Partager la publication "En faisant fusionner Solar City avec Tesla, Elon Musk prend de gros risques"
Son plan global – qu’il nomme sa “théorie du champ unifié” – est de permettre à chacun d’être son propre producteur d’énergie, grâce au Powerwall, conçu pour stocker l’énergie solaire avec des batteries au lithium très performantes. Dans sa vision, le toit de votre maison ou le plancher de votre terrasse sera un panneau solaire qui fournira de l’énergie à votre foyer et aux voitures auto-pilotées.
Prise de risque maximale
Car, aux yeux des spécialistes des nouvelles technologies, la fusion, officialisée ce 14 septembre entre Tesla et le producteur d’énergie solaire à domicile SolarCity (dont Musk et ses proches sont aussi actionnaires majoritaires) est un pari très risqué. Trop peut-être. Déjà, en juin, l’annonce de dette opération à 2,6 milliards de dollars fit chuter l’action Tesla de 13 %.
Trop de questions sans réponses
Mais l’empire électrique que se bâtit le Sud-africain n’est, aux yeux de beaucoup, qu’un château de cartes. “Tesla et SolarCity sont deux cash burners”, explique un financier spécialisé dans la robotique. “Ils dépensent des centaines de millions de dollars, alors que leur profitabilité est faible”. D’ailleurs, depuis un certain temps, le modèle économique de SolarCity patine et la société a vu son cours en bourse diviser par trois en un an.
Malgré l’énorme succès des bolides Tesla, désormais aussi prisés que les Porsche ou Ferrari, les financiers doutent. “Musk n’a aucune notion du risque”, résume l’expert spécialisé dans la robotique. Seul contre tous, Tesla résistera-t-elle longtemps aux lobbies des majors du pétrole, du nucléaire, de l’industrie automobile, des puissances pétrolières, des garagistes… ? Et s’il perdait le soutien de la Maison-Blanche après le départ de son “ami” Obama ? “La liste de ceux qui veulent me voir mort s’allonge”, ironisait Elon Musk en 2015.
Surtout, celui que l’on compare souvent à l’excentrique Howard Hugues aurait les yeux plus grands que son coffre-fort. Certes, la “prise de risque maximale” est l’un des secrets de son succès, selon son biographe. Mais “on ne peut indéfiniment appliquer une logique de start-up à l’industrie lourde”, avance une source proche de la City londonienne.
L’étau financier se resserre
Aujourd’hui, on évoque fin 2017. Mais, au vu du retard cumulé et du récent divorce avec le concepteur de son autopilot, Mobileye plusieurs investisseurs institutionnels quitteraient la navette, selon un gestionnaire de fond spécialisé dans les nouvelles technologies. “Nous sommes sur le fil du rasoir”, avoue Musk lui-même dans un e-mail de motivation à ses employés, ce 29 août.
Plusieurs signes indiquent que Tesla est en danger. D’un côté, l’entreprise est à sec. En mai 2016, elle a dû vendre 6,8 millions d’actions pour financer le développement de la Model 3. Même Elon Musk a dû céder 2,8 millions de ses propres actions pour… payer ses impôts. De l’autre côté, les banques hésitent de plus en plus à lui faire crédit.
Tesla vient, en effet, de rejoindre la liste, dressée par Standard&Poors, des entreprises menacées de “credit crunch” (limitation du crédit). Ainsi prise à la gorge, on peut se demander combien de temps les firmes de Musk, qui mène de front Tesla Motors, SolarCity, SpaceX et le futuriste Hyperloop, pourront encore garder la tête hors de l’eau…