Partager la publication "Climat, biodiversité… 27 % des députés ont suivi la formation express des scientifiques"
Pendant trois jours, à quelque 50 mètres de l’Assemblée nationale, une quarantaine de scientifiques de renom se sont mobilisés pour un moment de pédagogie auprès des députés fraîchement élus. L’action est née de l’initiative de l’ex-député écologiste de Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin et du climatologue Christophe Cassou. Elle a été organisée en partenariat avec le collectif Pour un réveil écologique et a attiré un total de 154 députés. “Soit 27% de l’hémicycle”, s’est enthousiasmé Matthieu Orphelin, dans un compte rendu publié sur son compte Twitter. WE DEMAIN a fait un tour sous la tente-école pour mieux comprendre la démarche.
Cette action de formation et sensibilisation est “une première mondiale”, se félicite Hugo Viel, activiste climat et collaborateur parlementaire de Matthieu Orphelin. “Le consensus scientifique est unanime, nous avons trois ans pour agir efficacement, explique-t-il à WE DEMAIN. La question des limites planétaires est donc au cœur de ce mandat. Et les députés n’ont pas forcément la pleine connaissance écologique. Ici, la communauté scientifique leur offre une brève formation, mais il y a l’ambition de continuer le dialogue ensuite.“
Sous la tente, une organisation millimétrée
Si les thèmes abordés sont on ne peut plus sérieux, l’ambiance reste décontractée sous la tente blanche installée pour l’événement. Chaque député peut s’entretenir avec un binôme de scientifiques – l’un spécialisé sur le climat, l’autre sur la biodiversité. La formation express dure 20 à 30 minutes. L’organisation essaye, lorsque c’est possible, d’intégrer un expert des politiques climatiques au groupe de travail.
Bien qu’une demie-heure ne soit évidemment pas suffisante pour aborder l’ensemble des thématiques environnementales, écologiques et climatiques, les scientifiques espèrent avant tout “faire passer les points clés” aux députés, confie Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS.
Poser les bases et inviter les députés à approfondir leurs connaissances
“Notre feuille de route est le consensus scientifique. On s’appuie sur les rapports du GIEC, de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) et d’autres rapports internationaux, ajoute Jean-Baptiste Sallée. Nous faisons le premier pas vers les élus, mais c’est ensuite à eux de s’en saisir.” Les députés se voient donc remettre un “résumé de résumé du dernier rapport du GIEC”. Ce sont dix points clés mis en avant par le collectif Pour un réveil écologique.
Des trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre aux leviers d’action en passant par l’urgence à agir… les députés sont alertés sur les principaux points avancés par la communauté scientifique. Certes “l’idéal aurait été que la majorité absolue des députés soit présente pour cette action. Mais, tout comme chaque tonne de CO2 compte, chaque député compte”, conclut le climatologue.
Une représentation politique tronquée
Sur les 154 députés formés, de quel horizon politique venaient-ils ? La grande majorité ayant fait le détour devant la station de métro Invalides sont des élus d’Ensembles ! (80) et NUPES (70). Du côté du bloc présidentiel, 49 députés LREM, quinze Horizon, onze Modem et cinq Agir étaient au rendez-vous. Dans l’opposition NUPES, 36 députés La France Insoumise, onze PS, seize Europe Ecologie Les Verts, quatre Génération.s, deux Génération Ecologie et un Parti Communiste sont venus se former aux enjeux du climat et de la biodiversité, des problématiques intrinsèquement liées. Dans la droite de l’hémicycle, seul un député des Républicains et un autre de Rassemblement National ont fait le déplacement.
Hugo Viel regrette que, justement, les partis qui traitent le moins de ces questions dans leur politique soient ceux qui ont principalement boudé cette rencontre avec les scientifiques. Pourtant, “ils ont tous à apprendre sur ces sujets complexes et une formation en accéléré à l’occasion de leur pré-rentrée législative envoie un message fort pour le mandat en cours”, estime Hugo Viel. Visiblement, même face aux effets dramatiques du réchauffement climatique, certains ne sont pas très chauds pour se former au climat et à la biodiversité…