Partager la publication "80 000 personnes au Stade de France pour une “agora du XXIe siècle” : le pari fou d’une association"
Ils se sont rencontrés en juin, lors d’un apéritif Colibri dans le 11e arrondissement. Avryl Colleu est architecte, coorganisatrice de l’espace parisien
Place to B et
Yvan Richard comédien, cofondateur et ex-membre du mouvement
#LesJoursHeureux, notamment soutenu par
le philosophe Patrick Viveret. Ensemble, ils parlent transition sociétale et “reliance”, ou comment relier entre eux différents mouvements citoyens pour leur donner plus d’impact.
C’est alors qu’Avryl Colleu a une idée : “Pour ses réunions citoyennes, la Grèce antique avait ses agoras. Et qu’est-ce qui ressemble le plus à une agora, aujourd’hui ? Un stade.”
Le projet est né : Ensemble, ils vont réunir 80 000 personnes au sein du Stade de France. Une idée d’abord farfelue. Sauf qu’un mois plus tard, l’architecte se retrouve à un mariage en Italie, où son voisin de droite n’est autre que…le directeur du développement du Stade de France. Quelques rendez-vous plus tard, la direction du stade de France valide le projet. Avec une condition : entre le 15 et le 28 février, environ 20 000 places, de 25 euros chacune, doivent être parties pour que l’événement ait lieu.
Apolitique
Entre temps,
Stades citoyens, une association loi 1901, est née. Entre début décembre et début janvier, elle s’est agrandie : quatre bénévoles principaux, et une cinquantaine de personnes au total travaille désormais quotidiennement à coconstruire le programme de cette journée. Pour les soutenir, des partenaires comme La Fonda, le Pacte civique, Éconovia pour la communication, ou Hello Asso pour la billetterie, mais aussi des parrains comme
Cyril Dion ou
Maxime de Rostolan. Et pléthore d’associations, à l’instar de Terre & Vie, La belle démocratie ou l’Association des Paralysés de France (APF)….
Ce qui les rassemble ? “L’envie de relier les gens, de montrer que nous avons notre pouvoir d’agir nous-mêmes, que nous sommes responsables de notre avenir et acteurs de nos propres vies”, assure Yvan Richard. Et ce, en-dehors de tout enjeu électoral – car bien que l’événement soit prévu un jour avant le premier tour, il n’est pas question de le politiser :
“De toute façon, il est interdit d’organiser des événements religieux, des fêtes comme des mariages ou des meeting politiques dans un lieu public comme le stade de France”, précise-t-il, “nous, tout ce qu’on veut, c’est créer un cadre de grande ampleur pour que les citoyens se réapproprient les grands sujets de la vie quotidienne”.
Quatre axes
Pour les y aider, la journée s’articulera autour de quatre axes :
“Comment je peux prendre part aux décisions, comment je subviens à mes besoins fondamentaux, comment je participe à la transition écologique, comment je prends soin de moi et mes proches.” Des thématiques transversales, qui devraient permettre d’aborder de multiples sujets, comme la santé, la transition écologique, l’alimentation, la monnaie… Chacun d’entre eux sera porté par plusieurs acteurs, avec un speaker et une table-ronde par période de quarante minutes.
“Un peu dans l’esprit du film Demain, nous tenterons d’apporter des solutions – les citoyens seront amenés à participer grâce à des panneaux quatre couleurs. Par exemple, le bleu pourrait signifier “Ce sujet nous parle” – imaginez une vague de bleue se propager dans tout le stade de France !” s’enthousiasme l’organisateur. Des technologies, via des applis ou des outils numériques conçus avec les Civic tech comme Démocratie ouverte, devraient aussi être conçues pour que les “gens s’approprient l’événement”. Toute personne est d’ailleurs conviée à le coorganiser d’ici là.
Aux stades ?
Le soir, un grand concert est prévu, avec, selon Yvan Richard,
“des artistes de taille”, dont il ne peut encore dévoiler l’identité à ce jour. Et pour faire venir
“tout le monde, et pas seulement les convaincus de la nécessité d’une transition culturelle”, l’association entend travailler main dans la main avec le Pôle emploi voisin, qui pourrait permettre aux habitants du quartier de participer à l’organisation en tant que stagiaires, mais aussi avec des associations locales comme
Pas sans nous.
Si l’association regorge d’idées, il lui faut pourtant encore faire parler d’elle : Pour l’heure, seuls 105 billets ont été vendus. Aux stades, citoyens ?
MàJ du 13 mars 2017 : Dans un communiqué, l’association Stades Citoyens vient d’annoncer avoir annulé l’évènement du 22 avril faute d’avoir atteint son objectif de 80 000 places vendues. Les billets déjà achetés seront remboursés et l’association s’engage à préparer un nouvel événement prochainement.