Partager la publication "À l’école, les rôles modèles féminins réduisent le gender gap"
Les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes en France, mais encore largement sous-représentées dans les filières scientifiques, où elles ne représentent que 27 % des étudiants en formation d’ingénieur et 28 % des travailleurs dans le domaine des sciences fondamentales.
Pourtant, en fin de lycée, les écarts de compétences entre filles et les garçons dans les matières scientifiques sont faibles, et ne peuvent expliquer qu’une petite partie de ces écarts d’orientation.
Elles sont ainsi bien moins nombreuses à déclarer aimer les maths en comparaison avec leurs camarades masculins, et ce même si elles obtiennent des résultats équivalents à ces derniers en la matière, pointe l’étude Les filles et les garçons face aux sciences parue en 2018 dans la revue Éducation et formation.
Résultat, dès la classe de seconde, près de 60 % des garçons envisagent un métier scientifique, contre 47 % des filles. “Les stéréotypes liés aux carrières scientifiques prévalent chez les filles”, souligne Marion Monnet, économiste à l’Institut des Politiques Publiques et co-autrice de l’étude. Parmi ces idées reçues : une plus grande difficulté pour les femmes à concilier activité professionnelle et vie de famille et une moins bonne perception des fourchettes de salaires.
“Même au sein des sciences, il existe, à niveau égal, une ségrégation assez clivante entre les sexes. Les filles s’orientent massivement en médecine ou en biologie au détriment des autres filières scientifiques“, poursuit la chercheuse.
“Il y a un effet auto-réalisateur : au moment de faire leurs choix d’orientation, les élèves vont moins se tourner vers des secteurs où elles seront sous-représentées, par peur d’être discriminée.“
Un cercle vicieux qui se perpétue en partie car les filles ont “moins de modèles” auxquels s’identifier. D’où l’intérêt de donner plus de visibilité aux femmes scientifiques afin de briser les stéréotypes.
Inspirer les plus jeunes par sa propre expérience Les auteurs des “Filles et les garçons face aux sciences” ont ainsi mis au jour, dans une nouvelle étude soumise à publication en juin dernier, l’importance des rôles modèles féminins, c’est-à-dire des femmes inspirantes par leur comportement, leur parcours et/ou leur réussite, pour donner envie aux plus jeunes de poursuivre des études scientifiques.
Ils ont pour cela mesuré l’efficacité du programme “Pour les Filles et la Science” lancé par la Fondation L’Oréal et l’UNESCO en 2014, qui permet à des scientifiques (chimistes, statisticiennes, logisticiennes…) d’intervenir dans des salles de classe.
L’expérience, menée en 2015 et 2016 auprès de 20 000 élèves de seconde et de terminale S d’une centaine de lycées franciliens, montre des résultats encourageants. Après une heure de discussion, la proportion d’élèves féminines de terminale S s’orientant vers une classe préparatoire (CPGE) scientifique augmente en moyenne de 30 %. Échanger avec des femmes scientifiques a aussi permis, tous niveaux confondus, de réduire la prévalence des stéréotypes sur ces professions.
Autre enseignement de l’étude : les élèves sont davantage inspirées par un discours “positif” sur les femmes et la science plutôt qu’une dénonciation du gender gap. “Nous nous sommes aperçus que les intervenantes déjà insérées sur le marché du travail réussissaient mieux que les jeunes chercheuses à convaincre les filles de changer d’orientation, explique Marion Monnet. Cette différence peut s’expliquer par le fait qu’elles étaient souvent plus expérimentées et plus à l’aise à l’oral, mais aussi parce qu’elles insistaient davantage sur les avantages de travailler dans les sciences, en montrant aux filles que c’était possible et en leur donnant des idées de carrières.“
Le rôle prescripteur des modèles féminins ne se limite pas qu’aux sciences. Dans leurs travaux publiés début août, la chercheuse britannique Catherine Porter et la professeure en économie américaine Danila Serra démontrent que les interventions de professionnelles auprès d’étudiants s’avéraient également efficaces dans le secteur économique.
Elles ont pour cela mesuré, à la Southern Methodist University aux États-Unis, les effets de l’intervention de deux anciennes diplômées spécialisées en économie dans des cours d’introduction à cette matière. Après leur passage, la probabilité que les étudiantes se spécialisent en économie a augmenté de 8 %, et celle de suivre un autre cours d’économie, de 14 %. Ces rencontres n’ont en revanche rien changé aux projet de leurs camarades masculins.
“Les étudiantes qui ont été influencées par l’intervention étaient qualifiées, voire surqualifiées pour réussir, souligne l’étude. Simplement, elles n’envisageaient pas l’économie comme un possible domaine de spécialisation.” Pour rappel, dans le monde, les femmes ne représenteraient que 19 % des économistes.
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