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Crise sanitaire : la société civile et l’État réaniment la générosité

Depuis un an, sur fond de crise sanitaire, les liens entre la société civile et les services de l’État ont changé de forme. Les frontières s’estompent, l’agilité s’installe, les coopérations s’intensifient. Les infrastructures publiques offrent une caisse de résonance aux initiatives privées. Et si c’était le meilleur dispositif pour gérer les crises ?

“Je veux aider !” Voilà le cri qu’ont poussé des milliers de Français dès les premiers jours du confinement il y a déjà un an. Dans leur appel, une envie irrépressible d’agir concrètement pour les plus fragiles. Mais comment mobiliser et acheminer toutes ces bonnes volontés vers les organisations qui en ont besoin ? Il a fallu inventer des solutions efficaces et rapides, tant du côté de l’État que de celui des associations. Le succès de la mobilisation citoyenne de l’année 2020 repose sur des initiatives novatrices de l’un et des autres. 

Retour en arrière : mars 2020, c’est la crise. Les besoins des associations augmentent à mesure que le réservoir des bénévoles attitrés se vide. Précautions sanitaires obligent, plus question de demander aux seniors de servir la soupe populaire ! Les jeunes quant à eux sont prêts à prendre la relève mais restent plus familiers des pétitions en ligne que des actions concrètes de solidarité. Le défi est posé. La rencontre d’une équipe d’agents publics fonctionnant en mode agile (la mission Réserve Civique, qui développe jeveuxaider.gouv.fr) et d’une association aux méthodes originales (makesense) va permettre d’y répondre.

Répondre à l’envie d’agir

Voilà 10 ans que makesense développe une expertise spécifique – la mobilisation citoyenne joyeuse et connectée – qui connaît, dans ce contexte inédit, un changement d’échelle radical. En un temps record, l’organisation, dont la mission est de redonner à tous et toutes le pouvoir d’agir pour créer une société inclusive et durable, développe avec associations historiques et entrepreneurs sociaux des programmes d’engagement courts : ré_action. Deux semaines pour aider les soignants, les personnes sans-abri, les seniors isolés, les agriculteurs. Le dispositif permet de comprendre les enjeux de la thématique choisie, de passer à l’action et d’être intégré dans une dynamique collective positive. La machine est bien huilée, les programmes sont conçus pour se développer de façon exponentielle grâce aux outils numériques, à l’intelligence collective et à la formation continue de bénévoles encadrants. 

Les programmes ré_action sont présentés sur la plateforme digitale de la Réserve Civique, jeveuxaider.gouv.fr, qui sert de formidable levier. En un an, 12 000 participants se sont engagés dans les actions de solidarité proposées par makesense, parmi les 80 000 missions bénévoles effectuées sur jeveuxaider.gouv.fr. 

Cet exemple nous livre une leçon plus générale de la crise : innovation et esprit de coopération font plus que normes et concurrence. La situation très délicate qu’ont affronté les hôpitaux a justifié l’attribution accélérée de moyens, mais aussi l’abandon de processus depuis longtemps critiqués, au profit d’une collaboration pleine d’imagination. 

Mutualisation des missions

Les makers ont développé en open source des valves pour les respirateurs et les ont imprimées en 3D dans les locaux de l’APHP. Les citoyens ont collecté masques et produits d’hygiène pour les soignants, les grandes entreprises ont changé leur chaîne de production pour fournir blouses et gel hydro-alcoolique. Les compétences des uns ont répondu aux besoins des autres et le chaos a laissé la place à la créativité et l’efficacité. La plateforme jeveuxaider.gouv.fr a contribué à cette mobilisation en acheminant des troupes motivées vers les tâches non-spécialisées. 

Toutefois, la crise nous a aussi appris que verticalité, routine et méfiance entravaient trop souvent l’élan collectif. Ceux qui ont permis les quelques succès d’hier, qu’ils viennent du public ou du monde associatif, lancent un appel : l’avenir doit s’écrire sur cette cette complémentarité, voire sur la mutualisation des missions. L’État-plateforme va poursuivre la mise à disposition d’un nombre croissant de données et de ressources diverses pour la société civile et certains acteurs privés. Une action décisive et créatrice de valeur, qui permet au monde associatif de concevoir des programmes d’aide toujours plus agiles et adaptés. 

Envisageons par exemple que l’État rende publiques aux associations et aux entrepreneurs sociaux les données concernant les élèves en décrochage scolaire, avec un encadrement qui préviendrait toute dérive. Des programmes et des solutions pourraient être rapidement déployés et proposés aux principaux intéressés. Imaginons que la Réserve Civique – elle-même une base de données sur les pratiques de bénévolat et les besoins des organisations – puisse alerter la société civile sur des besoins particuliers. 

Le Grand Ouest manque de volontaires pour aider les personnes âgées ? Les Hauts de France ont des centaines de bénévoles à occuper ? Ce pilotage de la solidarité permettrait aux associations et aux acteurs privés de développer des biens et des services répondant toujours mieux aux besoins des bénéficiaires. En 2021, la solidarité doit croître de la mutualisation des données et de la coopération des acteurs de tous bords. Si nous en sommes convaincus, pour gérer les prochaines crises, nous nous devons d’être prêts.

Yannick Prostla Réserve civique

Hélène Binetfrance.makesense.org

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