Partager la publication "Dans les Hautes-Alpes, bientôt un refuge pour électrosensibles ?"
Si les zones blanches se réduisent comme peau de chagrin en France, tant le New Deal Mobile du gouvernement et de l’autorité en charge des télécommunications (Arcep) accélère la couverture téléphonique du territoire, celle du hameau du Durbon pourrait perdurer grâce à un projet pionnier : la création du premier centre d’accueil médico-social en Europe pour les personnes électrohypersensibles et chimicosensibles.
L’Association zones blanches, créée en 2014 par l’eurodéputée Michèle Rivasi, veut y réhabiliter 17 habitations sur un domaine de 63 hectares, qui appartient à la Caf des Bouches-du-Rhône.
“On est en train de définir le projet pour évaluer le nombre de personnes à accueillir. Il faut prendre en compte les besoins de chacun, savoir par exemple si un patient viendra seul ou avec sa famille. S’il veut rester longtemps ou non”, explique Marie-Noëlle Bollinger, cheffe du projet.
Des personnes souffrantes et isolées
Pour l’heure, aucun lien de cause à effet n’a été établi scientifiquement entre les symptômes des électrosensibles (maux de tête, nausées, troubles du sommeil… ) et les champs électromagnétiques, mais l’Anses reconnaît désormais la nécessité de prendre en compte la souffrance exprimée, tout comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les personnes les plus gravement touchées ne peuvent se rendre dans les hôpitaux entourés d’antennes relais et munis de WIFI, et sont parfois contraints de trouver refuge dans des zones reculées, au fond d’une forêt par exemple. Un isolement qui peut être synonyme de perte d’emploi et de précarité…
Hébergement et accompagnement thérapeutique
Pour concevoir le centre d’accueil, l’Association a visité des appartements pour personnes atteintes d’hyperélectrosensibilité et de chimicosensibilité à Zurich : “On a vu que les habitations suisses pour les chimicosensibles ont un sas d’entrée avec aération, afin de filtrer les odeurs. Les nôtres en posséderont peut-être aussi, et on va appliquer cette mesure à l’entrée principale du centre d’accueil”, avance Marie-Noëlle Bollinger.
L’Association veut aussi apporter un accompagnement thérapeutique corrélé à la recherche, afin de faire progresser les connaissances dans le domaine de l’hyperélectrosensibilité. “Il y aura un suivi médical, notamment pour savoir s’il y a eu une évolution entre l’arrivée et le départ d’un patient”, plaide Marie-Noëlle Bollinger.
Oppositions
Les discussions se poursuivent donc entre le bailleur et la CAF pour le rachat du domaine de Durbon. “Ce qui est sûr, c’est que nous avons besoin de cette zone blanche. Il n’existe pas un autre lieu sur le territoire capable d’accueillir notre projet”, conclut Marie-Noëlle Bollinger.