Ces 3 inventions de la série “Years and Years” qui font peur

Quand la candidate populiste Vivienne Rook déclare “Je n’en ai rien à faire du conflit Israëlo-palestinien”, les téléspectateurs se ruent sur leur téléphone pour parler de ce scandale qui devient alors le sujet le plus commenté sur les réseaux sociaux. Elle conclut cette intervention par : “Mais vous m’écoutez maintenant, non ?”.

Ces 30 premières secondes de Years and Years donnent le ton : la série d’anticipation diffusée sur Canal + met en scène un avenir angoissant, car très sombre, mais aussi très plausible. L’histoire se déroule entre 2024 et 2030 en suivant le quotidien d’une famille anglaise assez banale pour être attachante, pour que chacun s’y projette. Et accentue de manière réaliste les dérives d’aujourd’hui : populisme, crises financières, guerres, réchauffement climatique…

Sans vous “spoilez”, voici 3 phénomènes technologiques présents dans cette série…  qui poussent à réfléchir à l’avenir que l’on désire vraiment.

Transhumanisme

Dans Years and Years, le transhumanisme s’incarne dans le personnage de Bethany, adolescente qui grandit avec les nouvelles technologies et qui souhaite devenir cette technologie. Elle commence par se cacher derrière des filtres Snapchat physiques. Mais son rêve absolu est de faire disparaitre son corps, de se dématérialiser. Elle intègre d’abord son téléphone à ses doigts, puis parvient à s’approcher de son but en 2028, quand son corps entier devient connecté. Avec un Wifer (point d’accès Wi-Fi) relié au cerveau, elle peut se connecter à tous les appareils, et hacker GPS, webcam, caméras de surveillance … Dans le cas de Bethany, le transhumanisme est un fantasme d’omnipotence, de tout voir, tout entendre, tout contrôler, tout partager.

Le transhumanisme apparaît également sous d’autres formes. L’arrière grand-mère de Bethany, Muriel, souffre de dégénérescence maculaire. Grâce à un implant injecté dans l’oeil, elle peut complètement récupérer sa vue. Cependant, pour subir l’opération à temps, il faut payer le prix fort. Years and Years avertit : le transhumanisme n’est plus très loin… mais il ne sera pas pour tout le monde.
 

Des robots à tout faire

Signor et Keith sont les deux robots créés par la série pour faciliter la vie domestique des personnages. Le premier est une enceinte Google Home augmentée : plus grande, avec plus de fonctionnalités et complètement autonome. Sa présence est si importante qu’elle est presque considérée comme un membre de la famille. Dans un futur plus éloigné, l’enceinte intelligente est même dématérialisée et permet à tous les foyers de profiter de ses services.

Quant à Keith, c’est un robot humanoïde qui aide aux tâches quotidiennes, et prend une place bien plus importante que celle d’une simple machine. C’est l’esclave du XXIe siècle en quelque sorte, dont l’homme abuse. Même sexuellement.

Deepfake politique

Voilà ce qui fait peut-être le plus froid dans le dos dans cette série. Les deepfakes, consistant à changer le visage d’une personne sur une vidéo, existent déjà aujourd’hui. Une “imitation” de Barack Obama par le réalisateur Jordan Peele était déjà apparue il y a plus d’un an. Nous vous parlions aussi récemment de l’application Zao, qui permet de mettre son visage sur celui d’un personnage de série. Dans Years and Years, c’est la candidate Vivienne Rook qui utilise le deepfake pour décrédibiliser ses adversaires lors des élections législatives.

Mais bien d’autres phénomènes font trembler dans la série, qui ne sont pas toujours liés à la technologie. Years and Years met par exemple en garde contre le conspirationnisme. Les théoriciens de la “Terre plate” font de plus en plus de bruits dans la série, comme aujourd’hui (9 % des Français pensent déjà que la Terre est plate, selon un sondage de l’Ifop réalisé en décembre 2017). Dans la série circule aussi l’idée que les microbes n’existent pas. Une fake news qui a déjà été relayée par des personnes influentes comme l’analyste et présentateur de la Fox Pete Hegseth… Rappelant que la réalité est parfois aussi angoissante que la fiction.

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