Partager la publication "Dans la dernière mer de l’Océan Arctique, un refuge pour les morses"
Depuis que nous sommes sortis de l’Archipel arctique, les parcours en mer, maintenant la mer de Beaufort, s’allongent. Débarquement sur l’île Herschel, dans le Yukon, fief des Inuvialuits, investi par les baleiniers et finalement remplacés par les rangers et les scientifiques.
Deux boeufs musqués, qui malgré leur nom sont des sortes de chèvres géantes, sont aperçus de la plage qui est jonchée d’une quantité considérable de bois flotté avec lequel plusieurs bâtiments ont été échafaudés par les Inuvialuits. Ils ressemblent plutôt à des bisons avec leur tête placée très bas, surmontée d’une épaisse coiffe de cornes avec lesquelles les mâles entrent dans d’impressionnantes collisions frontales. Ils sont couverts d’une véritable montagne de laine qui redescend en rideaux vers le sol. Elle s’agite avec le vent.
Des baraquements de la station baleinière ont été transformés en petits “musées” permettant de voir les ossements de baleines franches du Groenland et de bélugas. On peut également y admirer les fourrures des animaux de la région : phoque, rat musqué, castor et renard arctique. La laine de bœuf musqué, dont les Inuvialuits bourrent leurs bottes pour garder le bout de leurs pieds au chaud, est aussi exposée.
Le miracle de l’Arctique
Le lendemain, dans la dernière mer de l’océan Arctique, la mer des Tchoutchkes, la banquise réapparaît. Le navire s’arrête : trois baleines du Groenland sont en train de dormir, côte à côte. Elles ne vivent que dans l’Arctique et sont les seules à pouvoir casser la glace. Elles supportent bien le froid grâce à la plus épaisse couche de graisse de tous les mammifères marins, pouvant faire un mètre d’épaisseur.
Pourtant, cela a failli leur être fatal. En effet, après avoir été harponnées, elles flottaient et fournissaient énormément d’huile. Certains spécimens peuvent peser jusqu’à 100 tonnes. Aujourd’hui, c’est émouvant de voir ces rescapées de l’extinction vivre enfin une vie tranquille.
Un animal craintif
Certains sont bruns, d’autres roses. “Leur peau est très vascularisée, les roses sont en vasodilatation”, précise la naturaliste.
“Ce sont toutes des femelles. Les femelles ont aussi des défenses, moins longues que celles des mâles. Les mâles, eux, sont rassemblés plus au sud en ce moment”, continue-t-elle.
Panique générale
Plus on avance et plus il y en a. Maintenant deux plaques de banquise sont occupées. La première est saturée par une quarantaine de morses. Et même scénario : les têtes se tournent dans un sens, dans l’autre et les reptations massives finissent en plongeons successifs. Elles ont l’air plus inquiètes, tournant la tête avec un œil écarquillé, injecté de sang. On distingue bien leurs vibrisses. Dans l’affolement, l’une donne une claque à sa voisine. Plusieurs disparaissent sous l’eau, agitant leur large nageoire caudale caoutchouteuse. Mais cette fois-ci, l’une des plus grosses est restée seule sur la plaque, nous regardant passer placidement.
Un solide appétit
“Les individus avec les plus grandes défenses occupent les places privilégiées sur les échoueries. Mâles et femelles vivent séparés, probablement pour protéger les petits, qui sont allaités au minimum 2 ans, des écrasements. Ils vivent entre 40 et 45 ans, s’ils ne se font pas écraser lors d’une évacuation massive, plusieurs milliers de morses pouvant être tassés sur une plage”, poursuit-elle.
Jean-Paul Curtay.
Documentaire sur l’Ile Herschel
https://vimeo.com/73013007
Documentaire sur les bœufs musqués
www.youtube.com/watch?v=hamNdUp11t4
Morses au Spitzberg
www.youtube.com/watch?v=5ZaSZuYNViY
Vocalisations des morses
www.youtube.com/watch?v=OAVL61yeCYs
Loin du monde : Rendez vous a Ittoqqortoormiit avec Delphine Aurès
www.youtube.com/watch?v=gyHj8Oj7DZI
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