Green Bio Energy transforme la vie de millions d’Ougandais

ÉPISODE 2. Au lieu d’opter pour un stage classique en parallèle de leur école de commerce, nos quatre contributeurs  sont partis en Ouganda pour participer au développement de modèles économiques à fort impact social. Ils racontent à We Demain leur découverte de Green Bio Energy, l’entreprise qu’ils accompagnent sur le terrain depuis fin janvier.

Kampala, le 1er mars 2015, 

Vincent Kienzler et Alexandre Laure appartiennent à cette nouvelle génération d’entrepreneurs désireux de faire bouger les lignes. Le premier est diplômé de l’ENSTA, Sciences Po Paris, la Sorbonne et de la London School of Economics. Le second, de Sciences Po Toulouse et de l’EDHEC. Mais c’est en Afrique qu’ils ont choisi de s’établir.

Comment contribuer à l’essor de ce continent, promis à la plus forte croissance du XXIe siècle, sans laisser les populations à quai ? Vincent et Alexandre ont trouvé une réponse à cette question en 2011 en Ouganda. Au contact des différentes communautés du pays, ils découvrent alors les nuisances générées par les fours à charbon présents dans la majorité des cuisines ougandaises. En plus de peser sur le budget des plus pauvres, ils sont l’une des causes majeures de la déforestation et des émissions de gaz à effets de serre du pays.
 

Un chiffre suffit à comprendre l’ampleur du problème : en vingt ans, l’Ouganda a perdu 1/3 de ses forêts.

Vincent et Alexandre décident alors de développer une alternative au charbon : des briquettes à base de matériaux recyclés et des fours économes en énergie. Pour cela, ils créent GBE (Green Bio Energy), une entreprise sociale et écologique basée à Kampala, la capitale de l’Ouganda. Les deux entrepreneurs font ainsi le pari de la “Shared Value Creation”. Autrement dit, la construction d’un modèle économique basé sur l’impact sociétal.

Voilà qui recoupait en tous points les fondements de notre junior entreprise Student Consulting for Development (SCD) ! 

C’est donc entre les sacs de briquettes et le bruit de la tôle que nous avons choisi passer du constat à l’action, après deux ans de théorie sur les bancs de l’école.
40 % DE CHARBON ÉCONOMISÉS

À notre arrivée sur place, nous avons commencé par nous pencher sur les produits et services de GBE. Leur point commun ? Avoir été développés pour répondre aux défis énergétiques de l’Ouganda. L’entreprise fabrique ainsi des briquettes de charbon bon marché (jusqu’à 40 % moins cher) à partir de déchets organiques recyclés, ainsi que des fours améliorés économisant jusqu’à 40 % de charbon.

Mais surtout, GBE se fournit exclusivement auprès des communautés de Kampala. Afin d’assurer son approvisionnement en matières premières de qualité, l‘entreprise forme chaque année 400 Ougandais à la fabrication et à la vente de briquettes. Avec un maître mot : émancipation.
PARTENAIRE DU MIT

Côté distribution, GBE a construit son réseau autour de micro-entrepreneurs appelés « B-Points », sélectionnés pour leurs liens forts avec les communautés défavorisées d’Ouganda. C’est la solution qu’a trouvé l’entreprise pour atteindre les populations pauvres les plus difficiles d’accès. Au sein de ces dernières, de nouveaux micro-entrepreneurs sont régulièrement formés. Fin février, par exemple, nous avons organisé un atelier sur le thème de l’argumentaire de vente.

Pour accroitre encore son impact social, GBE s’est enfin entourée de plusieurs partenaires. L’entreprise collabore avec le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et Makerere University (la 4e plus grande université d’Afrique), notamment pour les tests et le prototypage de ses produits en laboratoire. Sans oublier ses partenariats avec des ONG et autres institutions. En utilisant les canaux de distribution des ONG Living Goods et BRAC, GBE s’invite, avec ses briquettes et fours améliorés, dans les cuisines des quatre millions de bénéficiaires de ces organisations en Ouganda !

DES QUESTIONS EN SUSPENS

Après un mois et demi de terrain, questions, remarques et réflexions fusent au sein de notre équipe. Si le modèle de GBE est bien pensé, fonctionne et s’appuie sur une forte détermination de ses promoteurs, son développement nécessite d’appréhender plus en détails le contexte local. L’heure est venue pour nous d’aider GBE, qui compte déjà une cinquantaine de salariés, à aller plus loin.

Comment convaincre ces populations  qu’elles ont, à long terme, intérêt  à adopter les produits de GBE, elles dont la vie est souvent rythmée par l’urgence du quotidien ?

Comment soutenir au mieux les micro-entrepreneurs, très proactifs et innovants, mais souvent approximatifs dans leur comptabilité ?

Comment garder le cap social dans un environnement qui ne le valorise pas toujours ?


Au-delà de ces défis prégnants, le champ des possibles reste grand ouvert. C’est cela même qui nous a plu et continue à nous plaire dans cette aventure ô combien inspirante ! La suite ? Au prochain épisode.

Et pour (re)lire l’épisode 1 de notre aventure, c’est par ici .

Recent Posts

  • Découvrir

Gastronomie en 2050 : ce que les chefs mijotent pour demain

Et si les chefs devenaient les éclaireurs d’un monde en transition alimentaire ? Moins de…

5 heures ago
  • Societe-Economie

Le vacarme invisible : pourquoi et comment lutter contre le bruit routier

Le bruit des transports est une pollution invisible mais bien réelle, responsable de lourdes conséquences…

2 jours ago
  • Déchiffrer

Donald Trump : Make Stupid Decisions Great Again

Justin Trudeau a qualifié la politique tarifaire de Donald Trump de « très stupide ».…

3 jours ago
  • Partager

De Sentier Valley à La Boétie Valley : la mue du cœur start-up de Paris

Une tribune d’Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, Directeur Général Délégué, Le Village by CA Paris.

6 jours ago
  • Inventer

Surveillance des saumons par IA, élevages à terre… comment rendre l’aquaculture (un peu) plus durable

Face aux critiques croissantes contre l'aquaculture intensive des saumons, deux voies émergent pour rendre la…

1 semaine ago
  • Découvrir

Sobriété : j’ai passé un hiver sans me chauffer

Et si on essayait de vivre l’hiver autrement ? Par choix plus que par nécessité,…

1 semaine ago