Partager la publication "COP26 : l’Afrique appelle à l’aide, sera-t-elle entendue ?"
La question de l’adaptation aux changements climatiques a régulièrement été le parent pauvre des négociations des COP Climat. Notamment pour l’Afrique. Mais, promis, ce ne sera pas le cas cette année.
“Le monde doit prévoir, financer et mettre en œuvre des mesures d’adaptation appropriées à toute la gamme des augmentations de température mondiale”, prévient le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE) dans son dernier rapport.
Le pays hôte de la COP26, le Royaume-Uni, prévoit aussi de “fournir les solutions pratiques nécessaires pour s’adapter aux impacts climatiques et faire face aux pertes et dommages.” Selon les organisateurs, “tous les pays devraient produire une ‘communication sur l’adaptation’, qui résume ce qu’ils font et prévoient de faire pour s’adapter aux impacts des changements climatiques et aux défis auxquels ils font face”.
Le Royaume-Uni a également mis sur pied avec l’Égypte, le Bangladesh, le Malawi, les Pays-Bas, Sainte-Lucie et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) une “Coalition d’action pour l’adaptation”. Objectif : “accélérer l’action mondiale afin de parvenir à un monde résilient face aux changements climatiques d’ici 2030″.
L’initiative intéressera sans doute les négociateurs africains. Ces derniers font de l’adaptation une grande priorité. Et parleront “d’une seule voix” durant les deux semaines de la COP. “La situation de l’Afrique mérite une attention particulière. Le continent ne contribue qu’à hauteur de 4 % au total des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Soit le pourcentage le plus faible de toutes les régions. Et pourtant son développement socio-économique est menacé par la crise climatique”, alerte leur président, le Gabonais Tanguy Gahouma-Bekale. Par ailleurs secrétaire permanent du Conseil national gabonais du climat.
Diminution des précipitations, sécheresses, érosion des sols en Afrique du Nord et en Afrique australe. Réduction des glaciers du Kilimandjaro (Tanzanie) et du Mont Kenya. Baisse des rendements des cultures de base comme le maïs, le blé et le sorgho. Récoltes décimées par les criquets pélerins à Madagascar. Amplification des précipitations extrêmes dans les régions tropicales humides. Persistance de maladies comme le paludisme… L’Afrique paye déjà un lourd tribu. Avec un réchauffement plus rapide que la moyenne. Avec aussi une capacité d’adaptation plus réduite qu’ailleurs.
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Paru en août, le dernier rapport du GIEC prévoit que “l’augmentation des températures extrêmes” s’y poursuivra tout au long du XXIe siècle. Avec un réchauffement supplémentaire, “la fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations devraient augmenter presque partout”, ajoute-t-il. Quant à la hausse du niveau de la mer, elle a progressé “à un rythme plus élevé que le niveau moyen mondial”. Pour l’avenir, le GIEC annonce “une augmentation de la fréquence et de la gravité des inondations côtières dans les basses terres en raison de l’érosion et le long de la plupart des côtes sablonneuses”. Lagos, Libreville, Dakar, Douala, Le Cap… La plupart des grandes villes africaines sont situées sur les littoraux. Points chauds selon l’Institut de Recherche et de développement (IRD) : l’Afrique de l’Ouest et Madagascar.
En plus, réchauffement et covid se conjuguent. Selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’année de la pandémie a été marquée par une forte progression de la faim sur le continent. Au total, 282 millions de personnes seraient sous-alimentées. “L’Afrique est donc un ‘point chaud‘ d’exposition et de vulnérabilité aux impacts de la variabilité et du changement climatique”, préviennent les experts de l’ONU.
“Outre l’insécurité alimentaire, les déplacements de population et la pénurie d’eau, plus de la moitié des pays africains sont susceptibles de connaître des conflits liés au climat,“ estime Tanguy Gahouma-Bekale. Ceci alors que le continent n’est “pas responsable” de la situation climatique.
Le PNUE estime à ce jour que les coûts annuels de l’adaptation dans les pays en développement sont de 70 milliards d’euros. Dont plusieurs dizaines pour l’Afrique. Et qu’ils pourraient atteindre jusqu’à 300 milliards de dollars en 2030. “Dans le même temps, les gouvernements africains consacrent actuellement entre 2 et 9 % de leur PIB au financement des programmes d’adaptation”, évalue Tanguy Gahouma-Bekale.
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À quelques jours de la COP26, le négociateur africain a donc annoncé la couleur sur RFI. Le groupe Afrique de la COP lance “un nouvel objectif avec un nouveau montant. Celui-ci doit être au moins dix fois plus élevé que les 100 milliards de dollars par an” jusqu’alors envisagés. Avec également des transferts de technologies pour s’adapter. Et tout en rappelant que les 100 milliards de dollars promis par les pays riches en 2009 pour 2020, somme “plancher” afin “d’établir la confiance”, ne sont toujours pas là.
Vu que les pays riches n’ont pas tenu leur engagement de 100 milliards au bout de douze ans, qu’ils arrivent à 1 000 milliards relèverait de l’exploit, non ?
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