À 7 ans, il fonde une banque d’enfants pour l’environnement

Il ne savait pas faire ses lacets quand il a fondé la première banque écologique réservée aux enfants, baptisée “Banco Cooperativo del Estudiante Bartselana”, à Arequipa, au sud du Pérou. C’était en 2012, José Adolfo Quisocala Condori venait d’avoir 7 ans.
 
Le concept ? Une banque où les jeunes déposent leurs déchets recyclables, qui sont revendus à des entreprises de recyclage, en échange d’argent. Un moyen d’inciter les enfants à trier leurs déchets et de lutter contre la pauvreté.

Aujourd’hui, cette banque unique au monde compte plus de 3 000 associés. 

C’est en accompagnant son père, professeur d’économie à l’université, qu’il a eu cette idée permettant à la fois aux enfants d’épargner ou de subvenir à leurs besoins, tout en prenant soin de l’environnement.
    

“À l’école, mes camarades utilisaient leur argent pour des autocollants, qu’ils finissaient par jeter par terre. Ce qui, en plus, polluait la planète”, raconte-t-il dans une interview réalisée par le ministère de l’Environnement péruvien.

 
Ce projet a notamment été récompensé par le Prix international Unicef ​​pour le financement en 2014 et le Prix du climat pour les enfants en 2018.
   

100 tonnes de déchets par semaine

Pour ouvrir un compte dans cette banque coopérative, les enfants doivent rapporter 5 kg de déchets recyclables et cotiser 1 sol péruvien (ce qui équivaut à 27 centimes d’euro). En échange, José Quisocala leur donne une carte bancaire.
 
Le contrat stipule qu’il faut ramener au moins un kilo de déchets par mois. Pour chaque kilo, 80 centimes de sol sont reversés sur leur compte (environ 22 centimes d’euro). Les enfants peuvent également échanger leur butin contre de la nourriture ou de nouvelles fournitures scolaires en fonction de leurs besoins. La banque propose même des services d’épargne et de micro-prêt !
 
Les déchets sont quant à eux acheminés vers des entreprises de recyclage qui s’occupent de donner une seconde vie aux bouteilles plastiques ou aux anciens cahiers rapportés.
 
Ces 3 000 clients, âgés de 10 à 18 ans, permettent ainsi de recycler une tonne de déchets chaque semaine. Un des enfants adhérents a même réussi à épargner 800 soles péruviens (près de 215 euros) sur son compte.
 
Déjà 7 kiosques ont été ouverts dans la ville du jeune banquier. L’objectif cette année est d’en créer 25 dans différentes villes du pays, puis d’exporter le modèle dans d’autres pays d’Amérique Latine. 
   

“On espère arriver à 25 000 associés en 2019. On planifie aussi d’ouvrir des bureaux dans toutes les régions du Pérou”, prévoit le plus jeune banquier du monde, interviewé par le média péruvien Diario Correo

    

Un entrepreneur en herbe

Et José Quisocala, aujourd’hui âgé de 14 ans, ne s’arrête pas là. Il a mis en place dans son école des poubelles de tri ainsi qu’un potager vertical dans des bouteilles plastiques recyclées, “pour que les enfants mangent des produits sains”, explique-t-il au micro de la chaine de télévision péruvienne Univision.
 
Il est aussi professeur en “éducation financière”. Il dispense des cours, auprès des enfants et adolescents, pour leur apprendre à épargner leur argent et à adopter des bons gestes pour la planète. Il a même été invité par des universités pour donner des conférences à des étudiants sur son parcours.
 
Disney n’est pas passé à côté de cette histoire exceptionnellle. En septembre, le film documentaire El futuro es nuestro (Le futur est à nous) sortira en salle partout dans le monde, racontant la vie du jeune banquier, au côté d’autres histoires comme celle d’une jeune fille des Émirats arabes unis qui lutte contre les mariages forcés.
   

“Je pense à devenir Président, pour que le Pérou soit le premier pays du monde et non le dernier”, avait même confié le pré-adolescent à la chaine de télévision. 

   
Mais, tant de responsabilités chez les jeunes militants n’est pas toujours facile, comme le rappelait récemment ce pédopsychiatre à We Demain. En 2017, José Quisocala a traversé une période de dépression. “Mes camarades ne comprenaient pas pourquoi la presse me contactait ou pourquoi on venait me chercher en plein milieu d’un cours. Je me sentais mal, j’ai dû aller voir un psychologue”, a-t-il avoué au Diario Correo.

Ajoutant tout de même : “Beaucoup pensent que je ne profite pas de mon enfance. Moi je crois que chacun vit les étapes de sa vie comme il doit les vivre, et moi je suis bien comme ça”.
   

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