Partager la publication "Animal Crossing, nouveau foyer (mignon) de la contestation"
Confinement oblige, les traditionnels cortèges ne défileront pas cette année à l’occasion de la Fête du Travail. L’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes depuis le 15 mars dernier en France pousse donc les militants à faire preuve d’imagination pour défendre autrement leurs opinions, nous vous en parlions déjà dans cet article.
A lire aussi : Comment manifester quand les rassemblements sont interdits ?
La sortie du jeu vidéo Animal Crossing : New Horizons sur la console Nintendo Switch, le 20 mars dernier, leur a offert un outil supplémentaire pour défendre leurs revendications.
Ce nouvel opus de la franchise, créée en 2001 par le géant japonais Nintendo, n’a à priori rien de très politique : le joueur évolue dans sa propre île virtuelle, peuplée d’animaux paisibles, où tout n’est que mignonnerie, calme et volupté. La popularité du jeu, son haut degré de personnalisation et la possibilité d’y jouer jusqu’à huit, l’ont cependant transformé en vitrine kawaï de la contestation.
A Hong Kong, les militants pro-démocratie s’en sont ainsi emparé pour critiquer la politique menée par Carrie Lam, cheffe pro-régime de l’exécutif hongkongais. Le portrait de la responsable politique, reproduit dans le jeu, a été recouvert de sacs d’ordure, de crottes de dinosaure fossilisées, ou encore symboliquement frappé à coups de filet à papillon, l’un des nombreux outils mis à disposition des joueurs.
This is how #hongkong ppl spend our time during coronavirus lockdown – villain hitting in #animalcrossing, the villain is #CarrieLam, the worst governor in #hongkong history.#AnimalCrossingNewHorizons#StandWithHK pic.twitter.com/K5AbOTl9tD
— Studio Incendo (@studioincendo) April 1, 2020
This is what we do in #AnimalCrossing… maybe it’s why these people are so anxious to go back to the game!! pic.twitter.com/vVeaGq54lv
— Joshua Wong 黃之鋒 (@joshuawongcf) April 10, 2020
“Animal Crossing est un espace dépourvu de censure politique, c’est donc le bon endroit pour continuer notre combat”, déclare Joshua Wong, figure emblématique du mouvement pro-démocratie, dans le magazine Wired. Une mobilisation purement symbolique, mais qui n’a pas manqué de déranger : le jeu vidéo a d’ailleurs été retiré de la vente mi-avril en Chine.
Le jeu vidéo, vieil outil de contestation
L’idée a fait son chemin jusqu’en France, où des manifestations virtuelles ont également été organisées sur Animal Crossing pendant le confinement.
Dès le 21 mars, des joueurs Gilets Jaunes lancent une mobilisation, avec pancartes anti-Macron. Des travailleurs et travailleuses du sexe y organisent également, du 8 au 13 avril, un rassemblement afin de protester contre la loi de pénalisation des clients de la prostitution, rapporte le magazine Têtu.
super moment merci @AtsumoriLonely #AnimalCrossing #ACNH #NintendoSwitch pic.twitter.com/8rxqWM47zb
— dolores tuning (@hiankey) March 21, 2020
Animal Crossing n’est pas le premier jeu vidéo à être détourné à des fins politiques. En 2018, des manifestations virtuelles de Gilets Jaunes avaient été reproduites sur The Crew 2 et GTA Online. Plus réalistes, ces rassemblements 2.0 incluaient blocus, fumigènes et camions de gendarmerie.
“Libérez Hong Kong”, développé en novembre dernier par un groupe de manifestants hong kongais, propose même aux joueur de vivre, via la réalité virtuelle, un affrontement avec les forces de l’ordre comme s’ils étaient en première ligne.
A lire aussi : Sport, réseaux sociaux, mobilisation : comment Fortnite change les règles du jeu