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Animal Crossing, nouveau foyer (mignon) de la contestation

Le jeu vidéo Animal Crossing, sorti en mars dernier sur Nintendo Switch, est détourné par des militants confinés – Gilets Jaunes en France ou activistes pro-démocratie à Hong Kong – pour défendre leurs revendications politiques.

Le 30/04/2020 par Pauline Vallée
Parapluies et slogans pro-démocratie : à  Hong Kong, les joueurs importent leurs revendications dans le jeu vidéo. (Crédit : @nintendo)
Parapluies et slogans pro-démocratie : à  Hong Kong, les joueurs importent leurs revendications dans le jeu vidéo. (Crédit : @nintendo)

Confinement oblige, les traditionnels cortèges ne défileront pas cette année à l’occasion de la Fête du Travail. L’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes depuis le 15 mars dernier en France pousse donc les militants à faire preuve d’imagination pour défendre autrement leurs opinions, nous vous en parlions déjà dans cet article. 
 

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La sortie du jeu vidéo Animal Crossing : New Horizons sur la console Nintendo Switch, le 20 mars dernier, leur a offert un outil supplémentaire pour défendre leurs revendications.

Ce nouvel opus de la franchise, créée en 2001 par le géant japonais Nintendo, n’a à priori rien de très politique : le joueur évolue dans sa propre île virtuelle, peuplée d’animaux paisibles, où tout n’est que mignonnerie, calme et volupté. La popularité du jeu, son haut degré de personnalisation et la possibilité d’y jouer jusqu’à  huit, l’ont cependant transformé en vitrine kawaï de la contestation. 

A Hong Kong, les militants pro-démocratie s’en sont ainsi emparé pour critiquer la politique menée par Carrie Lam, cheffe pro-régime de l’exécutif hongkongais. Le portrait de la responsable politique, reproduit dans le jeu, a été recouvert de sacs d’ordure, de crottes de dinosaure fossilisées, ou encore symboliquement frappé à coups de filet à papillon, l’un des nombreux outils mis à disposition des joueurs.

Le jeu permet également de concevoir des motifs et habits personnalisés, puis de les partager via un QR code. Les activistes ont ainsi pu recréer la tenue traditionnelle des manifestants hong kongais (vêtements noirs, masques à gaz…), ainsi que des pancartes représentant de nombreux symboles de la contestation (fleurs de bauhinia, rubans jaunes, parapluies) et des slogans comme “Free Hong Kong, Revolution Now”.

Animal Crossing est un espace dépourvu de censure politique, c’est donc le bon endroit pour continuer notre combat”, déclare Joshua Wong, figure emblématique du mouvement pro-démocratie, dans le magazine Wired. Une mobilisation purement symbolique, mais qui n’a pas manqué de déranger : le jeu vidéo a d’ailleurs été retiré de la vente mi-avril en Chine.

Le jeu vidéo, vieil outil de contestation

L’idée a fait son chemin jusqu’en France, où des manifestations virtuelles ont également été organisées sur Animal Crossing pendant le confinement.

Dès le 21 mars, des joueurs Gilets Jaunes lancent une mobilisation, avec pancartes anti-Macron. Des travailleurs et travailleuses du sexe y organisent également, du 8 au 13 avril, un rassemblement afin de protester contre la  loi de pénalisation des clients de la prostitution, rapporte le magazine Têtu.

Animal Crossing n’est pas le premier jeu vidéo à être détourné à des fins politiques. En 2018, des manifestations virtuelles de Gilets Jaunes avaient été reproduites sur  The Crew 2 et GTA Online. Plus réalistes, ces rassemblements 2.0 incluaient blocus, fumigènes et camions de gendarmerie.

“Libérez Hong Kong”, développé en novembre dernier par un groupe de manifestants hong kongais, propose même aux joueur de vivre, via la réalité virtuelle, un affrontement avec les forces de l’ordre comme s’ils étaient en première ligne. 
 

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