Partager la publication "En Malaisie, une entreprise sociale promeut une mode éthique et durable"
De Nouvelle-Zélande au Bhoutan, du Pacifique à l’Himalaya, le Wānanga Trek est un reportage solidaire mené par Anne Sophie, étudiante en sciences politiques de 21 ans. Chaque mois, elle racontera ses aventures à We Demain.
Notre Trek des Alternatives nous a menés en Malaisie, pays d’Asie du Sud-Est où nous avons découvert — en nous engageant auprès d’Earth Heir (les Héritiers de la Terre) —, les dessous de tout un système, immense et souvent dissimulé : l’industrie de la mode, troisième industrie la plus importante au monde, qui entrave les droits de l’homme et pollue l’environnement.
Cet évènement a provoqué une prise de conscience mondiale, concernant le respect des conditions de travail des travailleurs et travailleuses du secteur de la mode, qui a conduit à la construction d’un mouvement citoyen : la Fashion Revolution.
Earth Heir, pionniers de la mode éthique en Malaisie
Earth Heir, entreprise sociale née en 2013 dans la banlieue de Kuala Lumpur, fait figure de pionnier à de nombreux égards. Sa fondatrice, Sasibai Kimis, travaille avec des communautés marginalisées en Asie : réfugiés, artisans des Sociétés Premières Orang Asli ou encore personnes handicapées ; en Malaisie, au Cambodge, en Inde et en Thaïlande.
Mais plus que de participer à l’empowerment des plus marginalisés, Earth Heir désire également préserver l’héritage culturel de ces artisans : leur savoir-faire. Leur devise, “Celebrating Craftmanship” — en français “Célébrer l’Artisanat” — dit tout de leur volonté de promouvoir des techniques traditionnelles menacées par l’industrie globale de la mode dite “rapide”.
Une marque de luxe écologique et éthique
La consommation énergétique de leur production est réduite au strict minimum, grâce à la valorisation de techniques manuelles, qui rendent chaque produit unique.
Earth Heir contribue ainsi à minimiser l’impact environnemental, tout en créant de la valeur sociale et culturelle.
Un revenu équitable pour les artisans d’Earth Heir
Depuis sa maison — qui est aussi son atelier —, il tisse et fabrique des sacs, cabas, paniers, chaises et tables en fibres de rotin. Pouvoir travailler depuis chez lui, pour un salaire plus élevé que la moyenne du pays et selon des horaires qu’il fixe lui-même, constitue donc une grande chance.
Uncle Ng travaille le rotin avec une rapidité et une dextérité hypnotisantes. Il réalise les sacs et cabas phares de Earth Heir, et reçoit 50 %de leurs ventes, ce qui lui assure ainsi qu’à sa famille des revenus suffisants.
Earth Heir ade les artisans à préserver leurs savoirs traditionnels
Les Orang Asli ne constituent même pas 1 % de la population nationale. La tribu des Mah Meri (à l’origine orthographié Hma’ Meri) est une communauté côtière, vivant principalement de la pêche et dont le nombre en 2003 atteignait seulement 2 896 personnes.
Le développement rapide de leur région pour la production d’huile de palme — la Malaisie en est le deuxième plus gros exportateur au monde — a eu de nombreux impacts négatifs sur les communautés premières. Celles-ci ont néanmoins réussi à conserver leur “adat ” (culture, héritages, normes sociales et traditions).
Les consommateurs se mobilisent pour faire pression sur les marques
Grâce à des citoyens, des consommateurs, qui se sont mobilisés pour faire pression sur les marques en exigeant de la transparence et du respect pour les travailleurs comme pour l’environnement, une voie durable et éthique se dessine progressivement dans l’industrie de la mode.