35 000 bidouilleurs à la Foire de Paris pour la Maker Faire

Bienvenue au salon de tous les makers de France. Après une première édition française à Saint-Malo, en octobre 2013, et avoir investi la capitale six mois plus tard, au “104”, la Maker Faire a pris ses quartiers, le week-end dernier, au sein d’un pavillon de la Foire de Paris.

Créés il y a dix ans en Californie par le magazine Make, dédié au “Do It Yourself”, ces événements se sont répandus dans 140 villes et 25 pays. Épicentres du mouvement maker, porté par des amateurs de bricolage et de bidouille électronique, ces salons n’en finissent plus de croître et de susciter l’engouement du public.

Quatre fois plus de visiteurs en un an

Si la précédente édition parisienne avait attiré 8 000 visiteurs, un an plus tard, ce sont près de 35 000 personnes qui sont venus, le temps d’un week-end, découvrir les bricolages géniaux ou farfelus d’inventeurs. Force est de constater que Maker Faire n’est plus seulement un rassemblement de geeks.

“Nous sommes un événement fun et familial”, explique à We Demain Karol Laurent, chargée de l’organisation et de la communication du festival. “C’est pour toucher un public de non-initiés que nous sommes venus à la Foire de Paris, et le succès est au rendez-vous”.

Au sein du pavillon qui leur dédié, 740 makers démontrent leurs savoir-faire, sous les regards rêveurs des enfants. Au programme, entre autres : un orchestre rock de dinosaures mécaniques, un espace de vol pour les drones, des courses de karting électrique, des robots humanoïdes open-source, des “cyborgs végétaux” et des ateliers de soudure ou de découpe laser.

“Nous sommes l’un des rares salons où ce sont les enfants qui apprennent des choses à leurs parents”, assure Karol Laurent.

Une affirmation confirmée sous nos yeux par une petite fille de six ans, au stand où les enfants fabriquent leurs badges lumineux : “Papa, tu as mis l’anode à la place de la cathode !”

Multinationales du bricolage

Ce qui frappe, c’est aussi l’intérêt porté par des grands groupes pour le mouvement maker. Face à l’entrée, un énorme stand Intel présente les derniers capteurs à assembler (comme des Lego) autour d’une carte Arduino pour créer sa maison connectée.

Leroy Merlin est également présent pour annoncer son partenariat avec Tech Shop, cette chaîne américaine de makerspaces, qui propose à chacun de venir utiliser des machines professionnelles afin de développer ses propres projets. Le géant français du bricolage envisage ainsi, dès le mois d’octobre, d’ouvrir un fablab géant de 2 000 m2 face à son magasin d’Ivry, en région parisienne. D’autres piliers du web et de l’électronique sont présents, tels Microsoft, Kickstarter ou Conrad.

“Notre modèle économique est simple : les stands sont gratuits pour les particuliers mais payants pour les entreprises”, explique Karol Laurent.

Le fondateur de la Maker Faire, Bertier Luit, est par ailleurs patron de l’entreprise d’impression 3D Fabshop, pionnière du secteur en France. C’est lors d’une visite de la Maker Faire de New York qu’il a décidé d’importer le concept en France.

Être maker, c’est aussi faire du tricot

Après Saint-Malo et Paris, le salon devrait s’étendre dès l’année prochaine à Lyon et Nantes. Et d’autres villes comme Toulouse, Nancy ou encore Rouen aimeraient avoir leur mini Maker Faire.

“Notre développement est exponentiel, car représentatif de l’engouement croissant des gens pour la réappropriation des techniques.”

Car la Maker Faire, ce n’est pas que de la programmation de cartes Arduino. On y trouve aussi de la sculpture de pierre, du crochet, un bateau, du scrapbooking…

“On veut faire comprendre aux gens qu’ils sont tous des makers, à partir du moment où ils aiment fabriquer des choses avec leurs mains.”

Une façon de rappeler que la transmission des savoirs et le mélange des genres résident dans l’ADN du mouvement maker. “C’est pour cela qu’il n’y a pas de cloisons entre les stands, explique Karol Laurent. L’année dernière, il y avait un stand de robots à côté d’un stand de tricot, à la fin de l’expo, le robot savait tricoter.”

Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain

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