Partager la publication "De Pékin à Caen, ce sportif paraplégique veut avaler 12 000 km en handbike"
Son objectif ? Relier les deux villes distantes de 12 000 kilomètres entre le 1er septembre et le 31 octobre. Pour arriver dans les délais devant le Mémorial de Caen, il devra tenir une moyenne de 140 kilomètres par jour sur son handbike, une sorte de bicyclette couchée aussi appelée “vélo à bras”.
25 000 kilomètres parcourus
Un challenge qui n’effraie pas le sportif franco-libanais. Et pour cause. Quand on lui demande son âge, il répond “36 ans” au lieu des 54 de son état civil. Car pour lui, la “vraie vie” a commencé en 1979. Alors engagé dans l’armée libanaise, il reçoit une balle dans la colonne vertébrale. Grièvement blessé, il perd l’usage de ses jambes et se retrouve cloué dans un fauteuil, lui l’amateur de sports extrêmes. Il décide alors que “le handicap ne sera pas une limite à la vie” : depuis 1984, il parcourt la planète sur son handbike, parfois en pirogue aussi, avec plus de 25 000 kilomètres au compteur.
Devenu conférencier et coach, l’aventurier caennais repart cette fois avec l’ambition de “montrer qu’il est possible de parcourir la mythique Route de la soie à la force de [son] énergie personnelle, sans véhicule ou moyen de locomotion polluant. Et ce, en étant handicapé”.
Environnement et transition énergétique
Parrainé par Nicolas Hulot, conseiller spécial de François Hollande pour le climat, ce prochain voyage est entièrement dédié à la protection de l’environnement et la transition énergétique, des thèmes chers à Antoine Aoun, “écolo dans l’âme”.
“Sur les 12 000 kilomètres que nous allons parcourir, dont 6 000 à vélo, nous allons rencontrer énormément de populations, avec lesquelles nous comptons échanger sur l’état de notre planète et nos différentes techniques d’approvisionnement en eau et en énergie”, détaille-t-il.
L’athlète se souvient, par exemple, de discussions “passionnantes” lors d’un précédent périple avec des Australiens qui rivalisaient d’ingéniosité pour conserver l’eau. C’est “ce genre d’installations et de façons de vivre différentes” qu’il veut retrouver et qu’il partagera durant son voyage sur sa page Facebook et son site Internet.
Dans son aventure, Antoine Aoun sera accompagné de deux autres athlètes : Arthur Noul, également paraplégique, allongé comme lui sur un handbike et Philippe Richez, valide, sur un vélo traditionnel. Une amie, Gloriana Choueri, les suivra en voiture.
La démarche des quatre équipiers se veut “porteuse d’espoir, à trois mois de la COP21 “, la conférence des Nations-Unies sur le climat qui se tiendra à Paris fin novembre :
“Si j’utilise mon énergie au quotidien pour atteindre mon objectif, je redonne un sens au lien entre moi, l’humain, et la planète – et je montre aux autres, handicapés ou non, qu’il est possible d’utiliser ses propres ressources plutôt que d’utiliser celles de la Terre à tort et à travers”, soutient Antoine Aoun.
15 h par semaine d’entraînement
Mais concrètement, comment tenir huit semaines à vélo, à travers cols, montagnes et déserts ? D’abord, en s’entraînant “intensément au moins 15 heures par semaine”. Ensuite en se nourrissant des échanges au bord de la route. Des rencontres que les quatre amis voient comme leur “carburant” pour recharger leur énergie.
Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil