Partager la publication "Avec ma femme et mes enfants, nous avons quitté nos vies urbaines pour partir en roulotte"
Il y a plusieurs années, je courais tout le temps. Le lundi matin, le réveil sonnait vers 6 heures, je me levais, parfois péniblement, et j’enfilais mon costume (toute ressemblance avec une pièce de théâtre est fortuite !). Puis après avoir avalé le premier café de la journée, je rentrais dans ma voiture de fonction, pour attaquer, les kilomètres, enchaîner les rendez-vous, me retrouver au restaurant le midi, à l’hôtel le soir, passer un coup de téléphone à ma femme et aux enfants, préparer des contrats, avant de repartir le lendemain matin…
Enfin arrivait le week-end, je retrouvais ma famille, mon pavillon de banlieue, mon monospace, mes deux enfants et mon chien. Mais aussi les amis, les sorties, les obligations… Et c’était de nouveau lundi.
Point de bascule
Toujours plus. Toujours plus vite. Toujours plus loin. Toujours plus d’argent. Toujours plus de dépenses. Toujours moins de temps.
Puis par une journée ensoleillée de juin, avec ma femme, nous avons décidé de mettre un terme à cette vie folle. Cette vie où nous courions après une carotte, comme un lévrier court après un lapin dans un champ de course.
Après une quête inatteignable qui avait fini par nous faire oublier le sens de la vie, “Être”. Un point de bascule était franchi. Pour les besoins de cet article, je fais court, mais ça n’a pas été aussi simple que ce que je vous le raconte. Qu’importe, vous allez comprendre où je veux en venir.
Changer de vie
J’ai construit ma première roulotte. De mes mains. Avec mon cœur. Mais aussi avec la vitesse. Nous voulions changer de vie, mais il fallait aller vite, il fallait construire la roulotte vite. Il fallait trouver des chevaux rapidement. En trois mois, la roulotte était construite, les chevaux étaient là… Nous étions allés vite. Mais la vie a une musique bien à elle. Le rythme de la vie, nous ne pouvons l’influencer.
Aussi, pour notre première paire de chevaux, nous nous sommes laissés escroquer. Et il a fallu laisser le temps agir. Nous avons finalement retrouvé une nouvelle paire de chevaux, et par un début d’après-midi en ce 19 avril 2013, neuf mois après le début de cette entreprise, nos chaînes se sont brisées, et nous sommes partis sur les routes à l’aventure. La plus grande qui soit, l’aventure au plus profond de nous-mêmes.
Être
J’ai découvert “ne rien faire”. Savez-vous que lorsque l’on ne fait rien, on ne fait pas du tout rien ? Savez-vous qu’à chaque seconde dans notre corps, se meurent et se créent 2 000 cellules ? Que notre cerveau traiterait près de mille milliards de milliards d’informations ? Savez-vous que notre peau reçoit des centaines de milliers de photons ?
Avez-vous conscience du nombre de pensées qui vous arrivent à la seconde ? Avez-vous conscience de votre environnement, là, ici et maintenant ? Comment pouvez-vous dire que vous ne faites rien ? Alors que vous faites la plus belle chose au monde, vous ÊTES.
Enfin du temps
Pourtant, ma vie était remplie de choses à faire. Mais le temps était devenu mon allié. Ce que je n’ai pas fait aujourd’hui, je le ferai demain. Si j’ai pris le temps de discuter, de me balader, de ne rien faire, ce n’est pas important. Chaque jour le soleil se lève, et chaque jour le soleil se couche. Inlassablement. Il ne cherche à rien faire d’autre qu’ÊTRE lui-même. La vie en roulotte, ce n’était pas tout rose. Mais nous avions pour nous, enfin, du temps, au sens lenteur du terme.
Nouvelles habitudes
Continuer à voyager oui, mais nous allions passer de la roulotte tractée par deux chevaux de traits, à un ancien car scolaire, équipé de 170 chevaux. Un jour, notre grosse maison roulante fut là, devant nous. Puis j’ai tourné la clé et nous avons fait 300 kilomètres. Nous qui en faisions entre 4 et 12 maximum, et encore pas tous les jours… c’était un choc.
Assez vite, nous avons pris conscience que notre âme, elle, ne voyage pas aussi vite que notre corps physique. Qu’il nous fallait un temps “d’adaptation”. Petit à petit, nous avons pris de nouvelles habitudes, et notre conscience du temps s’est grignotée. Avec la possibilité de faire plus de choses, nous nous sommes mis à en faire davantage. Chaque semaine un peu plus, chaque mois un peu plus. Et encore un peu. Oh, oui, parfois notre corps nous rappelait à l’ordre. Il est important de ralentir. Et durant deux ou trois jours, nous tournions au ralenti, pour reprendre de plus belle.
Moyens technologiques
Et comme par un éclair, une illumination… J’ai compris ! Tout a eu enfin du sens. Grâce à nos moyens technologiques, nous accélérons le temps. Nous nous déplaçons de plus en plus, de plus en plus vite, de plus en plus loin. Nous travaillons de plus en plus, de plus en plus vite, de plus en plus loin. Nous achetons de plus en plus de choses, de plus en plus vite, de plus en plus loin. Nous nous informons de plus en plus, de plus en plus vite, de plus en plus loin.
Point d’équilibre permanent
Pour qu’un équilibre se crée, il lui faut une compensation égale à son contraire. Vous poussez de 10 à droite, il vous faudra pousser de 10 à gauche pour créer un équilibre, un point zéro.
Aussi, plus nous accélérons le temps (qui cela dit en passant n’est en réalité qu’une accélération matérielle du temps), plus il nous faudra ralentir notre propre rythme pour atteindre ce point zéro.
Bon admettons que j’aie raison, bien que comme le disait Gandhi au sujet de la perception “chacun a raison de son propre point de vue, mais il n’est pas impossible que tout le monde ait tort”, qu’est-ce que l’on fait avec ça ?
Quelques conseils
- Je m’accorde un temps de méditation, de calme intérieur, le matin à mon réveil. Quitte à me réveiller 15 minutes plus tôt.
- Dans ma journée, je fais des choses en conscience. “Tiens, que me procure comme sensation ce fruit lorsque je le mets dans ma bouche ?” Plusieurs fois dans la journée j’observe mon environnement, j’observe mon corps.
- Je fais une liste des choses bonnes et utiles pour mon âme chaque semaine et m’attèle à les réaliser. Marcher dans la nature, lire un livre,…
- Je réalise des choses qui me font plaisir. Cela me rend plus vivant. Cela me permet de réaliser de nombreuses choses dans un temps donné.
- J’utilise une cloche de conscience. Je peux par exemple faire sonner un réveil toutes les deux heures. À chaque fois que la sonnerie retentit, je prends conscience de mon environnement.
- J’ai de la gratitude pour ce qui est.
Niveau de conscience
POUR EN SAVOIR PLUS
– MYTAE, une aventure dans un ancien car scolaire devenu notre maison
Contact :
Yannick BERNARD
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yannick@mytae.fr