Partager la publication "“Coca, McDo, files d’attente : j’ai testé l’alimentation du futur, à l’Expo universelle de Milan”"
McDonald’s et Coca-Cola, champions de la nutrition
“Cette exposition ? Un gouffre financier ! Pour rentabiliser l’événement, les organisateurs ont fixé des prix prohibitifs que seuls des géants de l’agro-alimentaire ont pu payer”, avance une restauratrice ronchon, qui n’a pas pu débourser le million réclamé en échange d’un stand, “sans compter les investissements nécessaires à l’installation des cuisines”. Et la commerçante d’ajouter : “Je n’ose imaginer le tarif demandé pour construire un pavillon comme celui de Coca ou McDo.”
Devant tant de négativisme, je suis vite réconfortée en constatant les intentions altruistes de Coca-Cola, qui, à l’entrée et à la sortie de son bâtiment, offre à qui le veut le breuvage dont il garde jalousement le secret. Et si Ferrero est moins généreux – bien qu’il gratifie le public de quelques parades de rues -, soulignons que son immense “concept bar” permet aux aficionado du cacao de repartir avec un pot de Nutella à leur nom. Me voici rassurée : demain, nos menus seront composés de Big mac, de pâte à tartiner chocolatée à l’huile de palme et de boissons gazeuse à base d’acide phosphorique.
Au petit bonheur la chance
Elles sont où, les-dites files d’attentes ? “Depuis quelques semaines, il y a un monde fou. C’est à croire que les gens ont tous attendu le dernier moment pour visiter l’expo. En semaine comme le week-end, ça défile sans discontinuer”, observe une hôtesse du pavillon polonais, dépassée par l’afflux de visiteurs prêts à patienter plusieurs heures pour le visiter. Seule solution pour passer devant son voisin : disposer d’un pass (média, animation, staff, handicap), être accompagné d’enfants en bas âge, être invalide ou attendre un bébé. J’ai, pour ma part, la chance d’appartenir à la catégorie média.
Joyeuse pagaille
Regardons le verre à moitié plein : pour une fois qu’une manifestation d’ampleur internationale permet de mettre en pratique des adages aussi sages que “le hasard fait bien les choses”, “au petit bonheur la chance” ou encore “la patience est mère de vertu” ! Les visiteurs qui ont patienté jusqu’à six heures pour découvrir le pavillon japonais mériteraient quant à eux d’être élevés au grade de maître zen.
Et puis, à bien y réfléchir, s’il avait existé, le comité de validation aurait certainement interdit la diffusion du reportage proposé par la très démocratique Thaïlande. Si l’on ne peut même plus montrer le Roi Rama IX en train de besogner dans les rizières ni déclarer que le souverain “ne cesse jamais de travailler pour son peuple, même les jours de pluie”, sans être taxé de propagandiste, où va-t-on ? Le public l’a compris. À défaut de verser sa larme, il applaudit à tout rompre.
“Le centre de Milan s’est vidé”
Caroline Denti, ex-associée de l’enseigne locale California Bakery, réfute pourtant cette évidence. Selon elle, le commerce milanais n’aurait pas vraiment profité de ces cinq mois d’affluence : “Les visiteurs ont préféré dépenser leur argent sur le site de l’Expo, y compris le soir.”
Entre autres explications, notre interlocutrice invoque la chute du prix du ticket dès 18 heures (5 euros contre 39 en journée), une programmation nocturne riche en concerts et bien sûr la présence d’une multitude de food trucks permettant de casser une petite graine sur place. “Le centre de Milan s’est vidé au profit des installations démontables de la périphérie”, remarque-t-elle. Du coup, les commerçants ont râlé. Mais c’est bien connu, les commerçants ne sont jamais contents…
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