Partager la publication "À Strasbourg, la première monnaie locale complémentaire trilingue"
Le projet prend forme en 2014. Une étude de faisabilité est financée par la mairie, une campagne de financement participatif permet de lever 11 000 euros, des subventions municipales sont votées, des billets sont dessinés et conçus de façon à ne pas pouvoir être falsifiés.
“Notre ambition n’est pas identitaire ou localiste, elle est pragmatique”, raconte Antoine Levy, cofondateur du projet et bientôt salarié de l’association. “Nous suivons le flux économique : comme nous nous situons à cinq minutes de l’Allemagne, beaucoup d’Alsaciens partent faire leurs courses outre-Rhin, et vice versa. Si nous y parvenons, ce serait la naissance de la première monnaie complémentaire transfrontalière.”
“Au total, plus de trente professionnels se sont associées au réseau pour le moment, nous espérons en fédérer trente autres d’ici septembre et 150 à 300 au cours des deux prochaines années”, détaille Antoine Levy.
En rejoignant le réseau, les commerçants et les entreprises partenaires acceptent aussi de bousculer leurs façons de fonctionner en interne.
“Les membres du Stück s’engagent à signer notre charte de valeurs, puis à répondre à un défi. Alors qu’un boulanger s’est, par exemple, dit prêt à partager ses savoir-faire avec une association d’accompagnement des handicapés mentaux, certaines autres entreprises se sont lancées dans le compostage de leurs déchets ou dans la vente de produits locaux”, décrit le co-fondateur.
Une façon, pour la vingtaine de bénévoles et les quatre futurs employés du Stück, “d’accélérer le changement vers une économie plus humaine, écologique et solidaire”.
“C’était un engagement de campagne du maire Roland Ries que de soutenir l’essor d’une monnaie complémentaire locale, explique Paul Meyer, adjoint en charge du numérique et de l’économie sociale et solidaire, le but étant de redynamiser l’économie locale tout en touchant des sociologies différentes”.
Voyant dans ce projet une “bataille culturelle”, l’élu veut croire que cette nouvelle monnaie permettra aux magasins situés dans les quartiers populaires de “retrouver un sens” à leur activité. Tout en fédérant les clients des différents quartiers de la ville autour d’une devise familière.
“En ces temps de disette budgétaire et de recherche d’un modèle économique viable, le Stück peut être un exemple à suivre à plusieurs niveaux“, avance Paul Meyer.
“Toucher à l’argent, c’est susciter des peurs auprès des citoyens, qui ont automatiquement la crainte d’en être dépossédés”, se souvient Antoine Levy.
“À terme, nous souhaitons embarquer toute la ville. Les commerçants, mais aussi l’accès aux services communaux, comme la patinoire ou les piscines municipales, pourraient alors être payés en Stück”, anticipe Antoine Levy.
Une espérance que partage le conseil municipal, qui a délibéré le 18 mai en faveur de la monnaie complémentaire locale. Avant de tenter la traversée du Rhin, les promoteurs du Stück entendent rassembler 500 à 3 000 usagers côté français.
Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil
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