Partager la publication "Dans les “villages Alzheimer”, les malades mènent une vie presque normale"
Une supérette, un salon de coiffure, un restaurant… Ce petit village landais construit près de Dax ressemble, en apparence, à tous les autres. Sa particularité, ce sont ses habitants, tous âgés et atteints de pathologies mentales comme la maladie d’Alzheimer.
Après deux ans de construction, ce dispositif unique en France vient d’accueillir début juin ses premiers résidents. Il comptera à terme 120 habitants, bénéficiant d’un certain niveau d’autonomie, qui pourront profiter du même niveau de soins qu’ils auraient dans un établissement spécialisé tout en continuant à mener une vie aussi normale que possible.
Les villageois vivront à plusieurs dans 16 petites maisons, chacune dotée de sept ou huit chambres individuelles avec salle de bain privative, de cuisines et de salles communes. Ils sont encadrés par plusieurs référents, qui s’assurent du bon fonctionnement des colocations. “Créer la bonne alchimie impliquer de se poser plusieurs questions”, souligne le directeur du village Vincent Galibert auprès de We Demain.
“La personne aime-t-elle la politique ? Le sport ? Travaillait-elle seule ou en groupe durant sa vie professionnelle ? Il faut par exemple éviter de placer quelqu’un de solitaire dans un trop grand groupe, au risque de le perturber.”
Aucune blouse blanche à l’horizon dans ce cocon de 10 000 m2, où les symboles médicaux ont été soigneusement gommés. Le village comporte certes un centre de santé et un personnel soignant, mais aussi des commerces, un auditorium, une médiathèque, et un parc de cinq hectares, dans lesquels les habitants peuvent se promener à leur guise… sans franchir l’enceinte extérieure.
Cette expérimentation landaise sera menée pendant cinq ans, potentiellement renouvelables. Novateur en France, ce dispositif a déjà fait ses preuves à l’étranger, notamment aux Pays-Bas où le premier “dementia village” voit le jour en 2009 à Weesp, non loin d’Amsterdam.
Hogeweyk comprend un centre commercial, un restaurant, un café, un supermarché, un théâtre et un cinéma. Ses 169 résidents vivent dans une vingtaine de maisons décorées selon quatre styles différents : urbain, culturel, traditionnel et aisé. Chacun se voit attribuer le décor qui épouse le mieux son ancien rythme de vie et sa personnalité. Les patients issus de milieux favorisés occupent ainsi les habitations de style “aisé”, tandis que ceux appréciant l’art rejoignent les maisons où l’on joue régulièrement de la musique.
“Lorsqu’un résident est placé dans le mauvais mode de vie social, il devient rapidement mécontent“, pointait en 2012 Yvonne van Amerongen, l’une des fondatrices de Hogeweyk, dans les colonnes du Daily Mail. Qui précise qu’en réalité “la même somme [est dépensée] pour chaque maison”.
Largement inspiré de l’exemple néerlandais, la vie au village landais coûte entre 1 700 et 1 800 euros par mois, contre entre 150 et 2 300 euros pour les habitants de Hogeweyk. À titre de comparaison, le prix médian d’une chambre privée en Ephad s’élève à 1 977 euros par mois en France.
Le concept de “dementia village” ou “village Alzheimer” utilise l’architecture comme un outil bienveillant, en recréant des décors à la fois réconfortants et familiers pour les personnes atteintes de troubles de la mémoire.
“Des troubles comme Alzheimer vont brouiller tous les repères spatio-temporels des malades”, poursuit le directeur du village landais. Le soin par le souvenir (ou thérapie par réminiscence) permet alors aux malades de mieux se repérer et retrouver leur chemin tous seuls. “Cela peut passer par de petites choses, comme un changement d’éclairage, des numéros, mais aussi les couleurs et les ambiances.”
Comme à Hogeweyk, chaque maison est meublée selon un style bien défini (campagnard, bistro, salon de thé…). Quant à la mini-ferme et au potager, attendus pour septembre, ils pourraient stimuler, espère-t-il, les patients ayant grandi dans un milieu rural. “L’idée est d’être dans le soutien plutôt que ‘faire à la place de’, et de coller au plus près au rythme et aux envies des résidents.”
“La vie sociale est importante. Elle signifie qu’on fait partie de la société, qu’on a sa place”, rappelait Yvonne van Amerongen dans une conférence TED donnée en 2019. “On a besoin de ce sentiment d’appartenance. Même quand on vit avec une démence avancée.”
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