Partager la publication "Du Nunavut aux Territoires du Nord-Ouest, dans l’intimité des oiseaux de l’Arctique"
Nous effectuons le dernier débarquement au Nunavut sur l’île d’Edinburgh.
Le terrain composé d’une ancienne vallée glaciaire avec ses falaises accueille une toundra très colorée. Pourtant, c’est sur un épais tapis de mousses imbibées d’eau, ponctué de pierres couvertes de lichens noirs, orange ou gris pâle, que nous devons d’abord progresser.
La végétation est la plus prolifique que nous ayons vue jusqu’à présent. Elle a même gagné des niches dans les falaises et nous contemplons pour la première fois de véritables arbustes, des saules de 60 centimètres ! Des crânes et bois de caribou, des empreintes d’ours et des crottes de bœufs musqués attestent que cette végétation est capable de nourrir de grands animaux.
Territoires du Nord Ouest
Le lendemain, nous quittons l’immense Nunavut (qui a lui tout seul pourrait contenir l’Europe) et entrons dans les Territoires du Nord Ouest. Nous y retrouvons de la banquise avant de débarquer à Jesse Harbour sur Banks Island, la dernière île de l’Archipel arctique.
Un havre de paix pour volatiles
Le lieu est un havre pour de nombreux oiseaux qui y trouvent un sol douillet de mousse très épaisse, parsemée à perte de vue d’empreintes de pattes, de duvet, de plumes et de crottes en formes de cigarettes. Y viennent surtout des cygnes de la toundra et des plongeurs. C’est aussi une halte pour de nombreux oiseaux migrateurs.
Une découverte tardive
Depuis, avec des balises argos ou des puces, on suit le parcours de quelques milliers d’oiseaux qui se dirigent vers les aires qui leur offrent, en fonction des saisons, les meilleures conditions pour se nourrir et se reproduire.
S’éloigner pour survivre
Ainsi, les sternes arctiques parcourent chaque année 35 000 km pour faire un aller-retour entre Arctique et Antarctique ! Le bécasseau de Bonaparte se reproduit, lui, dans l’Arctique canadien et passe l’hiver, en Patagonie, sur la côte Atlantique sud-américaine ou sur les Malouines.
Un périple contraignant
Mais certaines aires ne sont pas dépourvues de prédateurs et d’autres dangers. La mortalité oscille entre 5 et 20 %. Beaucoup d’espèces préfèrent voler de nuit. Il fait moins chaud, ce qui réduit la déshydratation. Il y a moins de vents et ils peuvent profiter des balises que représentent les étoiles pour naviguer.
Le navire reprend sa route sous les étoiles, escorté par quelques dizaines d’oiseaux pélagiques, dont les ailes immobiles épousent chacune des courbes langoureuses des vagues de l’Océan arctique.
Jean-Paul Curtay.
www.oiseaux.net/oiseaux/hibou.des.marais.html
Jean-Louis Etienne, Les oiseaux de l’Arctique www.jeanlouisetienne.com/poleairship/images/encyclo/imprimer/27.htm
Il est l’auteur de nombreux livres, dont Okinawa, un programme global pour mieux vivre, le rédacteur de www.lanutritherapie.fr, et continue à peindre et à voyager afin de faire l’expérience du monde sous ses aspects les plus divers.