Partager la publication "“Contre le populisme”, les plats de ce restaurant sont cuisinés par des femmes réfugiées"
We Demain l’a rencontrée lors du Positive Economy Forum, au Havre, auquel elle s’est rendue pour présenter ce projet qui essaime aujourd’hui hors du Royaume-Uni : en Australie (Melbourne, Sydney…), en Allemagne (Berlin), et peut-être bientôt en France et en Italie :
“J’ai deux obsessions : la cuisine et le féminisme. Et une conviction : les gens se déplacent. C’est un fait, et cela va continuer – il faut d’autant plus leur faciliter la tâche dans un contexte sociopolitique de populisme rampant”, nous raconte sans détour celle que tout le monde appelle “Nikki”.
Contribuer à l’économie d’un pays
Une trajectoire motivée, entre autres, par l’amour qu’elle porte à sa marraine, grecque elle aussi. Oppressée par un mari à l’autorité patriarcale, elle n’aura jamais pu vivre de son talent, la cuisine, pourtant adoubé par tout son quartier. Au lieu d’ouvrir une boulangerie et de vivre de ses délices, elle est restée femme au foyer, à élever les enfants. Une histoire qui marque Nikandre Kopcke :
“Je n’ai eu de cesse d’y penser. Quand j’ai rencontré, au centre d’accueil de migrants, toutes ces cuisinières bénévoles issues de l’immigration, qui travaillaient gratuitement dans l’ombre, mais qui pouvaient ainsi, au moins, entrer en contact avec d’autres personnes, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour les soutenir : l’intégration, ça marche en permettant aux gens de contribuer à l’économie d’un pays”.
Soutenir des femmes venues des quatre coins du monde
Sénégal, Turquie, Nicaragua, Pérou, Ethiopie, Iran… Les plats proposés viennent de pays aussi divers que leurs cheffes. Au début, elles sont deux. Aujourd’hui, Nikandre Kopcke travaille avec trois employés, dix cuisinières et reçoit plus de 40 candidatures par semaine : depuis 2012, elle a déjà formé plus de 15 femmes au sein de Mazi Mas. Payées 9,40 livres l’heure, au-dessus du salaire minimum, elles travaillent à mi-temps, 16 heures et cinq fois par semaine. En cuisine le soir, elles sont aussi formées, notamment pour lancer par la suite leur propre business.
Quand Mazi Mas n’occupe pas de lieu précis – le restaurant change de locaux environ tous les six mois -, il devient une marque de traiteur. Les plats relevés et épicés de ses femmes cuisinières sont alors vendus lors d’événements privés, souvent des soirées organisées par des entreprises ou des fondations.
Créativité et estime de soi
“Non seulement nous leur permettons de vivre correctement, mais aussi de s’insérer dans la société : elles sont en contact permanent avec les clients qui viennent manger chez nous, ont l’occasion de se créer un réseau…
Mais plus important encore : elles y cuisinent leur nourriture, celle qui vient de chez eux. Ce qui permet de cultiver leur créativité, leur estime d’elles-mêmes et de leur redonner de la fierté. “
Vers des lieux permanents
À son échelle, la jeune femme compte redoubler d’efforts pour que cela change. Prochaine étape : parvenir à trouver des fonds pour lancer au moins cinq autres restaurants à Londres. Et construire un plan d’expansion pour que son modèle itinérant soit duplicable partout. Voire, qu’il débouche sur l’ouverture de lieux permanents. Des lieux où les luttes, qu’elles soient en faveur des droits des femmes ou des migrants, se confondent au milieu des saveurs.
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