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2025, Année de la Mer… et de la recherche océanique

Alors que 2025 a été désignée Année de la Mer, la Fondation BNP Paribas lance un appel à projets ambitieux dédié aux écosystèmes océaniques et côtiers. Avec un financement de 7 millions d’euros sur trois ans, cette initiative vise à soutenir des recherches innovantes pour mieux comprendre et préserver ces milieux essentiels.

Le 18/02/2025 par Florence Santrot
biologiste marin
Un jeune biologiste marin analysant des échantillons d'eau de mer avec une tablette électronique pour en en estimer les tests de qualité de l'eau. Crédit : Fotografia Juan Reig / stock.adobe.com.
Un jeune biologiste marin analysant des échantillons d'eau de mer avec une tablette électronique pour en en estimer les tests de qualité de l'eau. Crédit : Fotografia Juan Reig / stock.adobe.com.

Alors que la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC) se tiendra en juin et que 2025 a été désignée Année de la Mer depuis le 1er janvier, la Fondation BNP Paribas – au travers de son initiative Climat & Biodiversité – a, elle aussi, décidé d’orienter son appel à projets sur le thème “Océan & écosystèmes côtiers”. Depuis le début de l’année et jusque début mai, chercheurs et chercheuses peuvent soumettre un dossier pour faire avancer la science dans ces domaines. Au total, un financement de 7 millions d’euros sera alloué sur trois ans pour soutenir de 7 à 15 projets de recherche scientifique menés par des équipes européennes.

La sélection sera ensuite rigoureusement encadrée par un comité scientifique. Parmi eux, Franck Courchamp est directeur de recherche au CNRS. Il exerce au Laboratoire Écologie, Systématique & Évolution et dirige l’équipe de recherche BIOM (Biodiversité et Macroécologie) de l’Université Paris Saclay. D’abord lauréat de l’initiative en 2014 et aujourd’hui membre du jury, il nous explique l’importance d’un tel soutien pour la recherche. “Ce soutien est bien plus important que ce qu’on peut obtenir avec des aides classiques, insiste-t-il. Qui plus est, ce don-mécénat est plus flexible qu’une aide de l’Agence Nationale de la Recherche, très encadrée, alors qu’il faut souvent s’adapter aux aléas de la recherche.”

Un soutien qui permet de changer l’échelle des travaux

Franck Courchamp
Franck Courchamp. Crédit : Université de Paris Saclay.

Bien plus qu’un coup de pouce, ce soutien financier – qui peut aller jusqu’à 800 000 euros par projet – a permis de changer radicalement l’échelle des travaux Franck Courchamp et ceux de nombreux autres chercheurs. “J’ai reçu à l’époque 500 000 euros pour faire avancer mon projet sur les espèces invasives. Cela a permis d’ouvrir la voie à des collaborations internationales qui ont fait avancer mes recherches bien au-delà de ce que je pouvais espérer. Grâce à ce financement, j’ai pu donner une nouvelle ampleur à mes recherches et obtenir des résultats inédits.”

Un peu plus de dix ans plus tard, et avec des aides supplémentaires issues d’autres fonds, comme celui d’Axa, il continue à approfondir ses recherches sur les espèces invasives, une menace mondiale souvent méconnue et largement sous-estimée. L’écrevisse de Louisiane, la fourmi électrique, la tortue de Floride, la crépidule ou encore l’écureuil de Corée figurent parmi les espèces qui posent problème en France. Ses travaux l’ont également conduit à étudier l’effet Allee, un phénomène selon lequel la croissance et la survie d’une population s’améliorent avec l’augmentation du nombre d’individus, jusqu’à atteindre un seuil optimal. Un concept qu’il a appliqué à ses recherches sur les espèces invasives, afin de mieux comprendre leur dynamique de propagation et les conditions favorisant leur établissement.

Un processus de sélection rigoureux et exigeant

Le succès de cet appel à projets repose sur un processus de sélection en plusieurs étapes, conçu pour identifier les propositions les plus ambitieuses et pertinentes. Avant d’être évalués par le jury scientifique, les dossiers font l’objet d’une première présélection menée par les collaborateurs de la Fondation BNP Paribas. Ce premier filtre, basé sur des critères rigoureux, permet de garantir que les projets retenus répondent aux objectifs scientifiques et environnementaux de l’initiative.

“C’est un processus très sérieux et encadré, car nous recevons énormément de demandes, explique Franck Courchamp. Mais cette première étape est aussi l’occasion pour les collaborateurs de la Fondation de mieux comprendre les enjeux de la recherche sur le climat et la biodiversité.”

Après cette présélection, le jury scientifique entre en jeu pour sélectionner les lauréats parmi les meilleurs dossiers. “C’est toujours un crève-cœur de ne pouvoir financer davantage de projets tant les dossiers sont intéressants, confie le chercheur, qui participe au jury pour la troisième fois. Nous nous efforçons de garder une véritable ouverture d’esprit dans la sélection, afin de soutenir des initiatives véritablement novatrices, même lorsque les ressources sont limitées.”

Dans certains cas, face à des projets particulièrement prometteurs, la Fondation n’hésite pas à aller chercher des financements supplémentaires pour élargir le nombre de bénéficiaires. Un engagement qui témoigne de la volonté de soutenir des recherches aux impacts concrets pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes océaniques.

Appel à candidatures 2025 : l’océan comme laboratoire du changement

L’appel à projets, ouvert du 21 janvier au 4 mai 2025, se concentrera cette année sur les thématiques liées aux océans et aux côtes. Les équipes scientifiques européennes, qu’elles mènent des recherches fondamentales ou appliquées, sont invitées à soumettre des propositions qui répondent aux critères stricts fixés par la Fondation BNP Paribas. Pour celles et ceux qui envisagent de déposer un dossier, découvrez le guide de candidature :

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