Partager la publication "Au Groenland, le fascinant bal des nervals de Tremblay Sound"
Après une traversée de nuit de la mer de Baffin, nous arrivons au Nunavut, territoire inuit autonome du Grand Nord canadien. Arrêt à Pond Inlet pour les formalités douanières. Pendant que les douaniers vérifient les passeports, Raphaël Sané, le chef d’expédition donne les consignes à respecter pour éviter tout accident avec les ours qui peuvent surgir à tout moment, n’importe où.
Des ours polaires ont été observés en pleine mer à 300 km des côtes. Ils peuvent apparaître soudainement au détour d’un rocher. Les consignes relèvent du bon sens : rester ensemble, ne pas emmener de nourriture… à chaque sortie six sentinelles armées de jumelles et de fusils militaires seront postées pour sécuriser le périmètre, le but étant d’éviter toute confrontation.
Des animaux de l’Arctique tués pour rien
Jean-Pierre Sylvestre, le spécialiste des mammifères marins, part en zodiac examiner le corps. Compte-rendu : il a été tué d’une balle dans la nuque par des Inuits qui ont droit à un petit quota annuel. Mais deux narvals sur trois coulent et ils les perdent. Au bout de quelques jours les animaux morts remontent flotter à la surface. Il fait près de quatre mètres et doit peser autour d’une tonne. L’autre a perdu sa tête pour une raison inconnue et les oiseaux piquent leur bec dans sa graisse.
Méditation géologico-biologique
Mais les scientifiques ont placé un filet, et nous les voyons draguer vers la plage une femelle. Ils prélèvent du sang, un peu de tissu pour l’analyse ADN, mais l’eau se teinte de rouge sur 100 m. Y a-t-il eu incident ? Je n’ai jamais vu que des prélèvements entraînent une telle perte… Le temps me paraît bien long pour l’animal stressé qui est relâché avec sa balise au bout de trois quarts d’heure.
Des couches noires signalent des filons de fer rappelant que l’apparition de la photosynthèse il y a 3,7 milliards d’années, a provoqué pendant plus d’un milliard d’années l’oxydation du fer qui saturait l’eau des océans. C’est ainsi que le fer oxydé s’est déposé sur les fonds marins et que nous l’exploitons aujourd’hui.
Ce n’est que lorsque tout le fer a été oxydé, il y a 2,2 milliards d’années que l’oxygène – qui n’était plus mobilisé par le fer – a pu enrichir l’atmosphère, bouleversant les équilibres biologiques, aux dépends des archées anaérobies. Ces êtres monocellulaires archaïques – comme leur nom l’indique – ont du se réfugier dans les grandes profondeurs des océans pour fuir l’oxygène toxique pour elles. Nous en avons aussi dans les profondeurs de… nos intestins. Mais c’est une autre histoire.
Exultation
Jean-Pierre dénombre plus de 600 narvals, des mâles, des femelles, beaucoup de petits pas encore sevrés, des femelles plus âgées qui deviennent presque blanches comme les beluga, leurs cousins… Un spectacle rare. Après une heure d’observation, le bal des narvals continue. Une véritable exultation m’envahit. Malgré les prédateurs, la vie poursuit sa danse ! Un petit groupe d’oies des neiges prend son envol.
Pour en savoir plus :
www.hww.ca/fr/faune/mammiferes/le-narval.html
Il est l’auteur de nombreux livres, dont Okinawa, un programme global pour mieux vivre, le rédacteur de www.lanutritherapie.fr, et continue à peindre et à voyager afin de faire l’expérience du monde sous ses aspects les plus divers.
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