Les voyageurs au départ de Paris Saint-Lazare l’aperçoivent parfois depuis la vitre du train. La Gare Lisch ne figure pas sur Google Maps, ni sur Wikipédia. Elle est pourtant bien là, plantée entre deux voies ferrées, près de la gare d’Asnières-sur-Seine.
Vitres brisées, toiture brûlée, murs tagués, la gare, qui n’a plus accueilli de voyageurs depuis 1936, est en piteux état. Elle pourrait aujourd’hui renaître grâce à une importante mobilisation citoyenne. Des habitants d’Asnières, des fans d’architecture industrielle et des internautes se mobilisent pour la sauver. Car le gare a connu une histoire fascinante : avant d’échouer en banlieue, elle fut une des « hub » ferré principal du centre de Paris.
Since 1878 Tout commence en 1878. Pour sa troisième exposition universelle, Paris a besoin d’acheminer des millions de visiteurs vers le palais des expositions, à coté du Champ de Mars. L’architecte
Juste Lisch, à qui l’on doit également les gares de la Porte Dauphine, de Javel et des Invalides, édifie une gare qui mélange structure métallique, mosaïques et larges verrières. En 1889, une nouvelle exposition universelle a lieu à Paris et la Tour Eiffel s’élève juste à coté de la gare.
À la fin du 19
e siècle, les lignes de chemins de fer gênent cependant l’urbanisation du centre de la capitale. La gare Lisch se voit alors démontée puis remontée intégralement dans une impasse d’Asnières-sur-Seine, son emplacement actuel. Les années passent et l’ancien embarcadère se dégrade sans que la municipalité ni la SCNF ne fassent grand chose pour l’entretenir. En mars 2012, un incendie pousse la mairie à murer la gare et à condamner définitivement son accès au public.
Mobilisation C’est là que les citoyens se mobilisent. Dès 1985, un passionné d’histoire ferroviaire et d’architecture avait fait inscrire le bâtiment aux Monuments Historiques. En 2012, Nicolas Sirot, un riverain, va initier l’opération «
Gare Lisch Renaissance ». Son travail de directeur d’une agence de communication digitale lui permet dans un premier temps de créer un site, une
page Facebook (6000 fans), un
compte Twitter pour la faire connaître. Avec d’autres amoureux de la gare, il imagine son avenir en pôle culturel et économique, la
Cité du Voyage. Les 1 000 m2 de la gare pourraient ainsi accueillir un espace de co-working, des boutiques, des départs d’expéditions, un restaurant, des spectacles… Le lieu visera l’auto-financement pour ne pas dépendre de subventions.
Après la gare d’Orsay devenue musée, la Gare Lisch va-t-elle vivre une seconde vie ? Présenté au Forum des associations du patrimoine industriel, le projet est emblématique d’un nouveau lobbying citoyen rendu possible par les réseaux sociaux. Sur le site
Asnière.fr, on parle de démonter à nouveau la gare pour la reconstruire ailleurs, mais la mairie entend «
poser comme préalable que la ville ne supporte pas financièrement à elle seule la restauration ». Nicolas milite lui pour que «
la mairie maintienne sur place la Gare, seule solution qui serve réellement les habitants d’Asnières.
»
D’ici janvier, une opération de crowdfunding sera lancée pour financer la rénovation. Chacun pourra « parrainer » une partie de la gare en sponsorisant les travaux. En attendant, le réseau Makesense va organiser des workshops pour soutenir la mobilisation pendant que les étudiants de l’école d’architecture de Belleville vont eux imaginer les plans de la future Cité du voyage.