Au Kenya, cinq adolescentes ont créé une application pour aider les victimes d’excision

“Les Restauratrices”, c’est le nom que se sont donné cinq adolescentes kenyanes âgées de 15 à 17 ans. Ces dernières souhaitent en finir avec les mutilations génitales féminines et “redonner de l’espoir aux filles qui n’en ont plus”.
 
Elles ont pour cela créé une application baptisée iCut, encore au stade du développement. Cette dernière permet aux jeunes filles menacées d’excision d’entrer en contact avec des centres de secours. Une idée intéressante dans un pays où 87 % de la population possède un téléphone mobile.

L’appli offre également une aide juridique et médicale aux femmes ayant subi ces mutilations. Téléchargeable sur smartphone, l’interface comporte, selon elles, cinq boutons : “aide”, “secours”, “témoigner”, “informations sur les mutilations génitales” et “commentaires”.


https://twitter.com/technovation/status/882725821923897346

Si elles n’y ont pas été personnellement confrontées, Purity Achieng, Ivy Akinyi, Mascrine Atieno, Cynthia Otieno et Stacey Owino connaissent des jeunes filles ayant subi ces actes.

À propos d’une camarade de classe, Purity Achieng explique à la Fondation Thomson Reuters  : “Nous étions très proches mais après avoir été excisée, elle n’est jamais revenue à l’école. C’était une des filles les plus intelligentes que je connaissais”.

Des mutilations illégales mais toujours pratiquées

Illégales au Kenya, ces mutilations y sont pourtant toujours pratiquées. Elles impliquent l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ; c’est-à-dire celle du clitoris, des petites lèvres voire le rétrécissement de l’orifice vaginal.

Selon l’association Excision, parlons-en !, elles sont vues par ceux qui la pratiquent comme un rite de passage à l’âge adulte ayant valeur “d’initiation des jeunes filles à leur rôle de femmes”.

Selon les derniers chiffres du rapport de l’UNICEF de 2016, 21 % des femmes kenyanes de 15 à 49 ans sont victimes de mutilation génitale. Au moins 200 millions de filles et femmes en vie aujourd’hui en ont subi, dans 30 pays. Parmi elles, 44 millions ont moins de 15 ans.

L’association Excision, parlons-en ! précise que “les mutilations sexuelles féminines ne présentent aucun avantage pour la santé et entrainent de graves conséquences physiques et psychologiques tout au long de la vie des femmes”.
 

Elles exposent les filles et femmes victimes d’excision à “des douleurs intenses, des saignements voire une hémorragie” qui peuvent éventuellement entraîner le décès. D’autres complications peuvent survenir par la suite : infections, problèmes urinaires et menstruels, risques à l’accouchement pouvant résulter par la mort de la mère et de l’enfant.

Encourager les filles à devenir des entrepreneures dans la Tech

Le 6 août, “Les Restauratrices” se sont envolées pour les États-Unis. Elles vont affronter cinq équipes venues du monde entier lors du Technovation Challenge, qui se déroule à San Francisco du 7 au 11 août. Objectif ? Tenter de remporter le premier prix, soit un chèque d’environ 12 000 euros, pour poursuivre le développement de leur application.


https://twitter.com/LakeHub/status/894885506856755200

Ce programme de l’ONG Iridescent, parrainé par Google et les Nations Unies, vise à aider les femmes à acquérir les compétences nécessaires pour devenir entrepreneures dans la Tech. Depuis 2010, il met chaque année des filles de 10 à 18 ans au défi de créer une application qui résout les problèmes auxquels sont confrontées leurs communautés.

En France, il est possible de trouver des informations sur les mutilations génitales féminines sur le site de l’association Excision, parlons-en !

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