Des box tout équipés à 40 dollars la nuit : le nouveau spot branché en Californie

Ils vivent à dix-huit dans une chambre où chacun dispose d’un espace de 4m2. Pas de parois de séparation, lits superposés pour tout le monde. Bienvenue dans les Podshare, ces espaces où la jeunesse nomade californienne (et d’ailleurs) vient passer un ou plusieurs jours à des tarifs attractifs : entre 30 à 50 dollars la nuit (27 à 45 euros).
 
En plus de la couche équipée d’un écran connecté à Netflix, ce prix inclut l’accès à des frigos dans lesquels il n’y a qu’à se servir, à des salles de bain avec gel douche, serviettes, dentifrice, déo… S’ajoutent à cela un accès au wifi et de spacieux bureaux où la suite Adobe ou le logiciel de montage vidéo Final Cut Pro sont en libre accès sur des ordinateurs dernier cri. Sans oublier un studio de son et d’animation 3D, gratuit lui aussi.
 
Les Podshare, c’est un mix entre l’auberge de jeunesse, l’appartement Airbnb et l’espace de coworking. Une nouvelle façon de loger les travailleurs nomades et les voyageurs, qu’il viennent de Californie ou de n’importe où dans le monde. Lancé par l’entrepreneuse américaine Elvina Beck en 2012 – elle avait alors 27 ans –, le réseau Podshare compte désormais quatre espaces à Los Angeles. Six autres doivent ouvrir avant fin 2017.

Chasser la solitude des grandes villes

Podshare a accueilli plus de 5 000 personnes depuis ses débuts et rencontre un succès croissant : Sur Yelp, le site de partage d’avis sur les commerces et logements, la plateforme recueille presque cinq étoiles sur cinq. Et 4,5 étoiles sur Tripadvisor. Seize de ses clients l’ont tellement aimé qu’ils en ont tatoué le logo sur leur corps.

Pourquoi un tel engouement ? Selon le quotidien allemand Die Zeit , qui a interviewé Elvina Beck aux États-Unis, ce nouveau type d’hébergement répond à plusieurs besoins : trouver une alternative aux prix croissants de l’immobilier (particulièrement élevés en Californie) et palier le manque d’espace dans “une société de plus en plus peuplée”.  Mais aussi remédier à la solitude croissante dans les grandes villes.

Dans les chambres des Podshare, les hôtes – ou “Podestrians” – n’ont pas d’autre choix que de se rencontrer. Chaque nouvel arrivant est convié à une visite des lieux avec l’un des employés de l’hébergement, qui le présente aux autres “Podestrians”. Il reçoit ensuite un bout de craie, avec lequel ils doit écrire son prénom sur un tableau attenant à sa couchette. “Nous nous retirons après cette prise de contact, et les conversations entre habitants naissent automatiquement”, explique la fondatrice.

Contrôle inconscient

Pour aller plus loin, Elvina Beck travaille actuellement à l’élaboration d’un nouveau système de réservation, dans lequel les clients indiqueraient leurs dates d’arrivée, de départ, et pourraient consulter à l’avance les profils de leurs futurs “copodestrians” : âge, origine, profession…

Pour Elvina Beck, qui teste elle-même ses espaces en dormant chaque soir dans l’un d’entre eux, ce mode de vie favorise la transparence. Les chambres sont mixtes, les couches n’ont pas de rideau… Mais le sexe y est strictement interdit, sous peine d’être viré. Une restriction essentielle pour le bien-être des habitants, estime la fondatrice, qui assure n’avoir connu jusqu’ici que “des incidents mineurs de sécurité” : le manque de possibilités de s’isoler favoriserait, selon elle, le contrôle inconscient des comportements des uns et des autres…

Pas si cool que ça, les Podshare ? À chacun d’en juger. Si la transparence est à double-tranchant, elle est essentielle pour

Elvina Beck et, manifestement, la plupart de ses clients. À leurs yeux, ce modèle aux allures de dystopie s’accorde parfaitement avec l’organisation sociétale d’aujourd’hui, basée sur “la mobilité et l’échange communautaire”. “Une formidable alternative à Airbnb”, s’exclame l’un des membres du réseau. À quand un tel concept de l’autre côté de l’Atlantique ? Encore faudra-t-il que la jeunesse européenne l’accueille avec le même engouement.

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