Partager la publication "Dans le 93, la ferme “Zone sensible” cultive des légumes… et du lien social"
Son association s’est installée en 2017 à Saint-Denis, sur une ancienne ferme maraîchère du XIXe siècle, après avoir répondu à un appel à candidature de la ville, destiné à sélectionner les projets pédagogiques et agricoles qui profitent aux Dionysiens.
“Avant, le nord de Paris s’appelait la plaine des Vertus, car c’était la plus vaste plaine légumière de France ; il y avait des fermes partout, lâche ce volubile amoureux de la nature. Il faut qu’on arrive à préserver ce patrimoine, qu’il ne disparaisse pas au profit de McDonald’s, des kebabs et des immeubles.“
Action solidaire et pragmatique
“Depuis le déconfinement, nous offrons notre production maraîchère aux familles en difficultés de Seine Saint-Denis”, explique Jean Philip Lucas. L’action solidaire est menée en partenariat avec neuf associations, dont les Restos du cœur, le Secours populaire, mais aussi des collectifs d’habitants informels qui se sont créés pendant la crise du Covid.
Parmi eux, il y a Jérôme, “novice en jardinage”, qui a été “accueilli à bras ouverts”. Abdellatif, lui, habite le quartier. “Je n’ai pas de travail en ce moment, alors je viens m’occuper ici, à côté de chez moi”, raconte dans un français hésitant ce quinqua d’origine marocaine, qui fréquente l’endroit quotidiennement depuis un mois. Un retour à la nature “essentiel” pour les populations urbaines après le confinement, estime Jean Philip Lucas.
“La gangrène est partout”
En ce pluvieux jour de juillet, c’est Lucie Bruston, coordinatrice de projets associatifs, qui assure la distribution des 38 cagettes dans sa camionnette jaune. Pantalon tombant sur les claquettes, béret sur la tête, Wenceslas Balima, directeur artistique de l’association l’Écho des sans mot, l’accueille chaleureusement.
“Nous sommes contents, car la ferme nous livre d’excellents légumes pour nos familles, qui, en général consomment des produits de moindre qualité en supermarché”, insiste-t-il. Son association vient en aide à quelque 1 200 familles, qu’ils sont allés chercher en tapant aux portes pendant le confinement.
“Quand le Covid est arrivé, nous avons très vite eu échos des difficultés, ajoute-t-il. Les parents bloqués à l’étranger qui n’ont pas pu revenir, les sans papiers qui n’ont pas de quoi se nourrir… On a commencé par trois, quatre, cinq familles puis on s’est rendu compte que la gangrène était partout.”
“Ça va beaucoup nous aider. On prépare des centaines de barquettes pour les migrants tous les soirs. À chaque fois, on croit pouvoir faire assez, mais tout part rapidement”, explique le jeune homme, qui salue l’action solidaire de la ferme.
Une initiative que le Parti Poétique espère pérenniser. “Nous cherchons des financements pour nous aider à la mener jusqu’à fin août et envisageons de continuer cette action jusqu’à la fin d’année, voire les années suivantes, déclare Jean Philip Lucas. Mais, même si nous avons fait le choix d’assumer le risque, à l’heure actuelle nous n’avons pas le financement nécessaire pour compenser cette perte d’argent.”
Si la production de Zone sensible n’est pas suffisante pour développer l’action solidaire à d’autres communes, reconnaît Jean Philip Lucas, il espère essaimer la démarche : “Plus que nous développer nous, ce qui serait intéressant serait que d’autres structures s’engagent sur ce type d’actions.”
Les “paniers solidaires” vendus par la Mairie de Paris à un prix réduit pendant la crise ou le don d’invendus par des associations comme l’UNCASS sont des initiatives encourageantes, mais pas suffisantes à ses yeux. “Notre production est nickel en permaculture, or la solidarité alimentaire passe souvent par la surproduction et le don d’invendus, regrette-t-il. À l’avenir, il serait intéressant de voir la solidarité comme une nécessité et non une roue de secours.”
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