Partager la publication "Coup de chaleur : comment prévenir et identifier ce malaise thermique"
Une vague de chaleur s’est installée sur la France, avec des températures qui oscillent autour des 40 °C. Les personnes âgées et les enfants peuvent y être particulièrement vulnérables… Mais l’on oublie souvent que ces affections liées à la chaleur peuvent survenir même chez une personne jeune et en bonne santé, bien hydratée. Il suffit que la chaleur soit plus forte que ce que le corps peut supporter.
Le coup de chaleur (hyperthermie) survient lorsque la capacité de notre corps à dissiper la chaleur est dépassée. Et qu’il n’arrive plus à se refroidir. Cela peut être dû à un exercice intense comme à la température élevée de l’environnement. Ou au fait d’être dans une ambiance chaude (voiture fermée, etc.)
Pour contrer la surchauffe, nous augmentons notre production de sueur. Et les petits vaisseaux sanguins de notre peau se dilatent pour faire remonter la chaleur à sa surface afin de l’évacuer. Une ambiance chaude et humide atténue toutefois son efficacité.
Que se passe-t-il dans notre corps lors d’une exposition prolongée à des températures trop élevées ? Voici les étapes de ce “malaise thermique” et ce qui amplifie le risque d’en être la victime. Les crampes sont le premier stade de ce processus, suivies de l’épuisement et, finalement, survient le coup de chaleur proprement dit.
Le coup de chaleur peut être grave et entraîner des lésions cérébrales. Voire même un coma et la mort s’il n’est pas pris en charge. Il se caractérise par une augmentation considérablement la température du corps, qui peut alors s’élever à plus de 40 °C.
Les personnes atteintes d’hyperthermie deviennent peu à peu confuses, irritables voire agressives. Elles ont des maux de tête, des vertiges et parfois des hallucinations. Leur peau est rougie, elles ressentent une soif intense. Elles peuvent avoir des difficultés à marcher, des tremblements musculaires. Elle peuvent avoir un pouls supérieur à 130 battements par minute, souffrir de nausées et respirer plus vite que la normale.
Cette constellation de symptômes peut donner l’impression d’une prise de cocaïne. Ou être assez similaire à une réaction à un médicament comme l’aspirine, à une infection ou à un sevrage alcoolique.
Toute victime d’un coup de chaleur doit voir sa température corporelle abaissée immédiatement. Pour ce faire, elle doit être placée à l’ombre et déshabillée. De l’eau, chaude de préférence, peut être pulvérisée sur son corps avec un ventilateur dirigé vers elle. L’eau chaude est utilisée pour éviter de provoquer des frissons, qui sont un mécanisme utilisé par le corps pour générer de la chaleur.
Le refroidissement doit être interrompu lorsque la température corporelle revient autour de 39 °C. Le but est d’éviter le passage à un état hypothermique, c’est-à-dire lorsque la température centrale du corps devient trop basse.
Presque toutes les personnes atteintes d’un coup de chaleur sont admises à l’hôpital pour surveiller les électrolytes dans le sang (sodium, potassium…) et leur niveau d’hydratation, ainsi que pour évaluer d’autres risques de problèmes tels que le dysfonctionnement d’un organe.
Les autres atteintes dues à la chaleur ne sont pas aussi lourdes. Elles peuvent par exemple se limiter à des crampes de chaleur. Ce sont des contractions douloureuses des grands groupes musculaires (jambes, ventre…) qui résultent de la pratique inappropriée d’une activité physique intense dans la chaleur et d’une hydratation insuffisante. Les crampes de chaleur n’affectent pas nos capacités mentales et ne font pas trop monter notre température.
La consommation d’alcool, la fatigue et le fait d’être malade avant de faire de l’exercice augmentent le risque de souffrir de crampes et d’autres effets secondaires liés à la chaleur.
Il n’y a pas de traitement spécifique, hormis se reposer, se mettre dans un environnement frais et revenir à une hydratation adéquate. Si la déshydratation était importante, le recours à une perfusion intraveineuse peut être envisagé.
L’épuisement dû à la chaleur est une atteinte modérée impliquant une déshydratation et une hyperthermie mineure : la température du corps s’élève, mais reste alors généralement inférieure à 40 °C. Les personnes touchées peuvent avoir des nausées, des vomissements, des vertiges, des signes de déshydratation – et de la fatigue, donc. Les fonctions cérébrales ne sont pas affectées.
Le traitement est le même que pour les crampes et le pronostic est excellent, car les principaux organes ne sont que très peu affectés. Il peut être préférable d’être examiné par un médecin, sans que cela n’entraîne forcément une hospitalisation.
Notre corps fonctionne au mieux avec une température interne de 37 °C. Pour maintenir une température constante, il utilise divers mécanismes homéostatiques. En cas de froid, les frissons lui servent ainsi à générer de la chaleur.
En cas de chaleur, notre corps doit dissiper cette dernière pour rester dans sa zone optimale de fonctionnement. Pour se refroidir, il utilise la respiration, la conduction, la convection, la transpiration et l’évaporation et le rayonnement. Selon la température, la zone du corps, si nous pratiquons de l’exercice ou pas, le taux de chaleur évacue varie beaucoup.
La conduction implique un contact physique direct avec des objets plus froids. Un exemple serait de prendre entre vos mains un verre d’eau glacée. Mais ce mécanisme ne vaut, en moyenne, que pour 2 à 3 % de la chaleur que nous perdons.
La convection, qui représente environ 10 à 20 % de la perte de chaleur, implique le transfert de la chaleur à l’air ou l’eau autour de nous. Notamment lorsque nous utilisons un ventilateur pour brasser de l’air frais, que nous prenons une douche froide, etc.
Environ 30 % de notre perte de chaleur provient de l’évaporation. Nous avons pour cela recours à la transpiration, mais d’autres animaux disposent de mécanismes différents : les chiens halètent, les kangourous lèchent leurs avant-bras, etc.
Le rayonnement est notre moyen le plus important de perdre de la chaleur. Il transfère la chaleur de notre corps sous forme d’ondes électromagnétiques et peut représenter environ 40 % de la perte de chaleur. Malheureusement, dès que la température ambiante dépasse 35 °C, le rayonnement perd en efficacité. Tous ces mécanismes régulateurs peuvent être influencés par d’autres facteurs, notamment l’humidité, nos vêtements, notre hydratation, etc.
Des recherches ont été menées sur les facteurs génétiques qui prédisposent certaines personnes à être plus vulnérables à la chaleur. Certains médicaments semblent aider à prévenir ces effets lors de tests sur des animaux. Mais la clé pour lutter contre la hausse de la température et ses conséquences est la prévention.
Réduisez au minimum vos activités intenses par temps chaud, adaptez votre environnement en restant dans des bâtiments climatisés ou bien aérés, baissez stores et volets, utilisez des ventilateurs, hydratez-vous et limitez votre consommation d’alcool et de médicaments.
Les nourrissons, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques ne peuvent pas forcément moduler leur exposition à la chaleur aussi bien que les autres, et doivent prendre des précautions particulières.
Les athlètes doivent également être conscients des risques qu’ils encourent à pratiquer dans ces conditions.
Par conséquent, les jours de grande chaleur, prenez une bouteille d’eau glacée, dirigez-vous vers un environnement intérieur frais et optez pour une activité calme si vous voulez éviter d’être victime de la chaleur.
À propos de l’auteur : Brian Drummond. Assistant Professor of Emergency Medicine, University of Arizona
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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