[Chronique] Tous taxis ?

Après avoir vu débarquer les motos scooter, les taxis doivent faire face à l’arrivée d’une nouvelle concurrence : les VTC (voitures de tourisme avec chauffeur).
 
Le taxi traditionnel maraude, et vous l’arrêtez quand vous voulez, vous le réservez par standard, ou il attend en station. Pour les VTC, la réservation se fait par smartphone et dans leur argumentaire, ils communiquent sur des voitures en meilleur état avec plus de service à bord. Pour être VTC, pas besoin d’acheter la coûteuse licence des taxis. Il suffit du permis B, d’une formation de 250 heures, et d’une belle berline (les VTC sont des véhicules hauts de gamme).

Les VTC veulent plus

Uber a lancé en février Uberpop, un service de covoiturage low cost ouvert à tous les particuliers, titulaires du permis de conduire depuis plus de trois ans et d’une assurance personnelle pour leur véhicule. À partir de 21 ans, chacun peut donc s’improviser désormais chauffeur de taxi avec une quatre portes et gagner sa vie sans avoir de licence, ni de formation. L’application calcule automatiquement le tarif au kilomètre : le particulier-chauffeur est rémunéré quatre euros minimum par trajet, plus 35 centimes par minute ou 80 centimes au kilomètre.
 
Pour Uber, la France est un pays à part. C’est à Paris, en 2008, que ses fondateurs ont eu l’idée de créer la société. “Notre croissance ici s’est accélérée en 2013 ; nous disposons de plusieurs centaines de chauffeurs“, affirme M. Goretti un responsable. “Nous lançons surtout le service UberPOP à Paris parce que c’est une place forte de l’économie collaborative.
 
D’autres plates-formes permettant à tout un chacun de devenir chauffeur arrivent sur le marché, dans un esprit plus collaboratif et communautaire. C’est le cas de Djump. “A la base, on est une société belge qui visait à favoriser le covoiturage entre employés pour aller au bureau, raconte Tanguy Goretti, son fondateur. On s’est rendu compte qu’il fallait créer une application mobile pour cela. Petit à petit, Djump est devenue une sorte de communauté privée de chauffeurs se rendant service à tour de rôle. Chez nous, il n’y a pas de tarif imposé, chacun donne ce qu’il veut à la fin du trajet.” Aujourd’hui, Djump rassemble des jeunes et des étudiants qui deviennent chauffeurs le temps d’un week-end ou d’une soirée pour se payer leur plein ou le contrôle technique de leur véhicule. “Il n’y a pas d’utilisation permanente et professionnelle. C’est un outil pour arrondir les fins de mois“, explique Tanguy Goretti.
 
L’application Heetch va encore plus loin dans la voie du transport communautaire. Elle cible exclusivement les noctambules sans moyen de transports après une soirée arrosée ou en sortant de boîte de nuit. “Un horaire où les taxis sont souvent débordés et très chers, explique Mathieu, un des fondateurs. Ici, le passager monte devant, on se tutoie, on peut mettre la musique à fond“. “Cela permet d’éviter la “cassure” d’un trajet avec un taxi conventionnel lorsqu’on veut faire la fête toute la nuit“. Comme pour Djump, la communauté de Heetch est faite d’étudiants qui cherchent à gagner un peu d’argent le week-end.
 

La bataille n’est pas perdue pour les taxis

En Belgique, Uberpop a en tout cas été interdit. En France, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a saisi la justice car la légalité du covoiturage est “consacrée par la Cour de Cassation, à condition qu’il ne soit pas pratiqué dans un but lucratif“. Or la DGCCRF estime que l’une “des plateformes de mise en relation d’usagers entretient une confusion entre le covoiturage et un service de transport de personnes à but lucratif“.
 
Un médiateur vient d’ailleurs d’être nommé pour tenter de rédiger un nouveau protocole de vivre ensemble entre anciens et nouveaux taxis.

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