Partager la publication "À Tours, un hameau de tiny houses pour les sans-abri"
L’architecture éphémère s’inscrit de plus en plus dans nos espaces urbains. Notamment depuis le premier confinement. Terrasses pour se restaurer, tentes pour vacciner ou tester, et même tiny houses pour loger les personnes les plus fragiles.
À Tours (Indre-et-Loire), un hameau léger de sept petites maisons en bois sur roues et de six caravanes, baptisé “La Maison”, est né fin novembre sur un terrain municipal bordé par le quai de Marmoutier et le parc de Sainte Radegonde. Depuis, il accueille progressivement une vingtaine de sans-abri, hommes et femmes, parfois en couple.
Un quart d’entre eux a déjà reçu les clés de leur logis, “après un grand parcours d’errance”, explique la directrice Christelle Dehghani, directrice générale de l’association Entraide et Solidarités à l’initiative du projet. “Certains n’ont connu que la rue”, ajoute-t-elle. Mais cette année, ils ne passeront pas Noël dehors.
Un projet pilote
Le projet est né lors du premier confinement. “Des sans-abri, en situation de grande marginalité et de dépendance s’étaient regroupés sur les bords de Loire”, raconte Marie Quinton, adjointe au Maire, déléguée au logement. “Malgré le froid, ils ne voulaient pas ou ne pouvaient être accueillis dans les structures d’hébergement d’urgence existantes. Ils ne le supportaient pas, ou bien ils étaient congédiés parce qu’ils avaient trop bu ou qu’ils avaient un chien. S’en séparer ? C’est très difficile de quitter son compagnon de vie de 10 ou 20 ans”.
“La solution proposée par l’association Entraide et Solidarités a donc été retenue par la préfecture et les services décentralisés de l’État, à la suite d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI)”, précise l’adjointe au Maire.
Un hameau de tiny houses
Les tiny houses, des studios en bois sur roues de 12 m², ont été conçues pour accueillir ces compagnons à quatre pattes. En effet, ils peuvent se glisser sous les lits surélevés.
“Ma chienne qui pissait à l’intérieur même si la porte était ouverte n’a jamais été sale ici. Elle est moins stressée, et moi aussi”, témoigne l’un des habitants. “Je me sens en sécurité, je peux me reposer.”
À l’autre bout du studio, une petite salle de bain avec douche et WC. Le ballon d’eau chaude se cache quant à lui sous un long plan de travail, dans l’un des placards. Une fois la porte et la fenêtre fermées, l’isolation phonique et thermique est excellente, comme nous avons pu le constater. Heureusement, car l’autoroute A10 et l’aéroport de Tours-Val de Loire ne sont pas loin.
Un bâtiment préfabriqué, plus grand que les autres, abrite une laverie et fait office de salle à manger commune, et de salle de jeu. Une table de ping-pong, près de la porte, attend d’être dépliée. Des voisins se sont cotisés pour offrir le sapin qui orne la pièce.
Accompagnement social
C’est ici que les nouveaux occupants fêteront Noël, “s’ils le souhaitent”, nuance Olivier, l’un des quatre travailleurs sociaux qui se relaient pour accompagner les SDF pendant la journée. “Nous avons prévu quelque chose”. Nous n’en saurons pas plus.
Un à deux veilleurs assurent les nuits. Le coût de l’accompagnement 24h/24h, prévu pour trois ans, ainsi que celui des “tiny houses” sont couverts par l’État à hauteur de 800 000 euros.
Mais on rentre dans “La Maison” pour en sortir, à court ou à long terme. “C’est une transition entre la rue et un logement pérenne”, explique Olivier. “Ici, on a une adresse. On occupe un logement isolé tout en partageant un espace collectif. Nous assurons à chaque personne un accompagnement social, pour l’accès aux soins, l’insertion par l’activité économique… Dans cette situation il est possible de s’orienter vers une insertion durable. Mais combien de temps cela va-t-il prendre ? On n’en sait rien encore. L’expérimentation nous le dira.”
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Cet article a été réalisé grâce au soutien de Leroy Merlin.
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