Partager la publication "Comment vivre heureux avec (presque) rien : les conseils d’un minimaliste japonais"
Dans une pièce blanchie par les rayons du soleil, l’œil aperçoit un lit, un bureau sur lequel trône une lampe et une chaise de bois clair. Voilà tout. L’art de l’épure, Fumio Sasaki l’a poussé à son paroxysme. “Less is the future”, proclame-t-il sur son blog Minimal&ism et dans son livre Au revoir les choses. Ce Japonais de 37 ans vit à Kyoto dans un appartement de 20 m2 entouré de quelques objets soigneusement choisis. En tout, il n’en possède que trois-cents, qu’il peut déménager en une demi-heure.
Il n’en a, pourtant, pas toujours été ainsi. Sur les photos de son ancien appartement, c’est l’accumulation qui prédomine. Partout, des livres, des DVD et des CD dangereusement empilés.
“J’adorais collectionner des choses. Mon passe-temps, c’était la photographie. Je possédais des douzaines d’appareils photo et j’avais également des instruments de musique… Je ne savais pas en jouer.”
Fumio Sasaki
Mais une fois l’achat effectué, la joie disparaît : “Je pensais continuellement à ce que je ne possédais pas, à ce qu’il me manquait”, raconte-t-il au Guardian.
La découverte du minimalisme
En 2014, il découvre le concept du minimalisme, un mode de vie et une philosophie qui consistent à se libérer de ses possessions inutiles. Il s’intéresse aussi à Marie Kondo, cette Japonaise devenue la consultante en rangement la plus célèbre du monde grâce à son best-seller La Magie du rangement, traduit en 35 langues. Avec sa méthode de tri baptisée KonMari, elle recommande de trier ses affaires et de ne garder que les objets qui nous mettent réellement en joie.
S’il a été conceptualisé dans les années 2000 en tant que mode de vie, à travers des livres et des blogs, le minimalisme n’est pas étranger à la culture japonaise, comme aime à le rappeler Fumio Sasaki. On retrouve cette notion dans le bouddhisme zen, qui valorise une esthétique faite de simplicité et de dépouillement.
De lecture en lecture, Fumio Sasaki se débarrasse d’un grand nombre de ses biens — plus de 95 % —, et s’attache à simplifier sa vie à l’extrême. Dans son dressing, par exemple, on trouve quatre t-shirts, trois chemises, quatre pantalons, quatre paires de chaussette.
La quête du temps et du bonheur
“Pourquoi une telle ascèse ?”, se demanderont certains. À cette question, Fumio Sasaki évoque le temps. Les choses, dit-il, aspiraient son énergie et ses heures. Dorénavant, faire le ménage ne lui prend que quelques minutes. D’ailleurs, il n’utilise qu’un seul et même produit pour laver ses cheveux, la vaisselle et ses vêtements. Mais ce que lui apporte le minimalisme va bien au-delà d’une simplification de ses tâches ménagères.
“Passer moins de temps à ranger ou à faire les magasins signifie que j’ai plus de temps pour voir mes amis, sortir ou voyager pendant mes congés. Je suis devenu plus actif”.
Dorénavant, ses dépenses ne concernent plus des choses matérielles mais des “expériences”.
Cela lui a aussi permis de se pencher sur la définition du bonheur et de la liberté. Le minimalisme, selon Fumio Sasaki, ne se rapporte pas tant au fait de posséder moins qu’ à ce que cela procure émotionnellement.
Il ne s’agit donc pas de substituer une forme d’arrogance liée à la possession de biens matériels à une autre liée à l’ascétisme, dans une sorte de compétition, où celui qui possède le moins, gagne.
“En ayant moins de choses, j’ai commencé à me sentir plus heureux chaque jour. Je commence à peine à comprendre ce qu’est le bonheur.”
Pour autant, Fumio Sasaki n’érige pas l’art du vide en norme, estimant que le minimalisme n’est jamais que l’un des chemins qui mène au contentement.