Ma maison demain

Accueil Paysan : Et si vous passiez vos vacances à la ferme ?

« Demain, je plaque tout et je pars élever des chèvres dans le Larzac. » Voilà le refrain des lassés de la routine métro-boulot-dodo. Avec Accueil Paysan, site qui permet à des citadins de vivre à la ferme, leur rêve devient possible, du moins pour les vacances. 
 
Créé en 1987 par un groupe de paysans d’Isère, Accueil Paysan est un réseau de petits producteurs qui proposent le gîte et le couvert à des vacanciers désireux de se rapprocher de la nature. En 2017, il fêtait son 30ème anniversaire, fort de 900 adhérents en France, et 250 dans 35 pays étrangers. Autant de petites exploitations qui ont pu compter sur l’accueil des touristes, un vrai complément de revenu alors que la crise agricole s’intensifie et que les retraites s’amenuisent

Être paysan : une passion

L’élevage de brebis de Françoise et Nicolas, à Montlaux, dans les Alpes de Haute Provence. (Crédit : Françoise Fleutot et Nicolas Mezzasalma)

Eliane Genève, retraitée paysanne dans le massif de la Chartreuse près de Grenoble, est la fondatrice de l’association. Véritable réseau de solidarité paysanne. Selon elle, « les paysans de demain » devront produire de manière éthique mais surtout diversifier leurs activités. L’accueil en parallèle des activités agricoles est apparu comme une manière d’assurer un équilibre économique, de mettre en valeur un mode de vie respectueux des hommes et de l’environnement, et d’empêcher que ce creuse encore le fossé ville-campagne.

C’est le choix qu’on fait Françoise Fleutot, 68 ans, et Nicolas Mezzasalma, 58 ans, un couple de paysans installés à Montlaux, en région PACA. Ils sont rentrés dans le réseau il y a dix ans en tant qu’éleveurs de brebis laitières bio. Françoise est désormais à la retraite, quand son mari fait tourner un élevage de brebis et de vaches de chair. À l’époque, ils ouvrent un gîte pour compléter leurs maigres revenus. Françoise raconte :

« J’ai choisi Accueil Paysan parce que c’est un réseau qui défend des valeurs dans lesquelles je me suis retrouvée ; le contact humain, le partage de notre lien à la terre, la promotion de la vie de paysan et pas des grosses exploitations agricoles… Cette dimension là n’existe pas avec les gîtes de France, par exemple. » 

Des séjours pour petits et grands

Depuis, elle enregistre une quinzaine de réservations par an sur ses deux gîtes, surtout l’été. Elle propose aux visiteurs de l’accompagner emmener ses 130 brebis au parc, et offre l’apéritif le soir. Elle raconte qu’un couple « très motivé » s’est un jour levé à 6 heures du matin pour faire le trajet d’une demie heure. Dans sa ferme, elle reçoit beaucoup de familles avec enfants.  

« Les enfants citadins sont vraiment demandeurs de grands espaces et de contact avec les animaux, on voit le bonheur dans leurs yeux, c’est ça qui m’intéresse : offrir ces instants de bonheur aux gens. »

Pour Françoise, être paysan reste une passion. Accueillir des touristes lui donne l’occasion de la partager et de faire des rencontres. Certains de ses clients, généralement « très ouverts » et « intéressés par le monde paysan », sont même restés des amis. C’est le cas de M. et Mme Denizot, un couple qui a passé une semaine chez Françoise, et deux semaines dans une autre ferme en PACA. 

Solidarité paysanne

Dans le jardin de la maraîchère Louise Mathé, les enfants découvrent des ânes, des poneys, des poules et des chats. (Crédit : Louise Mathé et Yannick Halloin)

« Ce qui m’a poussée dans les bras d’Accueil Paysan, c’est surtout l’incroyable solidarité et la convivialité du réseau. » explique Louise Mathé, 40 ans et maraîchère bio en Vendée. Elle a lancé son « camping à la ferme » en 2015, en s’inspirant des fermes aux alentours.

« J’ai beaucoup échangé avec les autres paysans. Ça aurait été beaucoup plus triste de vivre cette aventure dans mon coin. Aujourd’hui, on organise des circuits à vélo de fermes en fermes… Et si les gens sont intéressés, je les envoie chez l’apiculteur du coin, ou dans une bergerie pour qu’ils puissent voir comment ils font du fromage. »

Dans son jardin de la Bardonnière, à Bois-de-Cené, les visiteurs aident à récolter les légumes, puis enfourchent leur vélo pour parcourir les marais salants, ou aller à la plage. Spécialisée dans l’animation pour les enfants, Louise leur fait découvrir les ânes, les poneys, et les animaux sauvages.

Une ambiance conviviale de juin à septembre, où le camping de six emplacements bat son plein. Mais la jeune femme pense à augmenter sa capacité d’accueil, pour rentrer dans ses frais : 20 000 euros pour l’installation d’un bloc sanitaire et d’une phytoépuration des eaux usées. « Avec mon mari et mes enfants, on ne part pas en vacances avant janvier-février. Donc voir les gens arriver avec leur bardas, les enfants courir dans le jardin, et les accueillir, faire des rencontres, c’est un petit peu mes vacances à moi. »

À LIRE AUSSI : “Il faut en finir avec le tourisme et retrouver le sens du voyage”

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