eau en abondance. Mais nous, on se disait qu’on était pas à l’abri”, se souviennent les étudiants.
Ils décident donc de concrétiser leur projet en construisant eux-même les cuves, profitant de l’aide d’élèves, de professeurs, mais aussi de l’appui financier du gouvernement du District Federal.
“L’idée était d’utiliser des tuyaux en PVC fixés sur la gouttière du toit, de telle manière que l’eau sale des premières pluies soit écartée et que les trop-pleins puissent ensuite être récoltés dans les réservoirs. Le matériel nécessaire à la construction a été obtenu par l’administration de l’école elle-même, quand ils ont présenté notre projet devant le secrétariat de l’Éducation du District Fédéral”.
Avec un coût total de R$ 9000 pour les trois réservoirs (environ 2 300 €), cette construction “artisanale”, qui aura duré environ un an et dix mois, a permis d’économiser R$ 12 000 (un peu moins de 3 200 €) par rapport aux prix du marché, selon les étudiants.
“À cause de nos études, des stages, des grèves, on a mis plus de temps. Mais construire en une semaine, ça aurait été bâcler ! Et puis, ce n’était pas pesant pour nous. On a mis plus d’un an à concrétiser le projet, mais c’était toujours dans une bonne ambiance, où tout le monde se mettait à disposition pour aider”.
« Faire prendre conscience au plus grand nombre »
En septembre 2016, la crise hydrique n’a pas encore atteint Brasília, mais les trois réservoirs entrent déjà en fonctionnement dans l’école. Aujourd’hui, ces mastodontes font partie du quotidien des élèves. Ils semblent passer à côté sans même les voir.
Mario, lui, les regarde toujours avec fierté. Il y a quelques années, il était aussi élève dans cette école publique — la plus grande du District Federal. Pour lui, choisir le lieu de construction s’est fait naturellement :
“On voulait surtout faire prendre conscience au plus grand nombre que tout le monde, avec un peu de créativité, pouvait remédier au problème à son échelle. En mettant le projet en oeuvre dans une école, on partait du principe que les enfants, sensibilisés à ces questions environnementales d’économie d’eau, allaient devenir une sorte de facteur multiplicateur et donc en parler à leurs parents… Pour qu’à terme, eux mêmes prennent des initiatives chez eux”.
Pour Simone Rebouças, la directrice de l’école, le pari est réussi. “Les élèves étaient ravis de participer au projet. Ils sont plus conscients de l’importance de l’eau. Aujourd’hui, quand ils voient un robinet qui coule, ils vont eux même aller le fermer”.
Des gestes simples qu’ils ont transmis jusque dans leurs familles. “Certains parents m’ont dit qu’ils avaient construit des mini-projets du même genre, dans leurs jardins !”. Les étudiants ne peuvent s’empêcher de sourire à ces paroles. “Au Brésil, on manque d’eau, oui, mais pas d’idées !”
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